Comme annoncé à l’automne dernier, j’ai pris conscience de la fin des DSLR après l’acquisition du Sony A7 IV. En conséquence de quoi j’ai décidé de revendre tout mon setup Nikon D500 avant qu’il ne dévalue trop pour réinvestir cette somme dans un autre système mirrorless.
En complément de mon Sony full frame (plein format), je voulais reprendre un hybride APS-C, soit un capteur plus petit, mais bénéficiant d’un facteur de grossissement pouvant faire de lui un téléconvertisseur de luxe.
L’objectif de ce deuxième setup est clairement la portabilité et l’encombrement minimal, sans faire trop de concessions sur la qualité ou les longueurs de focales qu’on utilise en animalier (500 mm minimum, 600 mm et plus idéalement).
J’ai envisagé chaque écosystème en fonction de mes besoins spécifiques de photographie d’oiseaux. Je partage ici le détail de ma réflexion, en espérant que cela puisse vous aider à décider ce qui est bon pour vous.
MES CRITÈRES DE CHOIX
Tout d’abord, je recherche une rafale de qualité et la plus rapide possible.
Je bave devant les performances des capteurs empilés (stacked sensor) qui permettent une utilisation de l’obturateur électronique à des vitesses folles de 30 images par seconde (et plus) sans rencontrer de failles. Ces capteurs haut de gamme évitent les déformations dues au rolling shutter ; un phénomène qui apparait lorsque l’action va trop vite par rapport à la lecture du capteur (pour faire très court). et n’ont pas de black-out lors des rafales (ces moments où le viseur devient noir et où on perd l’action des yeux).
Deuxièmement, la qualité de l’autofocus doit être au top. Il faut que cela soit réactif, configurable selon les situations et avec différents types de détections (humain/mammifère/oiseau/voiture/…).
Troisièmement, la richesse de l’écosystème (qualité et nombre d’objectifs et accessoires disponibles) est un point que je ne néglige pas, même si j’ai déjà la meilleure option possible en étant chez Sony.
À côté de cela, la qualité d’image, la dynamique, la montée en ISO et l’ergonomie ont leur importance.
L’APS-C PARFAIT N’EXISTE PAS ENCORE
Si les modèles flagship des quatre grands constructeurs se tiennent en termes de performances, le reste de leur gamme n’est pas toujours aussi qualitative actuellement.
Même si les dernières sorties se rapprochent peu à peu de l’ASP-C parfait, il manque toujours un petit quelque chose pour avoir « les petits frères » des Sony A1, Canon R3 ou Nikon Z9.
J’imagine que les catalogues des différentes marques verront apparaitre ce genre d’ASP-C premium prochaines années !
Nikon
Chez Nikon, les autofocus des modèles APS-C (Z fc, Z30 ou Z50) sont actuellement trop en retard par rapport à Canon et Sony. Le Z9 a remis les pendules à l’heure en termes de performances, mais pas question de débourser 6000€ pour mon usage amateur. Qui plus est, c’est un full frame et pas un APS-C 😉
La gamme d’objectifs est large chez Nikon, mais ils sont relativement imposants. J’ai adoré le couple D500 + Nikkor 80-400, mais vu que je devais changer de monture pour m’adapter à la série Z, c’était +/- repartir de zéro également. Je n’avais pas envie d’ajouter une bague adaptatrice pour monture Z sur mes objectifs en monture F (déjà assez encombrant comme ça !).
Sony
La gamme APS-C est vieillissante chez Sony, même si elle reste une super « porte d’entrée » dans l’univers des hybrides mirrorless. Ils étaient éliminés d’office de ma sélection pour cette raison, mais j’imagine qu’ils seront mis à jour tôt ou tard.
S’ils essayent de contrer l’offre actuelle de Canon, il est fort à parier que la nouvelle génération sera tout aussi incroyable ! À suivre.
FujiFilm
Côté Fuji, le X-H2S est probablement celui qui se rapprochait le plus de mes critères idéaux actuellement : capteur empilé, bonne rafale, autofocus convaincant, quelques beaux objectifs dans la gamme, … Sans être le meilleur dans chaque critère, il a de très bons arguments pour lui.
Mais à ce tarif (2750€, soit quasi le prix du Sony A7 IV), il ne peut pas se contenter d’être un boitier temporaire et doit être parfaitement adapté à mes besoins spécifiques de Birding. J’avoue qu’après avoir goûté aux molettes Fuji avec le x100v, je suis un peu déçu de ne pas retrouver cette ergonomie sur le X-H2S.
Après un très bon modèle X-T4 (qui a les molettes, lui !), j’espérais que le nouveau X-T5 soit positionné un peu plus haut de gamme. Il n’en est finalement rien et on s’en contentera déjà bien. Cela dit, au niveau de prix d’un XT5 (1900€), il y a d’autres options… plus canon 😜
Canon
Difficile de résister à l’annonce des tout nouveaux EOS R10 (1000€) et EOS R7 (1500€) ! À un tarif raisonnable, ils embarquent un nombre impressionnant de fonctionnalités et des performances de haute volée !
Le R7 et son capteur APS-C de 32,5 mégapixels stabilisé sur 5 axes ont particulièrement retenu mon attention. On y retrouve toute la puissance des derniers processeurs Canon en matière d’autofocus, détection des sujets et des yeux de ceux-ci – soit ce qui se fait de mieux actuellement sur le marché.
Parmi les nouveautés qui m’ont tout de suite attiré chez Canon, le mode rafale RAW qui permet d’enregistrer une demi-seconde AVANT que vous n’ayez appuyé sur le déclencheur. Une fonctionnalité absolument géniale pour la photo de sport, l’animalier et les oiseaux en particulier où les mouvements des sujets sont irréguliers et imprévisibles. Décollage, atterrissage, en vol, … des moments particuliers à saisir et souvent manqués de peu.
Notez qu’on retrouve cette fonction sous différentes appellations selon les marques : « Pre-Shot » (Fuji), « Pre-release capture » (Nikon) ou « Pro-Capture » (Olympus) font toutes références à cette fonctionnalité. À ce stade, c’est une technologie absente des mirrorless Sony. Autant vous dire que je scrute les prochaines updates du A7IV avec attention ! 👀 (même si mettre à jour les Sony est une vraie sinécure… 🤯).
CANON R7 vs FUJIFILM X-H2S
Pour la grande finale, il y avait donc clairement match entre Canon et Fuji !
Par rapport au R7, le X-H2S est plus performant au niveau capteur et ne souffre de quasi aucun rolling shutter, ni black-out pendant les rafales. Il semble de répondre un peu mieux en basse lumière, mais difficile de juger sans avoir testé. Le viseur a l’air très agréable sur papier avec ses 120 fps de rafraichissement et plus de 5 mégapixels de résolution.
On y retrouve les nombreuses options de colorimétries et simulation de films qui font mon bonheur sur le x100v ainsi que les couleurs Fuji naturellement très belles. Tout comme le R7, le Fuji permet d’avoir la fameuse fonction de Pré-Shot qui permet d’enregistrer 0,5 seconde avant que vous n’ayez déclenché.
Le X-H2S est actuellement l’hybride APS-C le plus performant du marché. Son prix est à la hauteur des performances et vient côtoyer les tarifs demandés par Sony pour son A7IV plein format.
Comme dit plus haut, je suis un peu triste de ne pas retrouver l’ergonomie des molettes typiques de la marque sur ce modèle.
De son côté, le Canon R7 a de beaux arguments à faire valoir aussi. Il est un peu en retrait du X-H2S en termes de qualité de rafale (un peu moins rapide + un peu de black-out, certes compensé) et de montée en ISO (APS-C et 32 mégapixels obligent…), mais il tient toutes ses promesses côté autofocus, détection, stabilisation et qualité d’image.
Hormis le X-H2S, le R7 est en vraiment au-dessus de toute autre concurrence actuellement… à 1250€ moins cher que le Fuji ! Il est également un peu plus léger et un peu plus compact, soit des critères importants à mes yeux pour ce deuxième setup à vocation nomade.
J’apprécie les couleurs Canon autant que j’adore les simulations de film chez Fuji. Cela dit, je shoote principalement en RAW dans le cadre de la photo d’oiseau et ne profite donc pas directement de ces presets particuliers. Bref, ce n’est pas un critère dans mon cas, sachant que je peux toujours rajouter une esthétique de simulation de film en postproduction dans Ligthroom.
Côté prix, les kits envisagés se tiennent à peu de chose près :
• X-H2S à 2750€ avec un Fuji 150-600 mm f 5.6-8 à 2100€ ou le Tamron 150-500 f 5-6.7 à 1500€, soit le kit entre 4250€ et 4850€ selon l’objectif choisi au final.
• Canon R7 à 1500€ et le fabuleux (mais super cher) RF 100-500 mm à 3000€ , soit 4500€ pour le kit.
Notez que j’envisage directement « les gros objectifs », car je sais que je finirai par craquer tôt ou tard 😅 Les 100-400 m’auraient probablement déjà permis de faire de belles choses, mais j’aurais toujours lorgné sur plus de reach (quand c’est disponible). Ne perdons pas de temps ni d’argent, et investissons directement dans l’objectif idéal – quitte à économiser plus longtemps.
BACK TO CANON
Outre l‘aspect nostalgique d’un retour à mes premiers amours (j’ai débuté sur un EOS 350D), j’ai finalement opté pour un pari sur l’avenir avec le R7 plutôt que la performance immédiate avec le Fujifilm.
Comme boitier principal polyvalent, j’aurais probablement opté pour ce X-H2S si je n’avais pas déjà investi en ce sens dans l’écosystème Sony et si je ne profitais pas déjà du fun-factor Fujifilm avec le x100v et ses recettes de simulation de films.
Mais comme deuxième boitier, en complément de mon full frame et dans le contexte de la photographie d’oiseaux, le R7 répond déjà à beaucoup de critères. Il devrait m’accompagner une paire d’années (ou plus) en attendant l’APS-C parfait pour moi.
D’autre part, je trouve un Fuji un peu cher, même si c’est un prix logique compte tenu des technologies qu’il embarque. À voir si le tarif du boitier ne va pas descendre un peu dans l’année après son lancement.
De manière générale, je préfère investir dans les objectifs (qui dévaluent moins vite) que dans les boitiers qui finissent par se renouveler tous les 4-5 ans depuis l’avènement des hybrides mirrorless.
De leur côté, les objectifs ne m’ont pas spécialement aidé à me décider non plus tant ils proposent des performances proches. Dans les 3 options disponibles (Fuji 200-600, Tamron 150-500 et Canon 100-500), c’est le 100-500 qui m’a le plus excité pour son range idéal, son poids et son encombrement – malgré son ouverture max à f 7.1 à 500 mm.
Le facteur de grossissement APS-C du boitier transforme le 100-500 en 160-800 mm ! Vraiment idéal pour l’animalier 😍
Comme beaucoup, je déplore le fait que Canon n’ouvre pas (encore ?) sa monture aux autres constructeurs comme Sigma ou Tamron, ce qui permettrait d’avoir une offre plus large dans tous les budgets (comme Sony et Fuji le font).
Malgré cela, les objectifs Canon sont vraiment excellents et il est souvent mieux d’utiliser un objectif de la marque pour maximiser les performances et donc, les résultats obtenus. Autrement dit : j’aurais probablement privilégié un objectif Canon même si j’avais eu plus de choix 😬 Mais bordel : 3000 boules, ça pique !
Money talks
J’ai profité de la promo de lancement avec la bague d’adaptation EF (pour utiliser les anciens objectifs Canon en monture EF) et d’un cashback de 200€ sur l’objectif. Au final, avec la revente de mon matériel Nikon, je m’en sors avec un Canon R7 et la RF 100-500 mm en ayant dû rajouter l’équivalent d’un R10. 💸
L’avenir me dira si j’ai fait le bon choix. Si cela se trouve, ça se finira dans quelques années avec un APS-C Sony et un full frame Canon 😅
Le X-H2S reste une super option si vous êtes déjà chez Fuji ou que vous voulez en faire votre boitier principal.
En attendant, je continue d’explorer le R7 avant de vous en toucher un mot dans un prochain article dédié.
Stay Focused 🤗