Il y a un peu plus de cinq mois, je quittais mon Sony A7 IV pour un Nikon Z8.
Sur papier, ce Z8 et son firmware 2.0 cochaient presque toute les cases de ma check-list de spécifications pour ma pratique principale qu’est la photographie d’oiseaux.
Qu’en est-il au final ?
NIKON Z8
Voici un petit rappel des caractéristiques du Z8 pour vous rafraichir brièvement la mémoire :
Spécifications principales
• Capteur empilé de 45,7 millions de pixels
• Autofocus Deeplearning avec détection humaine, yeux, animaux, oiseaux, véhicules.
• 20 personnalisations du cadre AF
• Rafale RAW jusqu’à 20 images par seconde
• Rafale JPEG jusqu’à 120 images par seconde
• Mode prédéclenchement (jusqu’à 120 i/s)
• Stabilisation électronique
• Processeur Expeed 7
• Format HEIF supporté qui permet HDR PQ 10 bit, BT.2020
• 8K 60 images par seconde en N-RAW 12 bits en interne
• 4K 120 images par seconde
• ProRes RAW HQ jusqu’à 4K60p
• Logement CF Express + carte SD UHS-II
• Poids : 910 grammes
Pour des tests en profondeurs, je vous invite à lire les critiques du Z8 sur PhotoTrend.fr et sur LesNumériques.com ou de regarder les vidéos de Damien Bernal, d’Adrien Coquelle ou le guide du nouvel autofocus de Steve Perry sur Youtube.
PHOTOS D’OISEAUX & ANIMALIÈRE
Dans le cadre de ces disciplines particulières, voici les points importants que j’ai relevés sur le Z8, ainsi qu’une comparaison avec les autres appareils photo que j’utilise ou ai utilisés intensivement à ce stade (Nikon D500, Sony A7 IV, Canon R7, Fujifilm XH2S).
Stacked !
C’est mon premier boitier avec un capteur empilé ET un autofocus capable de faire de la photo d’action (Sorry Fuji 😅) et autant vous dire qu’on voit directement la différence par rapport à mes autres boitiers ! C’en est presque totalement fini des déformations liées à la vitesse de lecture du capteur ✌️
Les actions les plus rapides, comme les oiseaux en vol, sont presque parfaitement figées aux vitesses les plus élevées (entre 1/2000 et 1/4000). C’est incomparable par rapport à l’A7 IV et au R7 – déjà particulièrement lents pour des capteurs non empilés.
Ce stacked sensor est un must-have pour la photo animalière et la photo d’action en général. Il n’y aura pas de retour en arrière en ce qui me concerne !
Rafale
La rafale maximale sature à 20 images par secondes en RAW, ce qui est confortable la plupart du temps, mais pas le top non plus.
À titre comparatif, le Canon R7 en propose 30 et le Fuji XH2S 40 – soit le double ! Cela peut sembler beaucoup, mais ces prises supplémentaires sont plutôt pratiques pour sélectionner LE bon cliché lors d’une phase de décollage, une bagarre entre passereaux ou une séance de nettoyage à la fontaine.
Si on veut augmenter la cadence du Z8, jusqu’à 120 images par seconde, il faut passer au format JPEG, avec les contraintes de postproductions que cela implique.
En effet, le format RAW est particulièrement indiqué en animalier, car il permet de récupérer et modifier plus d’informations dans la scène – notamment la balance des blancs et l’exposition qui varient beaucoup en pleine nature.
Prérafale
Même si elle n’est pas si récente, cette fonction est de mieux en mieux implémentée par les différents fabricants et devient tout doucement un indispensable pour la photo animalière, de sport et d’action.
Pour rappel, cela permet à l’appareil de prendre des photos entre 0,5 et 1 seconde avant que vous ne déclenchiez. Une fois que vous faites la photo, l’appareil inscrit les photos préenregistrées dans le buffer sur la carte. En conséquence, on peut se permettre de déclencher uniquement quand l’action se passe, et de récupérer le début de la séquence grâce à la précapture. Un vrai cheat code 🔥
Je n’utilisais presque jamais la prérafale du Canon R7, car très mal implémentée, peu pratique au quotidien (Fichiers en pile de RAW dont il faut extraire les images désirées), et au format JPEG uniquement.
Sur le Nikon Z8, on doit également faire la concession du format JPEG, mais les fichiers sont inscrits séparément et directement exploitables. On peut enregistrer jusqu’à 1 seconde à 30 images/seconde : c’est très confortable et on arrive généralement à récupérer le meilleur moment de la séquence.
Souvent utilisée pour les décollages d’oiseaux, la fonction prérafale demande un peu de temps à prendre en main. C’est vraiment une autre manière de prendre des photos. C’est très addictif au début, je n’ai fait que cela les premières semaines 😬
Comme pour le capteur empilé, il n’y aura pas de retour en arrière : la prérafale, c’est obligatoire désormais !
Dommage qu’elle ne soit pas au format RAW… J’espère pour les utilisateurs de Z8 que Nikon trouvera un moyen de rendre ce format disponible dans la prérafale via une mise à jour 🤞 (Est-ce une contrainte technique ?)
Autofocus à niveau
L’autofocus est à la hauteur de mes espérances, même s’il n’est pas encore parfait.
La détection est clairement un niveau au-dessus du Sony A7IV : c’est plus réactif et plus accrocheur. C’est aussi mieux que sur le Canon R7 – surtout lié au fait qu’il n’y a pas ce problème de pompage (lié au R7 et pas aux objectifs). Quant au XH2S… on dirait un appareil d’une autre époque en comparaison 🥲
J’utilise généralement 4 collimateurs pour arriver à mes fins : la zone large automatique (qui donne de super résultats lorsqu’il n’y a qu’un ou deux sujets dans le cadre), une zone custom moyennement large (pour restreindre la zone s’il y a trop d’éléments distractifs dans le cadre), le 3D tracking et le spot.
La détection des oiseaux fonctionne vraiment très bien. Je n’ai plus vraiment besoin d’activer/désactiver la détection de yeux pour que l’appareil se concentre sur le corps (comme je devais le faire auparavant).
Et si l’autofocus se laisse parfois distraire par des éléments du décor (feuillage, branche, arrière-plan très chargé, …), il existe plusieurs façon de reprendre la main :
– Si la mise au point ne se décale que légèrement, j’utilise plutôt la bague de MAP manuelle de l’objectif pour rétablir la netteté (avec les indicateurs de focus peaking en bleu, pour bien ressortir dans la nature).
– S’il est complètement à la ramasse, je privilégie le collimateur spot (le plus petit) sans aucune détection et aucune forme d’aide. J’ai assigné cette fonction sur un des boutons à l’avant du boitier.
– J’utilise également de mémorisation et rappel de mise au point, principalement sur trépied. C’est assez pratique pour revenir rapidement au focus sur un point spécifique (une perche) lorsqu’on s’est laissé distraire ailleurs en attendant le retour d’un oiseau dans la scène initiale/idéale.
De manière générale, l’autofocus arrive à un niveau de fiabilité où la technique du back Button focus n’est plus vraiment nécessaire à mon sens. Je préfère utiliser (ou ne pas utiliser) mes doigts disponibles autrement 😬
Mention très bien 👍
Le point qui me semble à améliorer semble être le suivi autofocus en mode prérafale, qui n’est pas aussi bon qu’en rafale standard.
Je contre cela en essayant d’être le plus possible parallèle au mouvement de l’oiseau en augmentant la profondeur de champ à f 8 ou plus, quand c’est possible… Sans compter que mon sujet ne part pas toujours dans la direction escomptée 😅
Piège photo, la bonne idée
Je n’ai testé qu’une fois la fonction permettant de transformer le Z8 en piège photo, mais je l’ai trouvé très bien faite, facilement configurable et y ai trouvé directement une utilité dans mon setup à 2 appareils.
J’ai positionné l’appareil ainsi réglé sur un trépied, avec la mise au point réglée sur la sortie d’un nichoir, en attente de l’envolée des oisillons de l’année. Dans un autre coin du jardin, j’étais à la main avec le Canon R7, à l’affut avec un autre angle. L’expérience a malheureusement tourné court à cause d’une pluie abondante (comme une bonne partie de mes sorties photo à ce stade de l’année 2024 🌧️).
Bref, c’est une super fonction – unique à Nikon. Bravo 👏
Nikon Z 180-600 mm f 5.6-6.3
Malgré la qualité de l’adapteur Megadap (voir ci dessous), j’ai privilégié un objectif en monture Z pour la photo d’oiseaux afin de profiter de 100% des performances du boitier.
L’objectif est vraiment excellent, à la hauteur du Sony FE 200-600 mm. Ils pèsent grosso modo le même poids et se manipulent de manière assez identique. La stabilisation m’a semblé néanmoins meilleure sur le Nikon que sur le Sony.
Les boutons programmables m’ont permis d’utiliser le rappel de mise au point préenregistrée à cet endroit, c’était très pratique.
De manière générale, le piqué est au rendez-vous et la qualité d’image est à la hauteur de ce qu’on peut attendre d’un zoom dans cette gamme de prix. Ce n’est pas le rendu d’une focale fixe, mais c’est déjà très satisfaisant à mon niveau. Qui plus est, je privilégie toujours la flexibilité d’un zoom en animalier.
J’ai remarqué qu’il chauffait pas mal au niveau des moteurs autofocus, malgré des températures plutôt tempérées pendant mes sessions (aux alentours de 20°C). Faudrait voir dans des conditions à plus de 30° comment il se comporte 🤔 J’imagine que la prérafale met les moteurs à rude épreuve !
spoiler : je ne le saurai jamais 😅
OBJECTIFS SONY SUR NIKON AVEC MEGADAP
Un de facteur qui m’avait convaincu de switcher de Sony à Nikon était la possibilité d’utiliser mes objectifs en monture FE (Sony) sur la monture Z (Nikon) grâce à un adaptateur. Cela allait me permettre d’éviter de renouveler une nouvelle fois mon parc optique. 😮💨
Cette bague d’adaptation, c’est la Megadap ETZ21 Pro. J’ai pu utiliser mes Tamron 35-150 f 2-2.8 et mon Sigma 16-28 mm f2.8… Et franchement, c’est une réussite !
Premièrement, elle est minuscule et n’impacte pour ainsi dire pas le poids de l’ensemble (comme certains adaptateurs bien plus imposants).
Les performances autofocus sont franchement très bonnes, pour une utilisation standard ou de paysage.
En guise de test in-real-life, j’ai pu shooter une pièce de théâtre (du 4ème rang, la plupart du temps) avec le Tamron 35-150 mm sur le Z8. J’ai eu grosso modo 15% de déchet imputable à l’AF et non à un mauvais réglage ou un flou de bougé.
La détection des visages fonctionne de manière assez satisfaisante, même si les rafraichissements de mise au point trop rapides le faisait fréquemment passer en mise au point manuelle. Je pouvais le voir facilement, car ces « coupures d’autofocus » activaient (dans ma config) le focus peaking bleu 🙈
Bien que ces micro-coupures soient relativement fréquentes, ce n’était pas rédhibitoire pour autant dans ce type de situation. En animalier ou sport, par contre… ça m’aurait gonflé ! Je suis content d’avoir pris le 180-600 🥳
Donc le Megadap, pour ma part, c’est plutôt validé.
Exemple ici, où la charmante comédienne (mon épouse 😬) tournait en courant autour du comédien, en s’arrêtant brusquement par moment. L’AF a fait un excellent job pendant toute la séquence.
J’avais laissé le boitier en ISO auto pour être sur de pouvoir figer le mouvement à 1/640 f2.8. En résulte, des photos à … 18000 et 20000 ISO 🔥
Comme vous pouvez le voir, avec un petit passage dans Lightroom, on oublie très vite le bruit à hauts ISO 👍
BILAN NIKON Z8
Le Z8 est un boitier robuste, de qualité, très complet et polyvalen, que cela soit pour la partie photo que pour la partie vidéo très bien fournie également (*).
Nikon est bien revenu dans la course face aux AF de Sony et Canon, tandis que leur politique de mise à jour est l’une des meilleures du marché.
Si on prend en compte leur offre d’objectifs longues focales fixes (la triplette 400 mm f4.5 PF, 600 f6.3 PF et 800 mm f6.3) et le super Z 180-600, cela fait de Nikon un des spécialistes pour la photographie d’oiseaux et la photo animalière.
C’est un des meilleurs rapports qualité/prix du marché à l’heure où je rédige ces lignes.
Petit bémol sur la prérafale à l’autofocus perfectible et limitée aux JPEG… pour le reste, cela s’est joué au niveau de l’ergonomie et du poids.
(*) je n’exploite pas suffisamment la partie vidéo que pour avoir un avis valable. Il répond à tous mes (petits) besoins, soit du ralenti à 4K 120 fps pour le plus exigeant techniquement.
Size Matters
À ma grande surprise, bien que j’apprécie l’ergonomie générale du boitier, j’ai vraiment du mal à me faire à ses dimensions et à son poids. Couplé au 180-600 mm, c’est compliqué sur des runs à main levée qui ne sont plus si long que ça…
Avec ses 910 grammes, le Z8 pèse 165 g de plus qu’un Canon R5 mark II (742 g) et 298 de moins qu’un R7 (612 g). À cela se rajoute le poids des objectifs, un domaine où Nikon surpasse généralement la concurrence. Et l’un mit dans l’autre, ça… pèse littéralement dans la balance !
Les épicondylites et épitrochléites à répétition finissent par avoir raison de moi 💔 Sans rentrer dans les détails, le fait que le boitier soit plus grand m’oblige à écarter plus les doigts pour atteindre les boutons et cela tire vraiment sur les muscles pronateurs fléchisseurs de l’avant-bras. C’est possible quelques minutes, mais pas (plus) de longues heures.
Je ne me serai jamais douté aux premières prises en main du Z8 que ce petit surplus de poids allait provoquer un divorce prématuré avec ce beau boitier quelques mois plus tard. Il fallait essayer !
Presque parfait, mais pas pour moi.
La suite ?
Ce sera chez Canon avec un R5 mark II qui ne devrait plus tarder. J’espère que ce sera la bonne 🤞 😆