Au moment d’envisager un objectif macro pour l’un de mes systèmes photos (Sony, Canon ou Fuji), le Canon RF 100 L IS USM est vite apparu comme étant une évidence avec sa focale idéale, un des meilleurs rapports de grandissement du marché (x 1.4) et un duo autofocus/stabilisation toujours utile dans bien des situations.
C’est donc mon Canon R7 qui servira de boitier macro, avec son facteur de grossissement x1.6 (lié à son capteur APS-C) amenant la focale du RF 100 à 160 mm, pour une distance de mise au point minimal à 26 cm du capteur. Ce qui, une fois que l’on a retranché la taille de l’objectif et du pare-soleil, amène la lentille environ à 8,6 cm du sujet.
BEAU CAILLOU
Série L oblige, la conception est parmi ce qui se fait de mieux. L’objectif est très agréable en main et le feeling est qualitatif, bien que le revêtement plastique/magnésium soit un peu sujet aux microgriffures de la vie de tous les jours. On appréciera d’autant plus son (luxueux) étui souple de protection, fourni avec pour protéger l’objectif dans le sac.
Ses mensurations sont contenues dans 148 mm de long et 81,5 mm de diamètre (pour des filtres de 67 mm) pour 685 grammes sur la balance. Pas un poids léger donc, mais rien de rédhibitoire pour autant.
Le RF 100 est tropicalisé et résistera ainsi à l’humidité et à la poussière. Vous noterez peut-être dans l’image ci-dessous que le verre arrière est particulièrement exposé au niveau du culot. Il conviendra de faire attention de ne pas griffer la lentille lors des changements d’objectifs !
A l’intérieur, le RF 100 est constitué de 17 éléments répartis en 13 groupes et de 9 lamelles de diaphragme.
Comme évoqué, il permet d’avoir un rapport de grossissement de x1.4, contrairement aux autres objectifs macro qui permettent généralement un rapport de x1 lorsqu’ils embarquent un autofocus (ndlr Laowa propose des facteurs de grossissement jusqu’à x5, mais sur des objectifs manuels uniquement). Concrètement, cela signifie que le RF 100 vous permettra de grossir davantage le sujet dans le cadre que la majorité objectifs macro, ce qui généralement le but recherché en photographie de proximité.
Canon annonce jusqu’à 5 stops de stabilisation, mais ils ne sont valables uniquement en utilisation hors macro. En réalité, on n’accède qu’à 1 stop de stabilisation au rapport x1.4 et 2 stops au rapport 1:1. Ce n’est pas fou, mais cela permet d’utiliser le RF 100 a main levée malgré tout (ndlr même si on privilégie le travail sur trépied en macro). En vrai, ces 5 stops lui confèrent plus de polyvalence, puisqu’on pourra l’utiliser pour des portraits, du « run and gun » et de la proxyphotographie.
L’objectif intègre les doubles moteurs autofocus Nano USM, qui lui confèrent une mise au point plus fluide, plus rapide et quasiment silencieuse – des qualités requises lorsqu’on photographie des insectes de près.
Au niveau des contrôles, on retrouve trois commutateurs près du culot de l’objectif pour respectivement :
– Activer la stabilisation,
– Passer de la mise au point manuel à automatique,
– Limiter la plage de mise au point de 26 à 50 cm (mode macro), de 50 à l’infini, ou toute la plage.
Le RF 100 est pourvu de 3 bagues :
Tout devant, juste après le liseré rouge indiquant son appartenance à la série L, une première bague à la course crantée est paramétrable selon vos souhaits. On peut y mettre l’ouverture comme sur les objectifs FujiFilm, mais aussi le focus peaking par exemple.
Vient ensuite la grosse bague de mise au point avec une course très fluide, très agréable, qui permet un travail de précision 👌
Dernièrement, une anecdotique bague SA Control permet quant à elle de jouer sur le bokeh.
PIÈTRE JOUJOU
Le but de cette bague est de contrôler les aberrations sphériques et de modifier ainsi le rendu du flou d’arrière-plan (bokeh). Sur papier, ça a l’air super… dans la réalité, ça vous fera surtout beaucoup de photos floues sans intérêts artistiques.
Hormis en empilant des photos sur des sujets fixes pour faire modifier les avant et arrière-plan, je n’y vois aucun intérêt. D’autant qu’on peut jouer là-dessus bien plus facilement en postproduction, dans LightRoom par exemple, ou créer des effets « dreamy » avec des filtres de diffusions comme les Tiffen Gimmerglass par exemple.
C’est une vraie énigme que de comprendre pourquoi Canon a intégré (a testé ?) une fonction aussi peu aboutie sur son unique modèle macro en monture RF à ce jour, série L de surcroit. Le mot clé dans l’appellation de la fonction, c’est malheureusement « aberration« 😅
J’aurais préféré avoir quelques centimètres, grammes et/ou (soyons fous) quelques euros de moins sur l’objectif que d’embarquer, contraint et forcé, ce gadget inutile.
PETIT BIJOU
Hormis cette fonctionnalité incompréhensible, le RF 100 mm est un excellent objectif.
J’apprécie vraiment la focale de 100 mm (160 sur le R7 et son capteur APS-C) qui permet de se tenir (relativement) à distance des sujets les plus craintifs.
Côté qualité d’image, c’est nickel : le RF 100 est assez contrasté et offre une belle définition dès f2.8 ; une pleine ouverture où le bokeh s’exprime dans 1001 nuances de flous d’une douceur remarquable.
Si on gagne un peu de détails et d’homogénéité en fermant un peu le diaphragme (f4 ou f5.6), on réduit par contre considérablement le vignetage présent à f2.8. Cela dit, ce vignetage n’est pas spécialement dérangeant en macro, proxy ou même en portrait, puisqu’il a même tendance à diriger le regard vers le sujet.
L’autofocus est un plus, mais n’espérez pas faire quelque chose de propre en macro sans utiliser le mode de mise au point manuelle… et un trépied 👍
En utilisation standard, je l’ai trouvé plutôt réactif – sans avoir poussé spécialement les tests. Cependant, lorsqu’on passe en mode macro, il patine fréquemment et ne sait plus où donner de la tête, sans revenir sur le point de focus initial (un peu comme le 100-500 mm… Est ce dû au R7 ?). Dans ce domaine, on réservera son utilisation à la première mise au point (pour « gagner » du temps), pour ensuite affiner en manuel.
En proxy et portrait, par contre, ça fait bien le boulot ! La qualité de l’autofocus était un de mes critères, car j’ai l’opportunité d’aller photographier des oiseaux dans une station de baguage. Les oiseaux sont photographier juste après avoir été manipulés, et sont donc particulièrement agités et pressés de partir. Comme vous l’imaginez bien, il n’est pas possible de travailler en focus manuel dans ces cas là ! 😬
J’arrive à suivre mes sujets virevoltants avec beaucoup d’aisance, et le nombre de déchets n’est dû la plupart du temps qu’à la nervosité de mes poseurs qui ne veulent rien entendre 🥲 Ce n’est finalement pas très éloigné à la photographie d’enfants dissipés 😅
Notez que l’objectif est sujet au flare si vous tentez d’intégrer le soleil à vos compositions.
CONCLUSION
Quand on est chez Canon et qu’on veut un VRAI macro : on n’a pas le choix, c’est RF 100 d’office ! C’est un gros sou à lâcher, mais c’est impossible d’être déçu !
Quand on possède plusieurs systèmes comme moi, cela laissait d’autres options très valables… et souvent – beaucoup – moins chères. Malgré le tarif affiché de 1550€, je ne regrette aucunement mon achat, mon orientation. Canon sait y faire en matière d’objectif, et ce RF 100 ne déroge pas à la règle.
J’aurais quand même aimé avoir « de la marge » par rapport à la lentille arrière, presque au bord du culot. C’est un vrai stress à chaque manip’ 😱 Quant à la bague de gestion des aberrations sphériques… On aurait bien diminué la facture de 200€ pour s’en passer ! 🤣
J’ai beau (re)débuter dans le monde magique de la macrophotographie, je suis émerveillé à chaque (bonne) photo que je prends. J’ai repris goût à la discipline, après une première expérience mitigée avec un Tamron SP90 sur mon ex Nikon D500. La macro, ça peut être aussi précis et scientifique que poétique et pictural. On se connecte davantage à son sujet, à la nature (souvent) 🌱🐝 C’est un temps suspendu. ❤️
Quelques derniers exemples straight-out-of-camera, sans retouches (comme toutes les photos de cet article) :