Comme chaque année depuis 20 ans maintenant, Natagora organisait le grand recensement annuel des oiseaux de jardin les 4 et 5 février derniers.
L’idée de ce recensement est d’observer pendant au moins 1 heure les oiseaux qui font une halte sur votre propriété et de noter le nombre d’individus de chaque espèce que vous observez en même temps. Vous pouvez évidemment cumuler vos observations sur les 2 jours et vous encodez vos résultats sur le site oiseaux.natagora.be.
Les données ainsi récoltées aident leurs spécialistes à mieux comprendre les phénomènes qui touchent les espèces les plus communes.
RECONNAÎTRE LES OISEAUX DE JARDIN
Cette année, le site Natagora a été mis à jour avec des fiches de description pour chacune des espèces que vous risquez de rencontrer.
Les espèces y sont classées par taux d’observations dans les jardins, et vous accéderez à des fiches détaillées (mais pas trop) en cliquant sur les « EN SAVOIR PLUS » en dessous de chaque image.
C’était clairement ce qui manquait à la précédente version de cette section – une belle évolution !
En complément, le grand poster d’identification (.pdf) est évidemment toujours d’actualité 🥳
Si vous faites des photos d’oiseaux pour vous aider dans votre comptage, je ne saurai que trop vous recommander l’application ObsIdentify qui sera d’une grande aide en cas de doutes pour l’identification de l’espèce.
OBSERVATIONS
Nous avons fait des sessions de 8h30 à 12h30, deux jours d’affilée, avec les résultats cumulés suivants :
Accenteur mouchet : 3
Mésange Bleue : 48
Mésange Charbonnière : 13
Orite à longue queue : 3
Étourneau sansonnet : 11
Pinson des arbres : 16
Pinson du Nord : 4
Moineau domestique : 18
Grimpereau des jardins : 1
Rouge-gorge familier : 2
Sittelle torche-pot : 1
Pic épeiche : 2
Merle noire : 4
Geai des chênes : 3
Pie bavarde : 5
Corneille noire : 3
Tourterelle Turque : 3
Pigeon Ramier : 3
Résultats : 18 espèces différentes, ce n’est pas mal au vu des conditions météo qui n’étaient pas optimales ce weekend-là.
C’est « dommage », car une vague de froid est arrivée la semaine suivante et j’ai explosé mon record le mardi 7 février avec 25 espèces observées (avec, certes, un héron cendré et 3 choucas des tours en vol… mais quand même 🥳 !). Les mangeoires et abreuvoirs ont bien rempli leurs rôles !
Qu’à cela ne tienne, ce comptage record a fini sur Observations.be à la place de la plateforme Natagora – ce n’est pas perdu 🤗
SESSIONS DE BAGUAGE
Comme l’année dernière, mon beau père ornithologue et membre de BeBirds (le centre belge de baguage de l’IRSNB) est venu tendre ses filets japonais dans le jardin. Nous avons fait plusieurs sessions tout au long du mois de février 2023, à raison d’une fois par semaine environ.
Les filets nous ont permis de chiffrer plus précisément l’abondance de certaines espèces, plus particulièrement la mésange bleue qui est l’espèce principale du jardin… et celle qui se laisse le plus facile capturer !
Car il ne faut pas croire qu’il suffit de tendre des filets pour attraper des oiseaux : ils ne se laissent pas avoir aussi facilement ! Ainsi, dans la grosse quinzaine d’espèces qui visitent quotidiennement le jardin, seuls 1 rouge-gorge, 5 étourneaux sansonnets, 1 mésange charbonnière et… 72 mésanges bleues ont trouvé le chemin de nos filets japonais et ont pu être bagués.
Parmi les espèces en abondances à la maison (+ de 15 individus en même temps), les mésanges charbonnières, les moineaux domestiques et les pinsons des arbres ont tous repéré et contourné les dispositifs de capture, sans pour autant snober le jardin. Idem pour les sittelles, grimpereaux des jardins, mésanges huppées, geais des chênes, merles, pic épeiche et autre accenteur mouchet (pour ne citer qu’eux) qui ont également déjoué nos filets avec brio 👍
Ils trouvaient le chemin des mangeoires avec une facilité déconcertante, c’était un peu frustrant par moment – je ne vous le cache pas 🥲
Bref, avec 4 espèces baguées contre les 8 de l’année dernière, la diversité de nos prises 2023 (sur 5 sessions) est en deçà de notre session 2022 (2 jours). Il faudrait d’autres systèmes de capture pour maximiser les résultats, mais les dimensions du jardin ne permettent pas de déployer ce type de filets au sol d’une part, et ce n’est pas le but de transformer le jardin en station de baguage non plus 😉
L’information intéressante à ressortir de nos sessions est très certainement l’incroyable passage de mésanges bleues sur ma petite parcelle. Les 5 sessions de baguage étaient espacées d’environ une semaine et nous n’avons fait aucune reprise d’une fois à l’autre : le turnover se confirme.
Nous avons par contre fait 4 reprises de 2022, ce qui indique que certains individus sont restés fidèles au quartier ! On se donne du mal, ça fait plaisir 😜
BILAN DE 20 ANS DE RECENSEMENTS
À l’occasion des 20 ans de l’opération, Natagora a fait le point sur les tendances observées au cours de cette période. Des résultats significatifs ont pu être obtenus pour 55 espèces, ce qui permet de connaitre l’évolution d’une belle proportion des oiseaux présents chez nous en hiver.
Et le bilan est plutôt bon, puisque 28 espèces sont en expansion, 17 en régression et 10 sont stables.
Voici le TOP 10 des espèces les plus observées ainsi que leur état de forme :
Top | Espèces | Tendance sur 20 ans |
1 | Merle noir | légère régression -0.7% |
2 | Mésange charbonnière | stable |
3 | Rouge-gorge | stable |
4 | Mésange Bleue | légère régression |
5 | Pie Bavarde | légère expansion |
6 | Moineau domestique | régression constante -0.5% / an |
7 | Pinson des arbres | stable |
8 | Tourterelle Turque | légère régression |
9 | Pigeon ramier | expansion +3.4% |
10 | Corneille noire | légère expansion |
En dehors ce top, notons les progressions significatives du chardonneret élégant (+19.1%), du Pic vert (+6.1%) et les Choucas des Tours (+8%). De manière générale, les espèces forestières se portent mieux que les granivores.
De manière générale, les milieux agricoles ou à proximité ont connu des jours meilleurs. Le Bruant jaune, espèce emblématique de cet environnement, enregistre une diminution de -3.8% avec seulement 1244 données enregistrées sur ce recensement.
La mésange boréale (-2.9%) souffre à l’échelle continentale du manque d’habitats et du réchauffement climatique.
Autres espèces en recul, et le Verdier (-2.3%) et le Merle noir (-0,7%, malgré sa 1ère position dans le classement avec 128 425 spécimens enregistrés) ont souffert de différentes maladies comme le virus Usutu particulièrement virulent cette année. On insistera jamais assez sur la propreté des mangeoires !
Parmi les espèces stables, le rouge-gorge (117 841), la mésange charbonnière (129 833), le Pic épeiche (39 933), la Sittelle torchepot (30 924) et le Troglodyte mignon (38 167).
Les résultats complets devraient être disponibles dans la prochaine revue AVES. En attendant, je vous invite à parcourir le bilan de 20 ans d’observation sur le site Natagora et dans le numéro 114 du magazine de l’association.