Le nourrissage est un sujet qui fait débat dans la communauté ornithologique.
Entre les moins interventionnistes qui invitent à laisser la nature faire son œuvre, les quidams qui donnent ce qu’ils ont sous la main sans se soucier des conséquences éventuelles et les amoureux des oiseaux qui ont tendance à en faire un peu trop malgré eux, ces profils s’affrontent régulièrement sur les forums et groupes dédiés à coups d’arguments (qui se valent, dans les deux camps, faute à suffisamment d’études scientifiques à ce sujet).
Nous n’entrerons pas dans ce débat et nous allons partir du principe que vous avez décidé de nourrir les oiseaux, après avoir aménagé et planté votre jardin pour les attirer naturellement et booster la biodiversité.
Voici quelques conseils et règles à respecter pour procéder au nourrissage en ayant pleinement conscience de vos actes.
QUE FAUT-IL DONNER À MANGER AUX OISEAUX ?
Insectivores, granivores, frugivores ou un subtil mélange des 3 selon les saisons, les oiseaux savent très bien ce qui leur convient le mieux selon la période de l’année.
Il faudra donc éviter de modifier leurs régimes alimentaires et habitudes, tout en leur apportant des aliments d’une qualité nutritive optimale d’origine biologique lorsque nécessaire.
Pas de pain ni de lait !
Commençons par tordre le cou à cette habitude ancestrale qui consiste à donner du pain aux oiseaux et surtout aux canards ! Ce n’est pas parce qu’ils apprécient un certain type d’aliment que celui-ci est forcément bon pour eux 😉
Le pain actuellement produit ne convient pas au métabolisme des oiseaux. C’est un aliment trop salé qu’ils digèrent mal d’une part et ce n’est pas un aliment assez nutritif de l’autre. Le pain prend de la place dans l’estomac et provoque ainsi un certain niveau de satiété qui ne correspond pas à leur besoin énergétique.
Ils peuvent se retrouver ainsi « en pleine hypoglycémie » (pour faire une comparaison humaine), alors qu’ils sont pourchassés par un prédateur ou en période de grand froid. C’est la mort assurée, alors qu’ils pensaient avoir mangé et avoir de l’énergie en suffisance !
Plus grave, le pain peut également provoquer une déformation osseuse appelée « ailes d’anges » qui les empêche de voler. Pour terminer, le gluten qu’il contient provoque des maladies au foie sur le long terme.
Pour le lait, c’est assez similaire : les oiseaux ne peuvent pas le digérer et risquent d’être touchés par des troubles digestifs mortels.
Bref, maintenant qu’on est au courant : on évite de le faire et on le dit à Mamy ! 😇
Pas de pain, pas de lait, ni pains au lait ou pains perdus 😜
Pas d’aliments transformés
De manière générale, retenez qu’il est préférable de donner des aliments dans leur forme la plus proche de leur état naturel.
Les aliments transformés, c’est-à-dire dès qu‘ils sont cuits ou mélangés ont tendance à modifier les stimuli d’attraction pour la nourriture – et donc d’être un danger à long terme pour l’espèce. Ils ont par ailleurs une bien moindre valeur nutritive.
En gros, ne leur donnez pas vos restes de repas ni vos miettes : vous faites plus de mal que de bien ! Idem pour les mélanges à base de pois, de lentilles et de riz, ainsi que les biscuits pour animaux domestiques. C’est niet !
Pas d’aliments salés
Quand on parle de cacahuètes pour oiseaux, on parle de cacahuètes « natures » non grillées et non salées, spécialement récoltées pour cet effet. Pas question de leur donner vos cracanuts paprika 😜
De même, on peut suspendre du lard pour attirer les pics (et les rapaces…), mais celui-ci doit impérativement être non salé et ne pas contenir d’additifs !
Le cas des boules de graisse
Aliment transformé par excellence, les boules de graisse sont très controversées. Même lorsqu’elles sont faites maison avec des ingrédients de qualité, cela reste une alimentation anormale pour les oiseaux – même si l’apport de graisse est très bénéfique en cas de grand froid.
Évitez à tout prix les boules de graisse en grande surface, bon marché : ce sont de véritables POISONS !
En effet, il n’existe aucune norme belge, européenne ou mondiale concernant la composition des aliments pour l’avifaune et bon nombre d’industriels peu scrupuleux n’hésitent pas à recycler tout ce qu’il leur passe sous la main pour profiter du lucratif marché du nourrissage d’oiseaux. Pourquoi jeter alors qu’on peut vendre à prix d’or ?
Tout ce qui est impropre à la consommation humaine ou animale réglementée finit par atterrir dans ces boules de graisse qui sont finalement hors de prix pour ce qui n’est ni plus ni moins que des déchets grassouillets ! Cela revient à manger les poubelles du McDo matin, midi et soir 😩
Si vous optez pour une fabrication maison avec des ingrédients de qualité ou des boules toutes faites certifiées de qualité et biologiques, cela pose un peu moins de problèmes à partir du moment où vous limitez ce type de nourrissage aux périodes de neige, gel et autres épisodes de froid plus extrêmes.
Rappelez-vous que les oiseaux se débrouillaient bien sans nous pour passer des hivers parfois bien plus rudes que ceux que nous connaissons aujourd’hui 🥲
Pas de filets !
D’autres industriels, pas aidés par une équipe marketing trop axée clients (dirons-nous 🫣), vous proposent des aliments conditionnés dans des petits filets prêts à pendre aux branches de vos arbres et arbustes.
Si c’est une excellente idée sur papier et une facilité évidente pour le client qui évite l’achat et l’entretien d’une mangeoire, c’est une autre histoire pour les consommateurs finaux, c’est-à-dire les oiseaux !
Ces derniers risquent de s’y retrouver coincés, soit complètement et mourir sur place, ou partiellement, et devenir une proie pour des prédateurs de jardin comme les chats ou les rapaces – en plus de s’épuiser inutilement s’ils arrivent à s’en dégager seuls.
Tout ceci, sans parler de la qualité de la nourriture qui s’y trouve ! Le pire scénario, malheureusement très fréquent, étant des boules de graisse industrielles douteuses en filet 🤮
Dernièrement, il n’est pas rare de voir les filets vides s’envoler et aller polluer l’environnement aux alentours, constituant d’autres pièges potentiels pour la biodiversité.
Bref, soyez sympa et bricolez ou investissez dans l’une ou l’autre mangeoire plutôt que d’opter pour cette facilité 😇 Les aliments seront d’autant mieux protégés !
Des aliments énergétiques de qualité
Avant d’acheter des graines, pensez aux fruits que vous ne mangez plus. Ils constituent un super aliment pour beaucoup d’oiseaux !
Vous pouvez leur donner tout ce qu’on trouve dans nos vergers, comme des cerises, des pommes, des poires, des prunes, du raisin, des framboises, des figues, de la citrouille, mais aussi des morceaux d’orange, de la banane ou un morceau de noix de coco (qui elle, par contre, doit être fraîche).
Côté fruits secs, vous pouvez proposer des noix, noisettes, des amandes ou des glands et des châtaignes.
Au niveau des graines consommées, on peut noter celles de tournesol, de millet, de sésame, de chènevis (chanvre), d’alpiste, de Niger, de negrillo, de pavot, de sarrasin, de laitue ou de colza, pour en citer quelques-unes. Attention : pas de graines de lin qui sont nocives pour certaines espèces, dans le doute, on s’abstient !
Tout comme les céréales (maïs, blé, orge, avoine, …), les cacahuètes non salées et non grillées sont toujours très appréciées d’un bon nombre d’espèces. Je les préfère décortiquées plutôt qu’en coques – cela fait moins de crasses 😏
Bref, vous serez déjà bien avec du tournesol, du maïs et des cacahuètes non salées, en complément de quelques restes de fruits et pourquoi pas avec quelques vers de farine en guise de snacks protéinés occasionnels 👍
Des aliments bio, forcément !
Sans revenir sur les poisons dispensés dans les nourritures industrielles bas de gamme, j’attire votre attention sur la cohérence d’opter pour des aliments biologiques cultivés sans pesticides.
De manière assez évidente, des graines traitées avec des pesticides constituent des poisons pour les oiseaux. Certes, ils ne décèdent pas instantanément à la mangeoire, mais cela affecte leur ADN et les portées d’oisillons à venir.
D’autre part, admettons que vous doublez la population d’oiseaux dans votre jardin grâce au nourrissage. C’est génial, localement 👏
Mais si ces graines et autres friandises que vous leur donnez ont été produites en fragilisant un autre écosystème (utilisation de pesticide, agriculture intensive, réduction des espaces forestiers, …), elles ont probablement contribué au déclin d’autres espèces à une plus grande échelle que celle de votre jardin ne l’a amélioré 😱 S’il faut tuer 100 oiseaux ailleurs pour que vous en gagnez 50 chez vous, vous serez d’accord pour dire qu’il y a un souci dans la démarche.
C’est donc une question de bon sens de penser à votre action dans sa globalité : en donnant des graines non bio, vous encouragez l’utilisation de pesticides, donc à la disparition des insectes dont les oiseaux se nourrissent !
Alors oui, c’est clair : le bio, cela coute plus cher, mais cela en vaut la chandelle 🫡
Il vaut mieux restreindre la taille et/ou la quantité de ses mangeoires, que d’opter pour de mauvaises graines dont l’impact est plus négatif au final dans la balance. Sinon, ça n’a pas de sens !
Si on nourrit localement les oiseaux au quotidien pour apprécier leur visite, ce n’est pas pour leur nuire globalement sur le long terme.
Pas de nourrissage plutôt que de mauvais aliments 👍
Par facilité, les oiseaux privilégieront l’offrande humaine sans trop de distinction de qualité. C’est pourquoi il vaut mieux éviter de leur donner à manger de mauvaises choses et de les « retenir » chez vous avec de la nourriture qui les tuera à petit feu ou qui modifiera leurs habitudes.
S’ils ne trouvent rien à manger, ils iront simplement chercher ailleurs : probablement quelque chose de plus sain que du pain rassis ou des boules de merdes industrielles !
Nourrissez peu, mais nourrissez bien ! 🥳
Dites-le à vos voisins 🤭
Achetez vos graines via la LRBPO et Natagora
Vous ne savez pas où trouver des graines de qualité ? Je vous invite grandement à consulter les boutiques de la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux et la boutique Natagora / Vivara pour vous approvisionner tout en soutenant leurs actions pour les oiseaux et la biodiversité. #Affilié, mais #NonSponsorisé 😏
Les meilleures graines biologiques du marché vous seront ainsi livrées directement chez vous, sans être plus chères qu’ailleurs. Une belle facilité (et merci aux facteurs/livreurs !).
J’opte généralement pour les différentes préparations de la série « Étoilé » de chez Gasco (France, Bio) :
– mélange insectivore (graines, insectes et petits crustacés)
– mélange frugivore (graines, raisins secs, baies de genièvre, sureau et sorbier)
– mélange de graines bio (tournesol noir, millet roux, maïs concassé, colza, sarrasin)
– « Jardin d’hiver » (graines, insectes, granulés de graisse, fruits secs, …)
Mais aussi du tournesol décortiqué, des graines de tournesol noir, des graines de Niger, des vers de farine séchés et des boules de graisse bio avec des graines sélectionnées (parce que c’est quand même utile quand il gèle).
Pour les grosses quantités, je m’approvisionne également localement à la Maison Seronval, un meunier en province de Liège (Belgique), principalement pour les cacahuètes bio non salées en sac de 25 kg et les vers de farine séchés (qui régalent également les poules !) en sac de 10 kg.
VARIEZ LES ENDROITS DE NOURRISSAGE
Chaque espèce a ses préférences sur ce qu’elle mange et comment elle le mange. C’est une des raisons pour lesquelles il est important de multiplier les façons dont vous procédez au nourrissage 😊
D’autre part, avoir plusieurs mangeoires permet de mieux répartir les oiseaux sur celles-ci aux heures d’affluence. Ça fait moins de conflits, plus de confort et surtout plus de sécurité sanitaire pour eux !
En effet, pour une même quantité de nourriture distribuée, le fait de la dispenser dans plusieurs mangeoires diminue le risque de moisissures ou la contamination des aliments par les déjections. C’est important afin d’écarter les épidémies (et d’autant plus les maladies transmissibles à l’humain).
Par exemple : les cacahuètes développent de l’aflatoxine, une substance très nocive pour les oiseaux provenant d’un champignon qui se développe quand les arachides prennent l’humidité et stagnent trop longtemps dans de mauvaises conditions.
Pas toujours besoin de mangeoires !
Si vous avez la chance comme moi d’avoir un spot d’observation naturel comme un arbre à proximité, commencez par essayer de trouver des branches où y déposer quelques graines et, si vous vous l’autorisez, quelques graines au pied du tronc de celui-ci.
J’en place régulièrement sur le tronc de mon érable canadien. De la sorte, je reçois très fréquemment la visite de sittelles torchepot et de grimpereaux des jardins qui semblent privilégier ce type de nourrissage aux graines en mangeoire, en silo ou au sol.
J’y aperçois également des pigeons ramier, tourterelles turques, mésanges de tout type, et surtout des pinsons des arbres, pinsons du nord, verdiers d’Europe, rouges-gorges et autre accenteur mouchet, plutôt habitués du nourrissage au sol. Comme quoi, ce qui compte, c’est la stabilité (et la présence de nourriture ! 😜) : un tronc, ça fera l’affaire !
Les moineaux mangent au sol la plupart du temps lorsqu’ils ont le choix. Je ne me soucie pas trop d’eux dans la mesure où ils dévalisent les graines que je jette aux poules quotidiennement 😬
Je nourris néanmoins au sol le long de la haie dans l’espoir de revoir des fauvettes à tête noire. En attendant, cela fait également le bonheur des pinsons des arbres, pinsons du nord, accenteur mouchet et rouges-gorges.
Je nourris de cette manière toujours avec parcimonie et dans l’optique que cela soit mangé dans la journée, afin que les graines ne se dégradent pas (et ne germent pas à terme).
Bref, si vous êtes mentalement prêt à laisser potentiellement quelques graines non mangées germer au sol, mettre des graines dans les arbres et à leur pied est une chouette option pas cher pour nourrir les oiseaux dans votre jardin 😊
Sinon, vous faites « comme tout le monde » et vous mettez une mangeoire… sachant que l’un n’empêche pas l’autre ! 😬
Notez que cela fait des photos beaucoup plus sympas qu’aux mangeoires 😉
Les types de mangeoires
Il existe plusieurs types de mangeoires que je classe en fonction de leur stabilité : les silos et les plateaux suspendus, les plateaux et les mangeoires fixes.
Les silos
Qu’ils soient en métal ou en plastique, il convient surtout de différencier les silos fermés avec perchoirs et les silos à grillage pour oiseaux « acrobates ». Je vous conseille de posséder (au moins 😜) un exemplaire de chaque, de différentes tailles.
Les silos fermés ont l’avantage de protéger les aliments des intempéries, tandis que leurs perchoirs assurent un peu plus de stabilité aux oiseaux qui en ont besoin. Certains modèles possèdent des systèmes de retenues bien pratiques pour certaines les plus petites graines comme le Niger.
Les silos grillagés ont la préférence d’autres types d’oiseaux, comme les pics, les mésanges, les sittelles et les orites à longue queue. Le grillage les empêche de gober des cacahuètes entières, ce qui est mieux pour eux, et les retient un peu plus longtemps à la mangeoire – pour notre plus grand plaisir 🥰
La taille des silos a également son importance. Plus ils sont grands, plus ils contiennent de nourriture et moins vous devez les recharger. C’est un certain confort, surtout en hiver où on a moins envie d’aller patauger dans le jardin boueux 😅
Néanmoins, la nourriture ne doit pas stagner des semaines sans bouger ! Il faut donc que leurs nombres et leurs tailles soient adaptés à la fréquentation et à l’appétit de vos résidents. Concrètement : pas besoin de mettre 4 silos de 60 cm si vous avez 3 plateaux et 2 mangeoires en complément 😉
Pour mon spot principal de nourrissage, j’ai opté pour un grand silo fermé de 60 cm, deux petits fermés de 30 cm et un petit grillagé de 30.
Les plateaux fixes et suspendus
À l’instar des silos fermés à perchoirs, les plateaux fixes et suspendus ont l’avantage d’avoir un toit qui protège partiellement la nourriture des intempéries. Les plateaux suspendus apporteront plus de stabilité que les silos, mais seront forcément moins stables que les mangeoires plateau sur pied ou à fixer.
L’idéal est de proposer les deux options à vos pensionnaires, mais s’il ne faut en choisir qu’une, j’opterais pour la mangeoire sur pied si vous avez un silo en complément.
Une caractéristique à prendre en compte est la hauteur sous toit et l’accessibilité du plateau. En effet, plus il y a d’espace, plus les oiseaux seront potentiellement nombreux et les espèces plus ou moins grandes pourront y accéder.
En gros , si vous ne voulez pas (trop) de pigeons ramier, tourterelles, étourneaux et autres geais des chênes : privilégiez les plateaux relativement fermés – même si ces petits malins trouveront toujours un angle pour venir picorer, croyez-moi sur parole !
Personnellement, j’ai deux mangeoires sur pied et une suspendue, car je préfère éviter de fixer dans le tronc à l’aide de clous, vis ou cordages disgracieux dans l’arbre. Je me sers des deux mangeoires pour mettre divers mélanges de graines en hiver et pour y disposer un bol d’eau à l’abri du soleil pendant l’été.
La première est sur la terrasse et possède une faible hauteur de manière à privilégier les passereaux de petites tailles. Elle est principalement fréquentée par les mésanges bleues, charbonnières et huppées, ainsi que le rouge-gorge et occasionnellement… le pic épeiche, les étourneaux et les geais des chênes ! 😑 Ça ne marche pas toujours comme on veut, mais ça fait quand même plaisir 😅
La deuxième est plus conséquente et se situe dans le poulailler. Sachant que je nourris les poules au sol et que je ne peux empêcher les oiseaux d’aller y manger, je les attire en partie dans une mangeoire en hauteur. Les oiseaux faisant à leur tour tomber des graines de la mangeoire, ils renflouent à leur tour ce qu’ils ont dérobé aux poules au sol. Tout le monde à l’air d’y trouver son compte à ce stade !
La bonne surprise, c’est le plateau suspendu (modèle « Niagara » ci-dessous) qui attire plus ou moins tout le monde, même les moineaux à de rares occasions (alors que ces derniers ont leur spot préféré à 4 mètres). Les aliments y sont relativement bien protégés et la rotation est plus importante vu qu’il y a moins de place de base.
Nous avons également installé 3 jolies maisons mangeoire/nichoir Multiholk. Cela a bien fonctionné en mode mangeoire et on attend avec impatience de voir si les mésanges charbonnières y nicheront l’année prochaine. Elles ont toutes été visitées à plusieurs reprises durant l’année : on croise les doigts 🤞
Je vous en reparlerai dans un futur article consacré aux nichoirs et à la nidification 😉
Les mangeoires au sol
De manière générale, si vous nourrissez en hauteur (silo ou plateau), vous devriez inévitablement avoir des pertes au sol qui raviront les espèces qui se nourrissent principalement à cet endroit (merles, tourterelles, pinsons des arbres, rouges-gorges, troglodyte mignon, accenteurs mouchet, moineaux domestiques, …)
Vous pouvez néanmoins leur apporter un soin particulier en disposant de la nourriture sur des plateaux qui préserveront les graines et autres aliments de l’humidité du sol.
Cela consiste en un simple plateau (une vieille planche à découper ou un plateau de service fera l’affaire !) ou à des choses plus élaborées avec un toit ou du maillage spécifique pour éviter que l’eau (la pluie) ne stagne.
Attention toutefois à l’aspect buffet qu’un rassemblement d’oiseaux au sol peut constituer pour nos amis les chats et autres prédateurs de jardins ! Une cage de protection pour passereaux peut être utile si vous avez beaucoup de prédation.
Mangeoire pour boule de graisse, cake et bloc
Par temps de grand froid, une bonne boule de graisse biologique et/ou faite maison reste utile et extrêmement appréciée par nos amis à plumes.
J’opte pour des boules bio qui sont contrôlées sur la présence de graines d’ambroisie, afin de préserver le jardin de cette plante parasite. Je les dispose soit dans la mangeoire, soit au sol, soit dans une mangeoire adaptée de petit format (3 boules à la fois suffisent généralement) :
Je la sors uniquement par épisodes de grand froid, c’est-à-dire à partir de 3° en journée (et en dessous), sur une période d’une semaine et plus.
Je dois avouer qu’elles n’ont pas beaucoup de succès comparativement à mes autres mangeoires. La preuve en est que quand ils ont le choix, les oiseaux n’optent pas forcément pour la « mal-bouffe » et vont privilégier leurs stimuli naturels.
Je ne vois pas d’intérêt aux mangeoires qui intègrent des grilles de protections pour passereaux pour cette alimentation occasionnelle et spécifique dans la mesure où de plus gros oiseaux sont tout aussi intéressés quand il fait froid.
L’exception étant si vous avez des rapaces et autres prédateurs qui rôdent dans le coin et que vous voulez protéger vos passereaux !
BIEN DISPOSER SES MANGEOIRES
Le but de votre nourrissage est d’apprécier la visite des oiseaux et donc d’avoir la possibilité de bien les observer.
Positionnez (une partie de) vos mangeoires de sorte à pouvoir être confortablement installé à travers la fenêtre et/ou à différents endroits de votre jardin (un peu cachés de préférence) pour apprécier le spectacle.
Après avoir pensé à votre confort et vos points de vue, c’est le moment de réfléchir aux préférences de vos visiteurs, à leur confort et à leur sécurité.
Attention aux vitres !
La proximité de fenêtres près de vos mangeoires peut être problématique, notamment en cas d’attaques de chat ou de prédateurs. Désorientés pendant la fuite, ils risquent de se cogner plus ou moins fort contre les vitres – avec les conséquences que cela peut avoir.
Hormis pour les balcons en ville où vous n’avez pas trop le choix, évitez les mangeoires à ventouses qu’on colle sur la fenêtre – cela évitera des accidents inutiles 😊
Pour positionner idéalement votre mangeoire, il y a deux approches :
– soit vous optez pour la distance et vous placez la mangeoire à une dizaine de mètres (ou plus) de la surface vitrée la plus proche. Plus longue est la distance, plus le risque d’impact fortuit est réduit – les oiseaux ayant la possibilité d’anticiper et de ne pas être trompés par les reflets de la fenêtre.
– soit vous placez votre mangeoire très près, entre 1 et 2 mètres de la fenêtre, en prenant soin de ne pas la mettre dans un coin qui réduirait leurs possibilités de fuite. Plus la distance est courte, moins l’impact d’une collision a de conséquences.
Il y a cependant le risque d’être confronté à « l’effet miroir » : certains oiseaux pourraient croire qu’ils ont affaire à un congénère en constatant leur reflet dans la fenêtre. Ils se mettent alors à se défendre contre cet intrus et frappent la vitre à répétition. Voici quelques conseils pour lutter contre ce phénomène.
Le plus simple est de tester selon vos critères personnels et d’adapter au besoin. En fonction des impacts d’oiseaux sur vos fenêtres, vous saurez s’il y a quelque chose à changer ou pas ! 😉
Proche d’une haie ou de buissons
Une mangeoire est bien positionnée si elle offre un point de vue dégagé sur les alentours, pour anticiper les attaques d’éventuels prédateurs. Dans cette optique, elle devrait offrir idéalement un refuge à proximité.
Un buisson, une haie, un arbuste dense où ils pourront s’abriter en cas de danger feront l’affaire ! Évitez un endroit où les chats pourraient se mettre à l’affût.
Côté prédateurs, parlons-en ! Nous possédons un chat (sans danger pour les oiseaux ou presque – elle ne grimpe pas aux arbres), mais vous avons surtout la visite de ceux des voisins, dotés d’un instinct de chasseur plus développé que notre bonne (grosse) pâte.
Nous avons donc réfléchi à ne pas positionner les mangeoires à des endroits trop faciles d’accès pour eux. Le nourrissage au sol est quant à lui effectué à proximité des haies et de nos plantations en guise de zones de sécurité.
Nous avons aussi la visite occasionnelle de rapaces (épervier en tête), surtout en période de nidification, à la recherche de petits oiseaux pour se nourrir. Si leurs visites devenaient trop fréquentes, je devrais probablement prendre des mesures, comme des cages de protection autour de mes zones de nourrissage ou changer la disposition des mangeoires pour des endroits plus protégés (en les voyant moins bien, du coup). Heureusement, on en est loin 😉
Avoir un peu de prédation est tout à fait naturel, surtout si on concentre les oiseaux dans une zone restreinte avec nourrissage !
Perchoirs à proximité
Outre la sécurité que les buissons et haies apportent aux oiseaux, ils constituent d’excellents perchoirs proches de votre mangeoire.
Ces branches et perches variées leur permettent de vérifier l’absence de menaces avant d’aller se chercher à manger d’une part, mais aussi après, lorsqu’ils reviennent se percher pour décortiquer les graines de tournesol et s’en délecter tranquillement.
Cela dit, les oiseaux s’accommodent de plus ou moins n’importe quoi pour se poser à proximité des mangeoires pour soit attendre le tour, soit guetter le passage avant de s’y lancer. Je les aperçois se percher sur des tuteurs de plantes, le grillage des poules et autres décorations de jardins (girouette métallique) pas du tout prévus pour leur usage.
Testez et patientez
Laissez le temps aux oiseaux de repérer vos mangeoires et d’en faire une habitude. Tout ne va pas fonctionner du premier coup, cela prend parfois plusieurs semaines avant d’avoir une fréquentation correcte.
N’hésitez pas à les déplacer pour tester différents emplacements : cela se joue parfois à un mètre près pour que les oiseaux se sentent parfaitement en confiance.
Le paradoxe de mon silo à tournesol décortiqué est un bel exemple à n’y rien comprendre ! Les habitués n’y prêtent pas attention (au point que j’ai voulu l’enlever plusieurs fois). J’ai essayé d’intervertir les mangeoires et le type de nourriture à cet endroit, rien n’y fait : le niveau de nourriture ne descend pas plus de 2 cm par semaine.
Par contre, ce spot semble être le « débarcadère » préféré des nouvelles espèces : verdier, chardonneret, mésange noire, gros-bec casse-noyaux et pinson du nord ont tous été repérés pour la première fois sur ce silo 🤨
Dans le doute, je le laisse en place 😅
NOURRIR EN HIVER
On considère que la période hivernale s’étend de novembre à mars, à une quinzaine près en fonction des températures. Vous pouvez donc sortir vos dispositifs de nourrissage de la mi-octobre jusqu’aux gelées de la mi-avril.
• Pour résumer tout ce qui a été dit jusqu’ici, donnez une alimentation saine et variée en différents endroits de votre jardin.
• Une fois que vous commencez à nourrir, vous ne devez jamais arrêter du jour au lendemain. Les oiseaux comptent désormais sur vous et il ne faudrait pas les décevoir 😇
• Réserver les graisses pour les températures à partir de 3° et négatives. Ne les laissez pas dépérir trop longtemps si elles n’ont pas été consommées.
• Donnez des quantités raisonnables de manière à renouveler souvent la nourriture des mangeoires. On évite ainsi le gaspillage et la contamination. La nourriture doit être idéalement consommée dans la journée et ne doit pas trainer plus d’une semaine dans la mangeoire.
• Si possible, donnez à manger à heures fixes, de préférence tôt le matin. Leurs besoins nutritifs sont particulièrement élevés après une longue nuit froide qui aura consommé leurs réserves. Si vous n’êtes pas matinal, une autre option est de garnir les mangeoires chaque soir d’un stock de nourriture suffisant pour au moins 24 heures.
• Procédez à l’entretien recommandé (voir ci-dessous) : un brossage à chaque appoint de nourriture et un nettoyage à l’eau savonneuse tous les quinze jours.
Et on n’oublie pas de continuer de remplir les abreuvoirs ! Les oiseaux ont besoin d’eau toute l’année 😇
NOURRIR EN ÉTÉ
C’est ici que le débat sur le nourrissage fait le plus rage. Les ligues de protection des oiseaux française, belge et suisse le déconseillent, tandis que les Anglais l’encouragent.
La vérité, c’est qu’on manque cruellement d’études scientifiques à ce sujet. Et dans le doute, il vaut souvent mieux s’abstenir que de bouleverser des écosystèmes qui fonctionnent bien sans notre intervention. Cependant, l’empreinte de l’homme pèse fortement sur la nature (pollution, pesticides, déforestation, …) et certains estiment donc qu’il est bon d’aider les oiseaux à se nourrir aussi en été pour contrebalancer notre impact.
Techniquement, si vous avez aménagé et planté votre jardin pour favoriser les insectes et les oiseaux, c’est la nature qui va se charger de les attirer chez vous et vous n’aurez pas besoin de grand-chose pour les attirer dans votre jardin. Des coupelles d’eau auront autant de succès que des mangeoires remplies à ras bord.
Nourrir en connaissance de cause
Comme effet positif enregistré du nourrissage pendant la période de nidification, la LRBPO note « l’avancement de la date de ponte, ce qui est souvent associé à une ponte d’œufs plus importante et donc plus de jeunes à l’envol. » Cette bonne nouvelle est à pondérer avec le fait que l’arrivée précoce des poussins les décale par rapport au pic de disponibilité alimentaire (même si le réchauffement climatique a tendance à réveiller la nature plus tôt et donc à les aider sur cet aspect).
Il ne faudrait cependant pas créer de déséquilibre entre les espèces, au risque de voir certaines d’entre elles envahies par d’autres sur le même territoire. (ex : mésanges charbonnières qui prédominent et chassent peu à peu les fauvettes à tête noire)
Il ne faudrait pas non plus créer une relation de dépendance vis-à-vis des jeunes de l’année qui doivent apprendre à se nourrir naturellement par eux même.
Le nourrissage à la période de migration peut également inciter certains individus à ne pas migrer. Un exemple bien connu est celui des fauvettes à tête noire (encore elles !) qui ont arrêté de migrer en Angleterre suite au nourrissage intensif toute l’année. Elles sont complètement dépendantes de l’homme pour survivre en hiver, et s’il arrive un épisode malheureux de type grippe aviaire (où les autorités interdisent le nourrissage par risque de contamination) : l’espèce peut subir des conséquences dramatiques.
Les règles pour nourrir en été
Si l’on souhaite toutefois nourrir les oiseaux pendant l’été, il faut penser à :
• Diminuer le nombre de mangeoires et les quantités distribuées par rapport à ce que vous donnez en hiver.
• Changer la nourriture régulièrement pour éviter qu’elle ne s’abîme avec la chaleur. Idéalement tous les jours !
• Dans cette optique, optez pour les plus petites mangeoires en silo que vous possédez.
• Privilégiez des aliments énergétiques de qualité. Se limiter à quelques types de graines (maïs et tournesol en tête) et cacahuètes, en évitant à tout prix les boules de graisse et aliments trop riches.
• Complémentez avec des aliments de saison dans leurs formes naturelles. Les fruits du verger, fruits à coques ou fleurs de tournesol trouveront assurément preneurs !
• Nettoyez TRÈS régulièrement vos mangeoires !
• Si vous observez des oiseaux malades, arrêtez directement pendant 4 semaines. Désinfectez complètement vos mangeoires en portant un masque et des gants !
À LA MAISON
Je nourris en mode « hiver » jusqu’à mi-avril, avant diminuer progressivement jusqu’au mois de juillet où il est fréquent que je constate une deuxième portée d’oisillons.
Mon dispositif hivernal est composé de 2 silos fermés, 1 silo à grillage et une mangeoire plateau sur l’érable, avec un emplacement prévu pour les boules de graisse en temps de gel. Je dispose aussi des graines directement sur l’arbre.
À côté de ça, j’ai une petite mangeoire sur pied sur la terrasse et une plus grande dans le poulailler où je nourris également directement au sol (pour les poules à la base…). Les 3 nichoirs/mangeoires sont également garnis hebdomadairement.
Progressivement, le dispositif se réduit pour l’été : je ne conserve que les mangeoires sur pied (terrasse et poulailler) où je dispose des coupelles d’eau à l’abri du soleil et des pollens. Dans l’érable, je laisse la mangeoire plateau pour des graines en hauteur et un silo dans lequel je mixe cacahuètes et tournesol décortiqué.
Je fais une « vraie pause » dans le nourrissage d’aout à octobre, en me contentant d’un nourrissage épisodique et ciblé pour faire quelques photos (sans compter le « nourrissage naturel » dans le poulailler).
LE NETTOYAGE DES MANGEOIRES
Pour terminer, parmi toutes les précieuses informations de la FAQ de Natagora, vous y trouverez les bonnes pratiques en matière d’entretien de vos mangeoires.
EN CONCLUSION
Vous en savez désormais un peu plus sur le nourrissage intelligent des oiseaux. Tout ceci est basé avant tout sur du bon sens et une réflexion à la fois locale et globale.
J’insiste encore une fois sur l’importance d’aménager votre jardin pour booster la biodiversité, des plantations bien pensées vous amèneront naturellement un bon nombre d’oiseaux à l’année. N’hésitez pas non plus à consacrer certaines mangeoires à l’alimentation préférée de l’espèce que vous essayez d’attirer chez vous !
Dans l’article, vous aurez compris que si vous donnez des aliments non transformés dans leur état le plus naturel possible, vous pouvez nourrir jusqu’en juillet sans trop de conséquences. Au-delà, je suis de ceux qui pensent qu’il faut laisser le choix « aux résidents » de quitter ou non la propriété (et la région) pour des climats plus propices sans les retenir chez nous avec des friandises.
J’attire également votre attention sur le coût que peut représenter le fait de nourrir sainement les oiseaux pendant toute l’année. Il vaut mieux nourrir bio de novembre à avril que donner des boules de merdes toute l’année.
Si vous optez pour de l‘alimentation de qualité comme moi, sachez que pour les équipements déployés décrits dans l’article et selon la fréquentation et l’appétit de mes résidents, cela me revient entre 400 et 500€ par an ! 😰
Donc, s’il faut choisir : nourrissez peu, mais nourrissez bien ! 🤗
Faites passer le message 😜