Comme chaque hiver, Natagora invitait les particuliers le weekend dernier à compter les oiseaux qui visitent leur jardin pour le grand recensement 2022.
L’idée de ce recensement est d’observer pendant au moins 1 heure les oiseaux qui font une halte sur votre propriété et de noter le nombre d’individus de chaque espèce que vous observez en même temps. Vous pouvez évidemment cumuler vos observations sur les 2 jours et une fois terminées, vous encodez vos résultats sur le site oiseaux.natagora.be.
Les données ainsi récoltées aident leurs spécialistes à mieux comprendre les phénomènes qui touchent les espèces les plus communes.
Les outils Natagora
Pour aider à l’identification, les 70 espèces les plus communes se retrouvent sur leur site, dans une brochure en téléchargement ou avec le poster ci-dessous.
Pour celles et ceux qui auraient un encore un doute, l’intelligence artificielle de l’application ObsIdentify vous aide à définir l’espèce sur base d’une photo de manière plutôt efficace. Cela nécessite néanmoins d’arriver à prendre une bonne photo, une chose pas spécialement aisée au vu de la vélocité de nos chères bêtes à plumes.
Sans être des spécialistes, Gladys et moi nous sommes vite pris au jeu !
Nous nous sommes « échauffés » pendant la semaine afin de nous familiariser avec les espèces présentes, leurs nombres attendus et leurs comportements, car nous avions prévu de pousser notre recensement un peu plus loin ce weekend avec la présence José, mon ornithologue de beau-père.
Bagues & Filets
José est en effet membre de BeBirds, le centre belge de baguage de l’IRSNB, détenteur d’un permis et examinateur pour l’Institut depuis peu. C’est 60 ans d’expérience dans la manipulation, l’identification et des milliers d’oiseaux bagués !
D’ailleurs, avant que tout ceci ne vous donne des idées :
Et le permis de capture, c’est 4 ans de stages minimum et des épreuves théoriques qui nécessitent une très bonne connaissance de son sujet et l’approbation éthique de ses pairs. Bref, cela ne s’improvise pas !
C’est donc une chance de pouvoir approcher les oiseaux d’aussi près et de participer à l’étude des flux migratoires – mais pas que ! Nous avons en effet pu déjà tirer quelques enseignements étonnant à l’échelle locale.
Nous avons installé deux filets japonais aux endroits avec le plus de passage, à proximité des deux mangeoires mises en place pour l’hiver. Notre petit jardin ne permet pas spécialement l’utilisation de filet de capture au sol dans le spot le plus fréquenté par les oiseaux (en tout cas, pas de la dimension de ceux que possède mon beau-père) : nous nous contenterons donc deux filets japonais de 5 m de long sur 3 de haut pour attraper les oiseaux au vol.
(ndlr : par précaution, je ne mets pas de photos de l’installation complète afin de ne pas être une ressource potentielle pour les apprentis braconniers)
Résultats étonnants
Nous avons fait des sessions de 8h30 à 12h30, deux jours d’affilée, avec les résultats cumulés suivants (oiseaux bagués et observés sur le weekend, soit la liste soumise à Natagora – José encodant les oiseaux bagués séparément) :
Accenteur mouchet : 1
Mésange Bleue : 49
Mésange Charbonnière : 13
Mésange noire : 1
Mésange huppée : 2
Étourneau sansonnet : 11
Moineau domestique : 9
Troglodyte mignon : 1
Rouge-gorge familier : 1
Sittelle torche-pot : 1
Pic épeiche : 1
Merle noire : 3
Geai des chênes : 3
Pie bavarde : 3
Corneille noire : 1
Tourterelle Turque : 3
Pigeon Ramier : 3
Bien sûr, nous n’avons pas attrapé l’ensemble de nos observations, mais les filets nous ont permis de chiffrer plus précisément l’abondance de certaines espèces, plus particulièrement la mésange bleue !
J’avais estimé entre 14 et 18 spécimens lors de mes observations préliminaires : ce sont presque 50 mésanges bleues qui ont fini baguées au final. Plus étonnants, après une première session à 31 bagues, nous n’avons fait que 2 reprises le lendemain ! En plus d’être bien plus nombreuses que prévu, les mésanges bleues ne sont pas si territoriales que ça. Je pensais avoir une ou deux familles régulières aux mangeoires, c’est un tout autre scénario qui se joue en réalité.
Les charbonnières devaient probablement être plus nombreuses, mais elles étaient plus méfiantes et prudentes par rapport au filet : 3 baguées et 4 vues en même temps par après, sans bagues, pour un petit total de 7, pour une estimation de 10-12 spécimens les jours avant.
Pour l’anecdote, bien qu’elles soient mignonnes, les mésanges sont très agressives et leur bec a littéralement détruit les mains de Gladys avec la répétition des prises ! (Pour ma part, je ne suis pas encore à l’aise avec le fait de manipuler l’oiseau, je laisse ça aux personnes aguerries).
Plus curieusement, pas de traces de Pinsons des arbres, même au sol. Ils ont carrément nié le jardin tout du long. Les nombreuses allées venues aux filets (pour ne pas laisser les oiseaux coincés trop longtemps) n’ont pas aidé à la tranquillité de leur spot habituel.
Pour le reste, j’en ai appris un peu plus sur la mésange noire, que je confondais probablement jusqu’ici avec une charbonnière « un peu fade » (pas taper, ceinture blanche ici !), ainsi que sur le Troglodyte mignon et l’Accenteur mouchet que je n’avais jamais repéré dans le jardin. Je serai plus attentif désormais !
Fun fact : Motivé par les belles prises faites chez nous, José a monté ses filets aux aurores dans sa propriété du côté de Herve le lendemain. Résultat : 4 malheureux piafs capturés sur la journée et un beau-père un peu dégouté (même s’il a repris une mésange qu’il avait baguée il y a 2 ans, une bien maigre consolation).
Rendez-vous à la migration
Cette première tenderie à l’occasion du recensement Natagora (que nous avions déjà fait l’année dernière de manière plus sommaire) était très enrichissante et en appelle d’autres. Le rendez-vous est déjà pris mi-aout pour la migration avec José et la famille.
Quant à moi, l’observation d’oiseaux me branche de plus en plus.
D’une part, cela m’incite à réfléchir à de nouveaux aménagements pour les accueillir au jardin, de privilégier certaines essences à planter pour les attirer et à en apprendre plus sur l’avifaune environnante – avant, pourquoi pas, de participer à mon tour à des plateformes de recensements comme Observations.be ou Ebird.org.
Qui plus est, tout ceci me motive également à ressortir l’appareil photo, un compagnon délaissé il y a bien longtemps, pour capturer les oiseaux à ma façon.