Je vous faisais part de mes hésitations concernant ce super téléobjectif dans l’article sur les objectifs pour mon Sony A7 IV, mais il aura suffi d’une belle promotion pour que je finisse par craquer pour la grosse Bertha, le Sony FE 200-600 mm f 5.6-6.3 G OSS de son petit nom.
Il s’agit de l’objectif phare pour la photographie animalière et de sport en monture FE, le dernier zoom « payable » avant les longues focales fixes hors de prix.
Pour rappel, si Sony autorise d’autres constructeurs à proposer des objectifs pour sa monture hybride (contrairement à Canon), il se garde néanmoins les performances maximales en bridant la concurrence. Par exemple, vous ne pourrez pas accéder à la vitesse de rafale maximale de certains boitiers sans un objectif Sony.
Ce n’est cependant pas ce critère précis qui m’attirait le plus 😉
UN CAILLOU QUI ENVOIE DU LOURD
Avec ses 31,8 cm de long pour 2115 grammes et un diamètre de 95 mm pour d’éventuels filtres, le 200-600 est ce qu’on appelle un beau bébé. Malgré cela, ce caillou est bien plus maniable qu’on ne le croit.
Grâce au mécanisme de zoom interne, la longueur de l’objectif ne varie pas lorsque vous modifiez la focale. Cela vous assure une très bonne stabilité aussi bien à main levée que sur trépied tout en garantissant une tropicalisation totale de l’objectif. De surcroit, la course de la bague de zoom est très courte et vous permet ainsi d’aller chercher la portée maximale d’un quart de tour. C’est HYPER pratique !
Parmi les autres bons points extérieurs, la présence de nombreux commutateurs vous permettant d’ajuster le comportement de l’objectif : limiteur de range, passage d’autofocus à manuel, activation et sélection du mode stabilisation : tout y est. Juste devant la bague de mise au point, on retrouve 3 boutons personnalisables (avec la même fonction) disposés en trois positions séparées de 90 °, de manière à en avoir toujours un sous la main.
Le 200-600 est fourni avec un collier rotatif muni d’un pied de fixation. Une fois accroché à un trépied ou monopode, vous pourrez ainsi passer de paysage à portrait en desserrant la molette sur la bague et en faisant tourner l’appareil sur l’axe de la bague (point 5 dans l’image ci-dessus).
Pour être honnête : j’estime qu‘ils ont foiré ce point !
Tout d’abord, le collier ne dispose pas d’arrêts tous les 45° (comme sur le Sigma 150-600), ce qui fait qu’on doit ajuster les repères pour le remettre « droit ». Sur des focales « animalières » comme celles-ci, il n’est pas rare d’ajouter un Lens Coat pour camoufler et protéger l’objectif lors de vos sorties – c’est mon cas.
À cause du Lens Coat, on ne peut plus lire les repères d’ajustement et on doit chipoter pour le remettre de plan : c’est chiant 😩 Bref, c’est un petit détail qui peut vite avoir son importance ergonomique.
Outre le détail du collier, le plus gros souci se situe au niveau du pied de fixation en lui-même : il ne laisse pas beaucoup d’espace pour accéder à la bague de mise au point et il ne possède pas de fixation de type Arca-swiss ! C’est presque devenu une norme et c’est vraiment dommage que le pied ne soit pas prévu pour l’utilisation avec ces plateaux rapides sécurisés.
Côté fixations, ils ont pensé à mettre des œillets pour accrocher une sangle directement sur l’objectif et ça, c’est plutôt bien joué ! 😉
À l’intérieur, Sony a mis le paquet pour offrir la meilleure qualité optique possible.
Une nouvelle conception optique (cinq lentilles en verre ED et une lentille asphérique) assure une qualité d’image exceptionnelle sur toute la plage focale tout en limitant les aberrations chromatiques, sphériques et les distorsions.
L’ouverture maximale est de f 5.3 à 200 mm et f 6.3 à 600 mm.
Pour soigner vos séparations de plans, le 200-600 intègre une ouverture circulaire à 11 lamelles qui donnent des bokehs les plus doux que j’ai pu rencontrer à ces distances focales.
Il est évidemment équipé du stabilisateur optique SteadyShot – indispensable avec à 600 mm !
Le rapport de grossissement est (seulement) de 0,2 x tandis que la distance minimale de mise au point est de… 2,4 mètres à 200 mm ! Ce dernier point est à prendre en considération selon votre utilisation, car vous pourriez rater un oiseau qui se positionne trop près de votre affût.
Le 200-600 est également compatible avec les téléconvertisseurs Sony 1,4x et 2,0x, pour obtenir une focale maximale de 840 mm à f/9 ou 1 200 mm ouvrant à f/13.
Je suis de l’avis de la majorité, c’est-à-dire que ces téléconvertisseurs prennent tout leur sens sur des focales fixes de grande qualité. Il vaut mieux utiliser le crop interne « super 35 » (je passe ainsi de 33 à 14 mégapixels avec mon A7IV), soit cropper dans l’image au développement dans LightRoom.
Pour une description technique complète et quelques tests, je vous renvoie vers le site officiel et ces quelques vidéos très bien faites :
SONY 200-600 vs SIGMA 150-600
Les deux objectifs se tiennent d’assez près au niveau des performances optiques, avec à chaque fois un petit avantage au Sony (piqué, bokeh, autofocus, …). C’est vraiment au niveau de l’équilibre, de l’ergonomie générale et de quelques détails que cela va se jouer.
Le Sigma 150-600 f 5-6.3 DG DN OS pèse 15 grammes de moins et propose une distance de mise au point minimale de 58 cm (à 150 mm) et 280 cm (à 600 mm). On a 50 mm de focale supplémentaire, un super collier et un pied de fixation compatible arca-swiss.
Si le Sony FE 200-600 prend indéniablement plus de place dans le sac, c’est un autre débat dans la pratique de votre art.
Avec 36,6 cm de long une fois étendu, le Sigma est plus encombrant entre 500 et 600 mm que ne l’est le Sony – avec l’avantage pour ce dernier de garder le même équilibre en toutes circonstances et d’être complètement protégé des poussières et intempéries.
Si vous couplez cet équilibre constant avec la bague de zoom hyper rapide, vous avez le combo gagnant en ce qui me concerne. Je trouve ça bien plus ergonomique dans ma pratique animalière où j’oscille toujours entre 400 et 600 mm.
J’ai acquis le 200-600 au mois de septembre… et je n’ai plus ressorti le Sigma depuis 😳
Beaucoup de comparatifs existent déjà, dont cette excellente vidéo de Damien Bernal qui vous compare les 3 objectifs animaliers de la monture Sony FE :
Money talks
Au tarif catalogue du Sigma (1429€) et du Sony (2100€), on peut se demander si cela vaut la peine d’investir 700€ de plus pour un gain assez faible en termes de performances. Mais quand on s’arme d’un peu de patience, on n’est pas obligé de dépenser autant d’argent.
Déjà de base, j’ai pu les trouver en moyenne à 1300€ l’un et 1900€ l’autre durant les six derniers mois sur les sites des différents marchands. Mais si vous attendez les promotions constructeurs et éventuelles soldes des vendeurs, vous pouvez avec de sacrés rabais !
Comme je le disais en introduction, c’est ce qui m’a finalement décidé à acquérir le Sony : j’ai eu mon 200-600 à 1650€ 🤩
Je l’ai vu moins encore moins cher sur Amazon Allemagne et chez Vanden Borre (dans un équivalent de Fnac en Belgique). Quant au Sigma, je l’ai aperçu à… 999€ neuf (hors frais d’envoi, certes).
Bref, vous avez tout intérêt à attendre ces promotions si vous achetez neuf !
N’hésitez plus entre performance et dépenses : à ces tarifs promotionnels, le Sony est franchement un no-brainer. Vous ne pouvez pas être déçu – c’est sa côte d’occasion !
PIMP MY ZOOM
J’ai customisé le Sony avec quelques accessoires bien pratiques.
La doudoune qui protège
J’ai donc installé un Lens Coat sur mon 200-600. Il s’agit d’une protection en Néoprène spécialement prévue et découpée pour les différentes parties de l’objectif. Il y a par exemple une fenêtre en plastique transparent sur les commandes AF/OS pour y accéder facilement.
L’installation est très facile : on vient simplement enfiler ces « rondelles » une à une. J’ai choisi de ne pas mettre la rondelle de la bague de zoom : je préfère avec le grip de la bague.
Sa première fonction est donc une protection contre les mains sales, les éraflures et les chocs, mais le Lenscoat agit également comme une barrière thermique par temps chaud ou froid.
Niveau design, vous pouvez opter pour un noir tout simple ou des motifs de camouflage de sorte à briser la forme de votre objectif, vous rendre moins visible de la faune. J’ai pris le RealTree Max5 – ce n’est pas très beau, mais ça fait bien le job, car l’objectif blanc est particulièrement visible.
Le filtre qui-va-bien
Au chapitre des protections bien utiles, j’ai opté pour un filtre Hasselblad SKY-UV de 95 mm.
Oui, je sais… Cela fait un peu « porte-clés Ferrari sur une Abarth 500″, mais j’avais envie d’avoir « le nom ». (ndlr Hasselblad est une marque suédoise de matériel très haut de gamme. Ils ont notamment construit les appareils photo qui ont accompagné les astronautes sur la Lune pour prendre les clichés qu’on connait toutes et tous.)
Il sert avant tout de protection antichoc et anti-rayures pour la lentille extérieure du Sony, mais aussi à bloquer les rayons UV et réduire le flare et autres effets de halo bleu (sans affecter les couleurs). Notez qu’il n’est pas plus cher qu’un autre filtre de même gamme.
Le pied de fixation qui change tout
J’ai opté pour le pied de remplacement Kirk Photo KES LP68 qui m’offre quelques avantages :
– Le système de fixation Arca-swiss pour se sécuriser l’objectif rapidement et facilement ma tête pendulaire,
– Le plateau est plus long et permet un meilleur équilibrage sur le trépied,
– Une meilleure prise en main lorsque je le transporte,
– Plus de stabilité lorsqu’il est posé sur une table,
– Plus d’espace pour accéder à la molette de mise au point,
– Il peut se détacher très rapidement et sans outils, s’il m’embête lorsque je shoote à main levée.
C’est quand même dommage qu’il ne soit pas comme ça de base 😅
CONCLUSION
Le 200-600 à ce prix, c’est un grand OUI ! Si on lui trouve le sac de transport adéquat et pourquoi pas un monopode histoire d’avoir plus de stabilité et d’épargner votre dos sur de longs shootings, c’est parfait. Le seul point qu’on ne peut pas améliorer, c’est la distance minimale de mise au point (contrairement au pied qui se remplace). Optiquement, c’est le must.
Le Sigma reste une solution polyvalente de qualité qui peut s’avérer plus pratique en balade grâce à sa distance de mise au point plus courte (pour photographier une fleur, un insecte ou autre), mais de manière générale, je privilégie des setup plus petits pour marcher des kilomètres. Tout dépend du contexte de la sortie.
Notez que Sigma a sorti entre-temps un nouveau caillou, le 60-600 mm f 4.5-6.3 DG DN OS qui propose donc un zoom externe de 10x, une distance minimale de mise au point de 45 cm à 60 mm (et 2.8m à 600 mm) pour 300 grammes de plus, soit 2495 grammes au total. On est par contre au-dessus du tarif du Sony avec un prix catalogue annoncé de 2 569€.
Dans tous les cas, je vous conseille vivement d’attendre les promotions annuelles pour vous équiper ! 👍
Crédits – Photo de couverture d’article par SonyAlphaLab.com