Après avoir vous avoir détaillé ma réflexion dans la quête d’un boitier hybride APS-C pour la photographie animalière, voici venu le moment de vous toucher un mot sur mon choix final : l’excellent Canon EOS R7.
BACK TO CANON
Cela fait maintenant plus de 6 mois que je manipule le R7 et que je redécouvre avec plaisir à l’univers Canon – presque 20 ans après avoir commencé la photo sur un 350D.
Si l’appareil n’a plus rien à voir techniquement parlant, le simple fait de prendre en main ce petit boitier estampillé Canon me plonge encore régulièrement dans de bons souvenirs, façon madeleine de Proust.
Comme évoqué dans ma réflexion d’achat, j’ai opté pour la solution offensive en couplant le R7 avec le RF 100-500 mm f4.5-7.1 L IS USM. J’ai préféré investir directement dans l’objectif idéal, quitte à économiser un peu plus longtemps.
J’ai profité de la promo de lancement avec la bague d’adaptation EF (pour utiliser les anciens objectifs Canon en monture EF) et d’un cashback de 200€ sur l’objectif.
Au final, avec la revente de mon matériel Nikon DSLR, je m’en sors avec un Canon R7 et la RF 100-500 mm en ayant dû rajouter l’équivalent d’un R10. Cela rend la note moins douloureuse, mais cela reste un budget ! 🥲
TOUR DU BOITIER
Le R7 est un appareil photo hybride mirrorless qui possède un capteur APS-C de 32,5 mégapixels stabilisé sur 5 axespouvant monter jusqu’à 51200 ISO. Le capteur ASP-C offre un facteur de grossissement de 1.6 chez Canon (contrairement à la concurrence x 1.5). Cela signifie qu’un objectif 100 mm donnera une image équivalente à du 160 mm une fois monté sur le R7 (soit la focale multipliée par 1.6).
On a le choix entre l’obturateur mécanique (jusqu’à 1/8000 et 15 images par seconde en rafale), l’obturateur électronique (jusqu’à 1/16000 et 30 images / seconde), ou le premier rideau électronique (1/16000 + 15 i/s).
En plus de la molette de sélection des modes, on dispose d’une molette à l’avant sur le haut du boitier et d’une deuxième molette à l’arrière qui entoure un joystick ; une configuration qu’inaugure Canon sur ce R7. On retrouve un bon nombre de boutons paramétrables à souhait un peu partout, mais pas de molette autour du bouton SET – un peu dommage de se priver de cette ergonomie.
Pour cadrer vos sujets, vous avez le choix entre le viseur électronique OLED de 2,36 millions de points (1024 x 768) et un écran 7.5 cm LCD Multitouch sur rotule, très réactif et de bonne résolution. Le viseur gagnerait à être plus grand, mais cela reste utilisable 😉
La connectique est complète (hdmi grand format, usb-c, jack 3.5 mm, …) et le R7 propose 2 slots pour carte SD de norme UHS-II (les plus rapides). Il embarque également une nouvelle griffe multifonctions, destinée à accueillir notamment des micros.
Le tout, emballé dans un boitier compact et plutôt bien tropicalisé (résistant aux intempéries) pour 612 grammes sur la balance.
Pour un tour complet, ainsi que des tests en détail, je vous renvoie vers les vidéos de Damien Bernal, Adrien Coquelle (Pose Nature), Fabian Fopp et Duade Paton (en anglais).
VERDICT
A chacun ses critères lorsqu’il s’agit de choisir son appareil photo. Pour ma part, ce Canon R7 a été spécifiquement choisi pour la photo animalière et plus particulièrement la photographie d’oiseaux, dans l’optique d’un setup léger et peu encombrant pour emmener en balade et affûts mobiles.
Je le considère également comme un appareil « de transition », en attendant que les mirrorless APS-C à capteur empilé se démocratisent et se généralisent dans les catalogues des constructeurs.
J’ai donc une certaine tolérance, mais je l’attendais au tournant sur certains points !
👌 My Tailor is Reach
Le facteur de grossissement APS-C du capteur transforme le RF 100-500 en 160-800 mm !
Si on se « contente » d’un 100-400 mm, cela amène le reach à 640 mm (c’est plus léger dans le sac !) et si on n’a pas peur de l’encombrement et du poids, il est toujours possible d’adapter un Sigma 150-600 avec la bague EF-RF pour atteindre 960 mm 🤯
Au post-traitement, les 32,5 mégapixels permettent de recadrer allègrement dans l’image et de conserver une taille et une qualité exploitables dans la plupart des utilisations. Vous allez « remplir le cadre » ! 👍
C’est vraiment un téléconvertisseur de luxe, idéal pour l’animalier
✓ El Famoso montée en ISO
On pouvait craindre le pire avec un capteur APS-C de cette définition, mais le bulletin est tout à fait honorable de ce côté-là.
Certes, le bruit apparait relativement tôt (vers 1600 ISO), mais rien de significatif que les nouvelles évolutions des logiciels antibruit ne peuvent traiter désormais, grâce à l’IA (Topaz Denoise, DXO Pureraw 3 ou la dernière update de Lightroom).
Vous pouvez y aller tranquille, sans (trop de) limitation dans la plage ISO, afin de ne jamais rater votre photo à cause d’une vitesse d’obturation trop basse ! On peut atténuer du bruit numérique, mais on ne peut pas rattraper un flou de mouvement ou de bougé ! ☝️
Disons que jusqu’à 6400, voir 12800 ISO c’est très bien, après c’est selon la tolérance de chacun.
S’il faut ergoter un peu : bien que je shoote en RAW (non compressé) et pas en C-RAW (C pour Compressé), je n’arrive pas toujours à déboucher les ombres et les noirs denses proprement sans créer de bruit, par rapport aux latitudes de retouches que j’ai avec des photos prises dans les mêmes conditions avec le Sony A7IV (full-frame).
J’imagine que cela fait partie du deal quand on opte pour un APS-C plutôt qu’un plein format au capteur plus grand. Qu’à cela ne tienne, je repasse parfois certaines photos dans un Denoizer à la fin du traitement pour corriger cela.
👍 La rafale infernale !
Niveau rapidité, Canon nous régale avec 30 images/seconde en obturateur électronique et 15 i/s en mécanique, c’est énorme et cela suffira à figer une action dans la plupart des situations.
L’obturateur électronique souffre d’un peu de rolling shutter, mais cela reste très acceptable dans l’ensemble. On se rend compte de ce phénomène principalement lorsqu’on fait défiler les photos d’une rafale : certaines sont distordues et offrent des déformations peu naturelles.
Malgré ça, grâce à la qualité de l’autofocus et à une bonne stabilisation, il y a vraiment peu de déchets dans les rafales.
Le point faible se situe au niveau de la taille du buffer et de la vitesse d’écriture des fichiers sur la carte SD, aussi rapide que cette dernière soit-elle.
En obturateur électronique, la rafale H+ (30 images/seconde) s’arrête ainsi après un peu plus d’1 seconde en RAW full définition et dure environ 3 secondes lorsqu’on passe en rafale H (15 images/seconde).
Si vous avez besoin d’une rafale plus longue, il va falloir rogner sur la qualité en passant au format C-RAW qui offre une rafale H+ de 30 i/s pendant 3-4 secondes et une rafale H de 5 à 6 secondes à 15 images par seconde.
En obturateur mécanique, la rafale H+ (15 images/seconde) tient environ 3 secondes en RAW et jusqu’à 5-6 secondes en C-RAW. Toujours bon à savoir, vous obtiendrez une rafale illimitée à 8 images/secondes en C-RAW avec la rafale H
Pour contrer la taille limitée du buffer, on apprend donc à gérer sa rafale en appuyant par petits déclenchements plutôt qu’en maintenant le déclencheur pour mitrailler.
On s’y fait franchement vite (même si on aurait aimé avoir un peu plus de marge) et ça fait moins de fichiers à trier quand on rentre 😅
🤩 Rafale RAW : Game changer
Une fois activé, le mal-nommé mode Rafale RAW va enregistrer 0,5 seconde en boucle jusqu’à ce que vous appuyez complètement sur le déclencheur pour lancer votre rafale. Cela vous permet d’aller récupérer les photos qui précèdent votre déclenchement ! Vous avez ensuite la possibilité d’aller extraire une ou plusieurs images de la séquence enregistrée.
C’est extrêmement utile en photographie animalière et en photo d’oiseaux, puisque cela nous permet de capturer des décollages, battement d’ailes et autres scènes de chasses avec encore plus de précision. Là où on avait tendance à mitrailler à l’avance sans trop savoir quand l’oiseau allait atterrir ou décoller, il nous « suffit » de déclencher au mouvement de l’animal et le Canon R7 fait le reste ! 😍
S’il s’agit d’une nouveauté chez Canon, ce système de prises de vue « avant le déclenchement » existe déjà chez Fuji (Pre-Shot), Nikon (Pre-Release Capture) ou Olympus (Pro-Capture).
Canon va un peu plus loin que la concurrence et propose d’en extraire des fichiers en RAW, contrairement à la concurrence qui s’arrête aux JPEG (pour le moment). C’est toujours un plus en photo animalière que d’avoir le maximum de données pour rééquilibrer la photo au développement.
Cela dit, vu la cadence et la durée du buffer, j’aurais tendance à dire que les photos du pré-shot sont capturées en C-RAW, mais je peux me tromper (n’hésitez pas à me corriger en commentaires si vous avez l’info).
Tout n’est pas encore parfait, car on voudrait pouvoir configurer le mode Rafale RAW directement sur les modes C1/C2/C3 (et non pas devoir l’activer à chaque fois), ou encore l’extraction des photos qui ne se fait pas encore de manière optimale sur LightRoom, mais c’est déjà une belle (r)évolution en soi !
Good Game Canon 👍
😬 Autofocus
Je vous l’accorde : classer l’autofocus du R7 dans les points « mitigés » du bulletin est probablement très sévère.
Dans 90% des situations, et souvent les plus extrêmes, il fait un travail exemplaire de reconnaissance des sujets, allant jusqu’à trouver l’œil en des temps records. Aussi bien, si ce n’est mieux que mon Sony A7IV et son 200-600 mm.
Néanmoins, dans ma pratique courante, j’ai beaucoup d’effet de pompage lorsque je photographie des oiseaux perchés dans des arbres avec des arrière-plans chargés et/ou que des feuilles viennent perturber (très souvent) la mise au point. Là, il perd les pédales et ne sait plus quoi faire. Ça peut durer 2 à 5 secondes, bref une éternité quand on n’a que quelques dixièmes de secondes pour avoir la bonne pose de notre sujet virevoltant.
Après quelques recherches sur les Internets, je ne suis visiblement pas le seul à avoir rencontré ce phénomène de pompage, à la différence que cela impacte mon Backyard Birding, une de mes pratiques les plus courantes.
En attendant un éventuel correctif software pour compenser ce pompage qui semble être dû à la taille des photosites sur le petit capteur APS-C du R7, il reste deux solutions pour contrer cet effet indésirable : passer en focus manuel ou débrayer l’autofocus en désactivant tous les systèmes de reconnaissance (Animaux/Yeux).
C’est un réflexe qui vient petit à petit, mais c’est bien plus embêtant que la taille du buffer.
🙃 Ergonomie
Je voulais du solide, compact et léger : le R7 coche toutes les cases. Le toucher des boutons, molettes et autres commandes inspire la confiance. Il supporte bien les 1530g du RF 100-500.
L‘écran est vraiment excellent et se manipule avec la précision d’un smartphone. J’ai également apprécié la longévité de la batterie qui tient facilement la journée.
Au niveau de la prise en main, il n’y a rien de mal fait ou de réellement contraignant, mais ce n’est pas aussi intuitif que sur le Sony, où tous les boutons et molettes me tombent littéralement sous les doigts.
Malgré 6 mois d’utilisation, je change encore régulièrement la configuration du R7 pour trouver l’ergonomie qui me convient le mieux.
Pour ma part, j’aurais préféré avoir l’activation du boitier autour du déclencheur et libérer cet espace pour une molette supplémentaire, car la nouvelle molette qui entoure le joystick ne fait pas aussi bien le job pour moi.
Je cherche aussi fréquemment la roulette autour du bouton SET, c’est vraiment dommage qu’il n’ait pas intégré cette fonctionnalité (qu’on retrouve pourtant sur d’autres modèles chez Canon).
Chacun se fera son opinion sur cet aspect 😬
✋ Le shutter mécanique
Autant l’obturateur mécanique envoie 15 images/secondes en rafale, autant il est très bruyant et fait un bruit dégueulasse (n’ayons pas peur des mots) !
Quand je suis passé du son de la mélodieuse rafale du D500 au celle du Sony A7 IV, j’avais déjà fait la grimace. Ici, ça sonne cheap et ça fait beaucoup de bruit : un comble pour un appareil photo qui se veut destiné à l’animalier – donc un peu discret pour ne pas déranger nos sujets ou les faire fuir !
Il « tape » tellement fort, qu’il provoque du shutter shock en dessous d’1/500 de secondes ! Bref, en dessous de cette vitesse, l’obturateur mécanique fait vibrer l’appareil et provoque un léger flou.
Bref, ce n’est pas folichon – Canon nous a habitués à mieux.
Tout n’est pas à jeter pour autant : l’avantage de l’obturateur mécanique sur l’électronique, c’est qu’il évite toutes les déformations imputées au rolling shutter.
De manière générale, à chaque fois que vous avez un arrière-plan aux formes reconnaissables (un bâtiment, une voiture, ou simplement un poteau bien droit), vous serez amené à constater plus facilement les déformations dues au rolling shutter que si ce sont des feuilles où des arrière-plans bien diffus. Il est donc préférable d’opter pour l’obturateur mécanique dans ces cas-là.
Réserverez idéalement le shutter mécanique aux situations telles que des oiseaux en vol, aux mouvements erratiques (du gibier qui court, des oiseaux qui fricotent, …) et aux longues distances plutôt qu’aux affûts discrets de proximité. Vous oubliez l’obturateur mécanique en dessous de 1/500 (portrait, paysage, astrophoto, …).
CONCLUSION
Je suis vraiment très content de cet EOS R7 et du couple qu’il forme avec le RF 100-500 !
Certes, le boitier a quelques défauts et est perfectible, mais pour 1500€ : on n’est pas volé sur la quantité et la qualité de la technologie embarquée ! Il n’a pas de gros points faibles, si ce n’est le volume sonore et le shutter stock de l’obturateur mécanique.
C’est un excellent compagnon de balade, mais c’est aussi un rapport compacité/poids/reach génial, qui a fini par détrôner mon Sony A7IV et son 200-600 comme choix #1 pour le Birding.
Il mériterait un grand frère (R7s ? R4 ?) avec capteur empilé, un gros buffer, plus de molettes et la possibilité d’y rajouter un grip. Il serait alors un Birder presque parfait.
Bref, je suis très content de mon retour chez Canon !
NB : Je filme assez peu actuellement, je n’ai pas d’avis spécifique sur cet aspect d R7, mais c’est suffisant pour ce que j’en fais (et ca ne chauffe pas !) 😉