Je suis tombé sur une chouette publication ornitho du Courrier International en lecture libre qui reprend un article sur le chant des oiseaux de l’hebdomadaire allemand Die Zeit, spécialiste des infographies léchées.
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, le Courrier International est un hebdomadaire qui propose des traductions françaises des meilleurs articles parus de la presse internationale. J’y étais abonné étant adolescent et n’ai pas perdu goût à ce panaché d’actualités mondiales offrant des points de vue parfois bien différents d’une même situation.
RÉVEIL AUX CHANTS DES OISEAUX
Dans l’édition du 2 mars de Die Zeit, on pouvait découvrir une belle infographie reprenant les principaux chants d’oiseaux (d’Allemagne, donc) en les classant astucieusement.
Ainsi une première lecture du tableau (de gauche à droite) vous indique la période de l’année où les oiseaux chantent. Ensuite, de haut en bas, les oiseaux sont classés en fonction de l’heure où ils débutent de leur chant, en nombre de minutes avant le lever du soleil.
Du super boulot, joliment illustré, que je ne résiste pas à partager avec vous :
L’équipe des casse-pieds du matin est emmenée par le rougequeue à front blanc, qui donne de la voix une heure et demie avant le lever du soleil ! Parmi les espèces les plus communes dans nos régions, la Grive musicienne, le Merle, l’Hirondelle rustique ou encore le rouge-gorge plaident coupables lorsqu’il s’agit de vous sortir du sommeil bien avant votre réveil.
Notez qu’ils ne chantent pas tous en même temps, afin de ne pas s’époumoner pour rien et de bien se faire entendre. Cela ne nous met cependant pas à l’abri d’une guerre de décibels interespèces 😝
LA PARTITION DU PRINTEMPS
Si certaines espèces comme les mésanges bleues, charbonnières ou l’étourneau commencent à chanter dès le mois de janvier, c’est au printemps (mars/avril) que la majorité des mâles donnent le plus de voix pour défendre leur territoire et attirer les femelles.
Le silence (relatif) revient une fois que les couples se sont formés et que les couvées ont éclos. Les parents évitent en effet d’attirer l’attention des prédateurs en criant inutilement – les piaillements des oisillons représentant déjà un danger en soi.
Le calme revient pour de bon à l’été, juillet sonnant la trêve estivale – même si certains comme les chardonnerets, pouillots, mésanges ou bruants auront cessé de chanter dès le mois de juin.
La migration commence pour certaines espèces dès le mois d’août et se poursuit jusqu’en automne. les espèces indigènes se cherchent ainsi un nouveau territoire et chantent à nouveau pour le défendre 🥰
L’article mentionne également l‘impact de la pollution lumineuse dans les zones urbaines. Les oiseaux « de villes » sont plus matinaux, car perturbés par les éclairages artificiels des rues, voitures, feux de signalisation et autres panneaux publicitaires lumineux.
RECONNAÎTRE LE CHANT DES OISEAUX
Maintenant que vous savez potentiellement qui chante et quand, le mieux est encore de pouvoir identifier qui l’auteur ! Ce long processus d’apprentissage peut être facilité par les ressources que nous offrent Internet 🤗
Xeno Canto & tutti quanti
Xeno-Canto est un site web dédié au partage des sons de la faune du monde entier. C’est probablement la meilleure ressource gratuite pour former vos oreilles aux chants des oiseaux !
Que vous soyez un chercheur scientifique, un ornithologue amateur ou simplement curieux d’entendre un son que vous avez entendu par la fenêtre de votre cuisine, vous pouvez explorer, écouter et même télécharger les enregistrements sonores des oiseaux du site.
Au-delà de cette magnifique source d’informations, Xeno-Canto est aussi un projet collaboratif où vous pouvez partager vos propres enregistrements et/ou demander de l’aide pour une identification.
D’autres sites très bien faits vous permettent d’écouter les différents sons émis par l’espèce que vous rechercher : EBird, Vogelwarte.ch, Oiseaux.net, Observation.org pour ne citer qu’eux. Je ne manquerai pas de vous les lister sur chaque fiche de mon futur guide ornitho maison.
Merlin Sound ID, sur le terrain
Merlin Bird ID est une application créée par le Cornell Lab of Ornithology. J’en ai déjà parlé dans cet article, mais en résumé, ce magnifique outil vous permet d’identifier plus de 8500 espèces d’oiseaux de trois manières différentes :
– soit en vous posant des questions (taille, comportement, couleurs principales) et en vous proposant des choix possibles que vous validez. (je n’utilise pas spécialement)
– soit en analysant une photo que vous lui envoyez (je préfère ObsIdentify pour ça)
– soit en lançant la reconnaissance des sons environnants avec le Sound ID, probablement mon utilisation la plus courante sur le terrain.
Une fois lancé, le Sound ID va reconnaitre les espèces entendues en direct ! C’est vraiment le Shazam des oiseaux 🤯
Typiquement, je lance l’application quand j’arrive dans un nouveau spot chantant et la laisse tourner quelques minutes (pas trop, car elle bouffe pas mal de batterie). Une fois que j’ai la liste des espèces entendues dans le coin, j’en sais un peu plus sur qui et où chercher en fonction des habitudes de chacun.
Idem à la maison, dès que j’ai un doute sur ce que je pense être un nouveau chant, je l’identifie avec Merlin et tente de former mon oreille.
Il vous faudra du temps reconnaitre tous les chants, mais c’est un entrainement quotidien des plus plaisants.
Une autre fois, il faudra que je vous parle de la manière dont les cris et chants d’oiseaux sont retranscrits dans les guides ornitho 😂
NB : Ne trouvez-vous pas que les oiseaux de la couverture d’article ont une tête bizarre ? C’est une image que j’ai généré avec l’IA DALL•E (pour ne pas avoir d’ennuis de droits d’auteurs), car je n’avais pas (encore) de photos perso d’oiseaux qui chantent. Ça viendra… peut-être 😅