Pour garder une trace de mes observations d’oiseaux, j’ai d’abord découvert le site et l’application Ebird via différentes chaines YouTube qui les plébiscitaient – principalement des youtubeurs orientés photos animalières et oiseaux, basés en Amérique du Nord.
Si j’ai commencé à encoder à la mi-juin sur cette plateforme internationale, je suis passé désormais sur une solution plus complète et plus pertinente pour moi en Belgique.
Le site Observations.be
Observations.be est la plateforme de partage et de gestion de millions de données d’observations naturalistes, administrée par Natagora en Wallonie.
Elle fait partie du groupe de l’Observation International Foundation (observation.org, observations.be, waarnemingen.be, …), et est gérée en collaboration avec Naturalis Biodiversity Center (l’Institut National de Recherche sur la Biodiversité aux Pays-Bas) et Natuurpunt (Natagora en Flandres).
Le site web est consulté quotidiennement par des milliers de personnes, curieuses de suivre en direct l’actualité de la nature ou d’admirer les photos qui y sont déposées.
Participatif et ouvert à tous, le portail Observations.be rassemble des données concernant plus de 22 000 espèces, depuis les algues jusqu’aux mammifères. Sons, photos, répartitions géographiques… tout y est (ou y sera tôt ou tard) ! Mieux, les observations sont consultables et encodables sous une multitude de formes.
Devenu un outil incontournable pour le monitoring de la biodiversité en Belgique, le portail permet de récolter des informations précieuses d’un grand nombre de naturalistes belges sur tous groupes d’espèces.
La base de données est utilisée et analysée aussi bien par des citoyens curieux de mieux connaître la nature qui les entoure que par des spécialistes et acteurs de la conservation de la nature tels que des bureaux d’études d’incidence sur l’environnement, les universités, les administrations ou les ASBL et structures comme Natagora.
Notez que les observations de nature du monde entier peuvent être encodées sur le site-frère Observation.org – sans « S » ! – (ndlr : le login/mot de passe d’Observations.be y est valable) avec la même utilité scientifique et sociétale.
Saluons au passage le travail remarquable des validateurs d’observations (certaines validations sont automatiques, d’autres nécessitent une action humaine – un boulot considérable !) qui s’assurent de la qualité des informations encodées.
Interface bien pensée
Même si elle n’est pas (encore) parfaite, l’interface épurée est très compréhensible et facile d’utilisation. J’apprécie l’aspect très général des observations que l’on peut y encoder (oiseaux, mammifères, papillons, insectes, champignons, plantes, …) et les nombreux filtres de recherches.
Ces filtres renforcent en partie l’aspect communautaire, puisqu’on peut aller voir le profil d’autres membres et leurs observations. Dans le même esprit, le site propose un classement des observateurs ; une saine émulation qui ne doit cependant jamais nous tenter d’exagérer, de mentir ou pire : de déranger l’animal pour avoir une preuve photo par exemple. On n’est pas là pour la gloriole 😉
Comme sur eBird, vous retrouverez dans la partie Explorer du site les meilleurs lieux d’observation partout où vous allez, tout en accédant aux observations les plus récentes partout en Belgique.
De quoi planifier de chouettes balades et sorties oiseaux !
Il ne manque à mon sens que l’intégration des listes de comptage pour le suivi permanent de l’avifaune (disponible en passant par l’ancien site, facilement accessible dans le menu) pour que tout soit parfait sur la nouvelle interface. Je vous reparlerai de cette méthode de comptage particulier dans un prochain article dédié 😉
Les applications mobiles
Encodez avec iObs – ObsMapp
Les applications ObsMapp (Android) ou iObs (iOS) permettent d’encoder vos observations quotidiennes sur le terrain en transmettant les données à votre compte Observation.be.
C’est également l’outil le plus simple pour réaliser les fameuses listes complètes mentionnées ci-dessus.
Si iObs ne sauvegarde que les observations que vous avez réalisé dans l’application, il ne synchronise pas les données de votre compte : vu n’avez donc pas de vue générale de vos observations dans l’application (contrairement à Obsidentify ci-dessous, bizarrement).
Il n’y a pas non plus de fonction d’exploration de la zone. Il faudra aller sur le site pour profiter de toutes ces précieuses ressources.
iObs est donc un outil d’encodage pur, contrairement à eBird qui propose les mêmes fonctionnalités sur son site que dans son application. Une piste à suivre pour de prochaines upgrades ? Je vais y revenir.
Identifiez avec ObsIdentify
Lorsqu’il s’agit d’identifier une espèce sur base d’une photo d’oiseau, ObsIdentify est sans conteste the King of the Hill !
Créé par Laurens Hogeweg, un néerlandais passionné, ObsIdentify est un algorithme d’intelligence artificielle utilisant ce qu’on appelle le « deep learning » pour la reconnaissance d’image.
La première version de l’application sort en 2017 avec seulement quelques groupes d’insectes. 5 ans plus tard, la plupart des groupes taxonomiques sont désormais présents sur le portail, y compris les oiseaux ! C’est donc laaaargement plus complet que Merlin Bird ID, dont je vous parlais ici, qui ne traite que ces derniers.
Plus complet, mais aussi plus puissant ! Nous l’avons mis à l’épreuve avec différentes sous-espèces de bergeronnettes printanières. Il nous a fait un sans faute, avec un coefficient de certitude oscillant entre 88% et 100%, là où l’IA de reconnaissance image de Merlin se contentait du groupe général (printanière).
Encore plus impressionnant, nous ne lui avons donné qu’une aile déployée et il a reconnu la Thunbergi, la variante nordique des bergeronnettes printanières ! Les vieux bagueurs étaient é-pa-tés 😀 Ils ont pris ça comme un challenge, ils me réservent d’autres tests pour la prochaine fois !
C’est donc testé et approuvé !
Maintenant, l’application n’est pas à l’abri d’une erreur (j’imagine sur des sujets plus compliqués comme les insectes ou les plantes), il faut toujours garder son esprit critique et évaluer le coefficient de certitude d’une part, et vos connaissances de l’autre. En tout cas, pour les oiseaux, c’est vraiment très fiable avec une bonne photo !
Encodage automatisé (un peu trop) balisé
En plus de ses incroyables capacités de détection d’espèce, ObsIdentify permet d’encoder le résultat de l’identification directement sur les différentes plateformes liées à l’Observation International Foundation (observation.org, observations.be, waarnemingen.be, …) – c’est même tout l’intérêt sociétal et scientifique de l’application, même si vous pouvez l’utiliser en stand-alone de votre côté pour découvrir des espèces sans partager !
Cette liaison à votre compte permet, contrairement à iObs, de retrouver un onglet « Observations » qui reprend, comme son nom l’indique, toutes les observations liées à votre compte ; ainsi qu’un onglet « Tableau » avec vos statistiques et les badges obtenus (récompenses liées aux nombres et types observations, avec des étoiles à gagner, qui ne se retrouvent quant à elle pas sur Observations.be).
Quant à l’encodage, je cite : « L’observateur gagne ainsi du temps d’encodage et de la précision, grâce au GPS. » Dans les faits, c’est vrai, surtout si la localisation, la date et l’heure sont bien intégrées dans la photo que vous uploadez, ou que vous faites la photo directement dans l’application (alors pour les plantes et insectes OK, mais les oiseaux, ce n’est pas toujours évident au smartphone !)
Bien souvent, malheureusement, je suis bloqué dans l’encodage à cause du manque de la localisation quand j’importe une photo du Nikon ou du Sony (ndlr je désactive de base toutes les localisations, peu importe l’appareil, l’app ou le site web. Privacy First !). Ce serait vraiment top de pouvoir compléter l’information quand elle est manquante (la localisation, le timecode et/ou les deux) directement dans ObsIdentify.
Qu’à cela ne tienne, une fois l’espèce confirmée, j’encode donc mon observation avec l’image via iObs ou par le site.
Hormis ce petit bémol qui pourrait être facilement corrigé lors d’une prochaine mise à jour, je suis vraiment conquis par ObsIdentify. Les solutions en place sont déjà très performantes, avec un beau potentiel d’évolutions futures.
Pertinence de certaines fonctions
Sans être une critique en soi, je suis un peu interloqué par la présence des fonctionnalités annexes comme la liste complète de vos observations, les badges et les challenges. Je les attendais plutôt du côté d’iObs et Obsmapp.
J’avoue ne pas trop cerner l’intérêt d’avoir des applications distinctes quand on pourrait rassembler les 2 en une… Surtout quand on sait que l’algorithme d’ObsIdentify est intégré dans Observations.be pour la reconnaissance d’espèce lorsque vous uploadez une image sur le site. Pourquoi ne pas faire pareil au niveau des apps ? Je ne peux que les encourager vers une fusion des applications !
Ebird et Merlin au placard ?
Si Ebird est probablement une des plateformes plus utilisées sur le continent américain (et dans le monde ?) pour l’observation des oiseaux, je lui préfère très nettement les solutions d’Observations.be au niveau local.
Tout d’abord, la communauté belge y est nettement plus active et cela veut dire plus d’observations et de spots intéressants à repérer. Ensuite, et surtout, les observations ne se limitent pas aux oiseaux (même si c’est ce que je recherchais à la base). Cela permet vraiment de se créer un carnet d’observations naturalistes personnel et/ou partagé.
Le site permet des recherches vraiment très précises et l’ergonomie simplifiée est bien pensée : c’est un plaisir d’y surfer, et on comprend vite pourquoi il a autant de succès au quotidien.
De son côté, ObsIdentify a surclassé Merlin dans nos premiers tests : c’est de loin la meilleure application de reconnaissance d’oiseaux que j’ai pu tester actuellement. Mieux, elle permet l’identification d’un nombre impressionnant d’espèces et a déjà pu me rendre de fiers services ! Je pense vous en reparler davantage dans un article dédié (malgré tout ce que j’ai déjà pu en dire) tellement je suis emballé.
J’utilise donc principalement Observations.be comme plateforme d’observations naturalistes désormais, et je vous conseille vivement de considérer d’en faire autant si vous êtes basé en Belgique !
Je me sers d’eBird pour signaler mes premières observations ainsi que les oiseaux plus rares que je rencontre (ces données pouvant potentiellement servir, même si Observation.org partage volontiers ses datas) et lorsque je vais à l’étranger.
J’utilise toujours Merlin pour son côté « Shazam des oiseaux » en direct, un outil de repérage très précieux sur le terrain d’une part, et éducatif de l’autre, pour entrainer son oreille aux chants des oiseaux.
Au pire, n’hésitez pas : demandez moi 😀