Quand on cultive en pots, en jardinières ou en bacs, la qualité du sol est primordiale pour obtenir le meilleur de ses plantations ornementales, aromatiques, fruitières ou potagères.
Contrairement au potager en pleine terre où les éléments sont naturellement présents (si tout va bien 😅), vos plantations hors-sol ne compteront que sur leur substrat pour obtenir les nutriments nécessaires à leur bon développement.
Si la plupart des terreaux potagers sont enrichis pour couvrir une partie de ces besoins de base, il est souvent nécessaire de compléter par des apports d’engrais tout au long de la saison pour s’assurer des rendements optimaux.
C’est là qu’intervient le concept de super soil, super sol en français !
Plutôt que de nourrir nos plantes « sous perfusion » tout au long de leur cycle via des additifs, pourquoi ne pas créer dès le départ un sol qui se suffit à lui-même avec tous les éléments nutritifs nécessaires de l’enracinement à la fructification ?
QU’EST-CE QU’UN SUPER SOIL ?
C’est un substrat ‘parfait’ créé artificiellement qui reprend toutes les caractéristiques du profil (pédologique) d’un sol.
Pour constituer ce super soil, on va mixer aussi bien des minéraux pour imiter la roche mère, que de la matière organique compostée pour inculquer la vie microbienne, ainsi que suffisamment de fibres et nutriments pour la nourrir.
L’objectif est d’obtenir une structure aérée, équilibrée et fertile qui fera office de super base.
UN SOL IDÉAL, UN SOL VIVANT
Car c’est de cela qu’il s’agit !
Le but est de favoriser le développement d’une vie bactérienne et mycorhizienne qui rendra les nutriments et oligo-éléments assimilables par vos cultures.
Contrairement aux engrais liquides minéraux qui s’apparentent plus à du gavage forcé, vous ouvrez ici un large buffet gastronomique où chaque variété pourra se servir à sa guise.
Vos plantations auront ainsi le choix de capter les éléments qui leur sont nécessaires en fonction de leur stade de développement.
C’est précisément cette manière naturelle de se nourrir qui va permettre à vos variétés d’exprimer la quintessence de leurs génétiques.
Bref : plus de goût et une meilleure qualité nutritive ! 😍 😋
QUELLES DIFFÉRENCES ?
Lorsqu’on cultive hors-sol uniquement avec du terreau horticole, celui-ci s’appauvrit au fil des semaines et vous devez généralement compléter avec divers fertilisants pour arriver au rendement maximal.
Année après année, la terre finit par être un substrat « mort » dans lequel les plantes poussent sous perfusions d’engrais. On pourrait donc tout à fait remplacer la terre par « autre chose », comme en hydroponie ou dans nos tours verticales en aquaponie.
Le super soil sera quant à lui enrichi grâce à des amendements qui nourriront progressivement la vie du sol, qui rendra à son tour les nutriments aux plantations.
L’effet est moins direct et rapide, mais vous n’altérerez pas le goût de votre production avec des engrais minéraux et vous conserverez un substrat de qualité pour plusieurs années.
QUELLES CONTRAINTES ?
• Le prix de départ : Plus vous y incorporerez d’ingrédients, plus le super soil va coûter cher. Ce sera par contre amorti dans le temps, puisque vous ne remplacerez pas le substrat et vous dépenserez moins en engrais 😬
• Paillage obligatoire : il faut garder l’humidité jusque dans les couches supérieures du substrat. Cela passe par le paillage de votre choix : Bois raméral fragmenté (BRF), chanvre, foin, paille ou luzerne pour citer qu’eux. Ce n’est pas une grosse contrainte, mais vous serez pénalisé de ne pas l’avoir fait (surtout sous serre où cela peut chauffer pas mal).
• Gestion des insectes : qui dit écosystème de vie microbienne, dit prédateurs. Un super soil aura tendance à attirer un peu plus les insectes que du simple terreau.
• Entretien « permanent » : les micro-organismes auront toujours besoin d’eau pour vivre. Il faudra nourrir cet écosystème par amendements organiques et minéraux entre les cultures et veiller à son hydratation toute l’année pour préserver son efficacité et sa longévité (avec une petite oya/olla, ca marche bien aussi ✌️).
QUELS ENGRAIS EN LIVING SOIL ?
Il faudra toujours veiller à l’équilibre du système et au maintien de la vie en n’y apportant pas d’éléments nutritifs trop agressifs.
Partez du principe que s’il y a un risque de cramer votre plante en surdosant la quantité d’un engrais X, cela risque également d’agresser la vie microbienne de votre sol et qu’il vaut mieux s’en passer.
Même s’ils sont validés en agriculture biologique et plutôt efficace, on évitera ainsi les « produits de l’abattoir » tel que le sang séché, de la farine d’os ou de la corne broyée qui ont tendance à détériorer la vie du sol.
(ndlr : et oui, les légumes BIO ne sont pas végans pour autant ! 🤯)
Forcément, on oublie les engrais minéraux et on aura la main légère si on utilise des engrais biosourcés. Idem pour les fumiers frais qui sont à proscrire. On veut de la matière compostée 👍
Opter pour un sol vivant n’empêche cependant pas d’utiliser ponctuellement des boosters de croissance ou floraison : mélasse, engrais naturel, purin, macération, décoction, thé de compost oxygéné, thé de graines germées, …
PREMIÈRES EXPÉRIENCES
Si les mélanges ci-dessous n’ont pas été conçus comme des super soil, les recettes ont néanmoins quelques points en commun. Les résultats de ces deux dernières années feront office de comparatifs pour le nouveau super mélange.
NB : J’ai mis des liens vers les différents produits, mais je ne suis aucunement affilié à l’une ou l’autre marque ou distributeurs.
RECETTE MYFOOD
POUR 100 LITRES :
• 70 litres de tourbe bio enrichie. Fourni avec le kit bac de permaculture, ce substrat organique est composé de tourbe blonde et noire, de fibres de bois, de compost végétal et est enrichi à l’engrais organique (NPK 10-4-5).
• 30 litres de lombricompost : probablement le must des matières compostées que vous pouvez incorporer dans vos sols 🥇👌.
Ces déjections de vers de terre stimulent l’enracinement, augmentent la résistance aux maladies et à la sècheresse et fixent les nutriments. Elles contiennent plus de 50 types de bactéries, 9 champignons bénéfiques ainsi que des acides humique et fulvique.
• 1 kg de Biochar (peut-être un peu plus 😅). Ce charbon pyrolysé (sans hydrocarbure, pas comme le charbon de barbecue !) améliore la structure du sol, augmente la capacité de rétention en eau et ainsi qu’en nutriments. De par sa porosité, il constitue également un excellent refuge pour la vie du sol.
Cette version du biochar de chez Elementerre en Bretagne est enrichie d’une gamme de champignons et de bactéries bénéfiques qui favorisent une activité biologique dynamique.
• Paillage au BRF : jusqu’à 4-5 cm d’épaisseur de bois raméral fragmenté en surface, en guise de paillage.
• Arrosage avec l’eau des récupérateurs d’eau de pluie de la serre ainsi qu’avec l’eau du bassin des poissons pour apporter de la nourriture aux micro-organismes avec les déjections et autres bactéries du système aquaponique.
J’ai également utilisé les engrais organiques à base d’algues conseillés par MyFood pour la croissance et la floraison.
FEEDBACK :
Nous avons (un peu plus que) doublé la production en termes de quantité par rapport à ce que nous faisions les années précédentes sur une surface légèrement inférieure, sans serre (9m2 vs 11 m2 maintenant).
La première saison sous serre a été fructueuse dans l’ensemble, mais elle aurait pu être encore meilleure !
Alors que je pensais avoir un problème de moisissure dans certains bacs, il s’est avéré que c’était un souci avec le biochar 😅
En grattant un peu dans le substrat lors de l’hivernage, j’ai remarqué qu’il n’avait pas été mélangé de manière homogène.
Résultat : la terre était presque vaseuse par endroit – alors que je n’arrosais plus depuis plusieurs semaines à ce moment-là 😱 C’est donc pour ça que certains plants pourrissaient mystérieusement !
C’est noté, on fera attention pour la saison prochaine 😬
POT BELGE & MYCORHIZES
J’ai opté pour la facilité et j’ai évacué le contenu des bacs (vase comprise) dans les nouvelles planches du potager en pleine terre.
J’ai renouvelé le substrat avec une recette assez similaire – à l’exception de la provenance plus locale des ingrédients.
On n’est pas supposé changer le terreau des bacs de permaculture chaque année, mais je ne me voyais pas gérer cet excès d’humidité avec la météo merdique qu’on a eue la saison passée (ndlr : il a plu environ d’aout 2023 à juin 2024).
POUR 100 LITRES :
• 70 litres de terreau DCM Potager, une référence classique des bons pépiniéristes et revendeurs en Belgique. Il est composé de tourbe blonde et tourbe noire, de compost vert, d’écorces compostées, de poudre de lave, de tourteau de pépins de raisins et de quoi nourrir les plantes pendant 150 jours en d’oligo-éléments et nutriments (NPK 7-7,5-8).
J’utilise la marque De Ceuster Meststoffen depuis que je m’adonne au jardinage (2015) sans jamais avoir été déçu. Pas donné, mais de très bonne qualité👌
• 20 litres de lombricompost Pur Ver, made in Belgium.
• 10 litres de biochar de la Perma Ferme du Ponceret à Bastogne (Belgique). Contrairement à l’année dernière où il était enrichi, ce biochar était« sec » à la réception. Je me suis chargé de l’enrichir en le faisant tremper 48h avec ce qu’il me restait sous la main d’engrais aux algues et d’activateur microbien Quaterna (dans le même esprit que le bactériosol ci-dessous).
• Granulés de Bactériosol universel en surface, composés de plus de 28 000 souches de micro-organismes et champignons qui vont se transmettre dans le sol.
La composition de ces pellets favorise la croissance et l’enracinement, améliore la résistance aux maladies et enrichit le sol en matière organique tout en augmentant sa capacité à retenir l’eau.
• Paillage au foin (prévu initialement)
• L’arrosage s’est fait comme l’année passée en alternance à l’eau de pluie et à l’eau de poissons.
J’ai apporté des granulés de guano de chauve-souris de GreenBat en engrais « coup de fouet » pour les aider un peu, au vu du peu d’ensoleillement 2024.
FEEDBACK :
Difficile de juger cette recette sur une saison aussi compliquée météorologiquement parlant, mais sachez que nous avons néanmoins produit 3.5 kg de plus que l’année précédente, avec le même type de légumes (et un nombre de plants quasi identique) ! 😅
Je ne peux pas affirmer à ce stade que le bactériosol et le guano fonctionnent mieux que les engrais alginates utilisés l’année dernière, car trop de paramètres ont changé d’une saison à l’autre.
Je note quand même qu’on fait de meilleurs résultats avec une moins bonne météo et plus de maladies.
Quoi qu’il en soit, l’approche vivante du sol semble être la bonne, même si les résultats auraient été encore meilleurs avec simplement plus de soleil et un peu moins d’humidité (qui a amené le mildiou assez vite).
Je n’ai finalement pas paillé les bacs, car l’humidité ambiante et les arrosages suffisaient amplement à garder la terre dans de bonnes conditions. Ca faisait toujours une cachette en moins pour les limaces ! 😒
RECETTE SUPER-SOIL
Je dois donc recréer un sol parfait de toute pièce – roche mère comprise.
Il faut que tous les oligo-éléments, enzymes, minéraux et des micro-organismes, ainsi que la nourriture de ceux-ci soient présents dès le départ pour que le système de sol vivant se mette en place.
Comme l’année dernière, j’ai transféré le contenu de mes bacs vers le potager pour recommencer sur une base saine. Pour la dernière fois, j’espère 🤞 😅
Je me suis basé sur la recette de Terralba (France), où j’ai acheté la majorité des amendements minéraux et engrais naturels qui ont servi aux mélanges détaillés ci-dessous (à l’exception des composants les plus lourds comme le terreau ou la grosse partie du lombricompost).
POUR 100 LITRES :
NB : je ne détaille pas les éléments que j’ai déjà expliqué plus haut 😉
BASE DE TOURBE, COCO & LIÈGE :
• 50 litres de terreau Gold Label ‘Custom No Perlite’. C’est ce qu’on appelle un terreau à semi : un light-mix très peu enrichi en nutriment qui permet un enracinement supérieur à la moyenne. Il est composé de 50% de tourbe vierge suédoise et 50% de coco ce qui lui confère une très bonne aération.
J’avais déjà opté pour la marque Gold Label l’année dernière, en utilisant leur Spécial Mix Light (avec perlite cette fois) pour réaliser une partie de semis 2024 (qui ont très bien fonctionné). J’ai confiance 👍
• 20 litres de terreau Mills Soil with Cork : il s’agit cette fois d’un mélange de qualité supérieure de tourbe, de copeaux de coco et de liège fin. Ce substrat est enrichi pour les 4 à 6 premières semaines de croissance. Je le dispose dans le fond du bac pour que les micro-organismes colonisent les textures fibreuses et le liège.
ÉLÉMENTS MINÉRAUX :
• 2 kg de basalte volcanique : cette roche volcanique bien connue stimule la vie microbienne, favorise la production d’humus, régule l’humidité, améliore la structure du sol et augmente son électroconductivité.
Le basalte est très riche en oligo-éléments (potassium, sodium, magnésium, fer, zinc et silice).
• 1 kg de zéolithe chabasite : moins connue, cette roche micronisée absorbe les surplus d’eau, y capte les éléments minéraux nutritifs et les diffuse lentement sur demande de la plante. De la sorte, elle et fait office de récupérateur/tampon de fertilité et augmente ce qu’on appelle la capacité d’échange cationique du sol.
Elle met quant à elle à disposition du sol des oligo-éléments plus rares, différents de ceux diffusé par le basalte (Chabasite 70 %, Phillipsite 2 %, Feldspath 5 %, Augite 3 %, Illite – Mica 2%).
• 250 g de sel d’Epsom : Ce puissant minéral est du sulfate de magnésium pur, un nutriment naturel qui renforce les racines, aide les plantes à produire la chlorophylle et à se régénérer rapidement.
MATIÈRES ORGANIQUES :
• 20 litres de lombricompost belge Pur Ver (environ 1/5ème du super soil).
• 10 litres de biochar enrichi en compost avec un NPK d’environ 3-3-3.
• 500 g de guano de vers de farine : ces déjections sont une matière compostée de premier choix que l’on peut utiliser tout au long du cycle de culture. Le guano agit comme un puissant activateur de sol qui favorise une vie microbienne intense.
• 1 kg de guano de poules composté : riches en soufre et en oligo-éléments (calcium, fer, zinc), ces déjections mûres de gallinacés permettent également une assimilation lente de l’azote (NPK 5-3-2). Elles sont idéales en phase de croissance.
• Paillage à la luzerne alfalfa : en plus de sa fonction de couvre-sol protecteur, la luzerne alfalfa est un inoculum de bactéries et de champignons qui fournit de nombreux minéraux, dont de l’azote, du potassium, du calcium ou du fer, mais aussi de l’acide folique et des protéines. Un paillage de choix 👌
ENGRAIS NATURELS :
• 500 g de cendre de coques de ricin : une fois l’huile extraite des graines de ricin (Ricinus communis), on brûle les coques restantes dont les cendres deviennent un amendement très riche en potassium, mais aussi en phosphore, calcium et magnésium.
Avec son NPK de 0,1-18,6-16,5, cet engrais naturel met l’accent sur la fructification pour des récoltes abondantes et des légumes/fruits bien développés.
Dans une moindre mesure, les cendres de coques de ricin sont utilisées comme répulsif contre les nuisibles, tels que les mulots, vers blancs et taupins. C’est la raison pour laquelle j’en incorpore au mélange dès le départ, même si j’en apporterai également pendant la saison via arrosage ou thé de compost oxygéné.
• Granulés de Bactériosol en surface. Bien qu’il y ait désormais de multiples apports en vie microbienne et champignons dans la recette, j’ajoute une poignée de bactériosol en surface… principalement parce qu’il m’en restait de l’année dernière 😅 Faut pas gâcher 😜
• En plus des arrosages traditionnels (eau de pluie et du bassin aquaponique), je compte ajouter de la mélasse de sucre de canne à raison de 10 ml par litre, tous les 15 jours environ. Riche en azote, potasse, vitamines et oligo-éléments, cette mélasse bio va nourrir intensivement la vie du sol qui en raffole (NPK 0,6-0-2,8).
J’apporterai également des thés de compost oxygéné avec d’autres éléments, comme de l’ortie, de la consoude, du kelp, du tourteau de karanja, mais aussi de la levure de bière ou du pollen d’abeilles. Mais je vous expliquerai tout ça dans un prochain article 😜
Des vers de terre ou pas ?
Notez également que certain(e)s rajoutent des vers de terre dans leur bac ou leur pot.
C’est une option que je vais creuser, mais probablement uniquement dans les pots et bacs extérieurs, car les lombrics apprécient un milieu de vie entre 10 et 20°C.
Les écarts de températures risquent d’être trop importants sous la serre, qui plus est dans des bacs peu profonds dans lesquels ils ne pourront pas descendre pour trouver de la fraicheur.
Pourquoi sacrifier inutilement de fidèles alliés, alors que je peux les utiliser ailleurs dans le jardin ? 😏
PRÉPARATION DU SUPER SOIL
C’est parti avec un bac de permaculture Noocity de 200 litres pour l’exemple. On se remonte les manches !


🎶 🤸♀️ Touille, touille ou touille ?! 💪


Une fois le mélange terminé, je saupoudre de granulés de bactériosol et pellets de luzerne alfalfa pour le paillage.
On arrose un coup à la mélasse pour activer la soupe… et c’est parti pour la gloire !🤞🔥
QUAND ON AIME … 🤭 
Je me suis peut-être un peu emballé ; j’en ai vraiment mis partout 😂
Environ 500 litres de super-soil sous la serre, répartis en :
– 4 pots géotextile de 50 litres,
– 3 bacs de permaculture 100 litres,
– 1 bac de permaculture 200 litres.
À l’extérieur, on dépasse les 1000 litres 🤯 😅 :
– 4 fontaines à fraises d’environ 20 litres,
– 2 pots géotextile de 50 litres,
– 1 growbed géotextile 265 litres,
– 1 growbed géotextile 550 litres.
Il ne reste qu’à attendre les beaux jours pour entamer les plantations 🌱
On se donne rendez-vous fin de saison
pour le bilan de nos premières récoltes en super-soil 🤗 🧑🌾
Améliorer son sol avec des amendements organiques et minéraux