Cela fait des mois que mon vieux pote photographe Guillaume Kayacan fait du lobbying pour le Fuji x100v en postant de magnifiques .jpeg « straight out of camera » (sans aucune retouche) directement sortis de ce sexy petit boitier.
Quelques semaines après avoir repris l’appareil de mon épouse pour photographier les oiseaux du jardin, on peut dire que la photographie signe officiellement son retour dans mes « passions actives ». J’ai fini par craquer et j’ai rejoint le Fuji Gang avec ce qui sera un beau complément à l’attirail « reflexe ».
Je vous livre ici mes premières impressions en toute humilité de photographe amateur. Ce qui va suivre n’est pas une review technique. Pour rappel, je viens d’un vénérable Canon 350D et mon background en matière d’appareils photo ne vaut plus grand-chose. D’ailleurs, le gap est saisissant en termes de qualité : quels progrès en 15 ans !
Beau gosse, avec du caractère !
Le x100v est la 5ème génération de la série x100 de FujiFilm. Il s’agit d’un appareil photo hybride compact de qualité professionnelle muni d’un capteur APS-C 26.1 mégapixels et d’une focale fixe de 23 mm (soit un équivalent 35 mm plein format) ouvrant à f2.
Le x100v est un petit bijou à l’esthétique rétro qui respire la qualité et donne confiance dès la prise en main. Il existe en noir et en argenté, ma finition préférée :
En plus d’être léger, il est ultra compact : c’est assez incroyable d’avoir un objectif aussi lumineux avec un si faible encombrement au final ! La différence avec son équivalent 23 mm sur un appareil à objectif interchangeable est impressionnant :
Sa conception ingénieuse intègre également un leaf shutter extrêmement silencieux qui va s’avérer très pratique dans bien des situations : plus de discrétion en street photo ou cérémonies, moins de déformations liées au phénomène de rolling shutter, l’utilisation du flash intégré à n’importe quelle vitesse, …
Côté visée, le x100v propose d’une part un bel écran tactile inclinable uniquement vers le haut et vers le bas (il n’est pas possible de retourner l’écran pour se filmer) ainsi qu’un viseur hybride qui peut être soit optique (OVF – on voit à travers, à l’ancienne), soit numérique (EVF – avec toutes les infos et l’application des simulations de pellicule), soit un mix des deux avec de « l’optique augmentée » (visée optique avec diverses informations numériques par au-dessus). On peut facilement choisir son type de viseur en utilisant (par défaut) la molette frontale.
Parmi les autres spécifications qui ont retenu mon attention : la présence de filtres ND intégrés, une rafale jusqu’à 11 images/seconde, de la vidéo 4K et les fameuses simulations de films argentiques.
Je vous renvoie vers la page produit du x100v sur le site officiel pour la fiche technique complète.
Plaisir à l’ancienne
Ici, pas de bague pour sélectionner les modes ouverture (A), vitesse (S) et autres presets automatiques type sport, paysage ou portrait. Nous sommes face à une double bague pour la vitesse d’obturation et les ISO (en soulevant l’extérieur de la bague) et à un contrôle de l’ouverture via une bague autour de l’objectif à l’avant de l’appareil. C’est nous qui recréons les modes habituels en fonction de ce qu’on laisse en automatique ou non.
Une troisième bague (sur la droite) est quant à elle destinée à la correction d’exposition.
Ce type de réglages facilement accessibles manuellement et visuellement fait partie intégrante de la philosophie FujiFilm, une expérience de photo à la fois très agréable et didactique. Le feeling rappelle un peu celui des appareils photo argentiques, d’autant plus quand on utilise le viseur optique.
Si la configuration de base ne vous plait pas, sachez que le boitier est fortement personnalisable. Vous allez pouvoir changer les fonctions des différents boutons et créer des menus rapides pour s’adapter à votre style, vos habitudes. Je ferai un petit article à ce sujet prochainement.
Les contrôles sont réduits au minimum. Cela peut décontenancer au début, mais on s’habitude finalement assez vite à l’ergonomie du boitier. J’aurais aimé que le bouton Q soit un peu plus accessible malgré tout (placé autre part et/ou un peu plus en relief), car mes doigts galèrent trop souvent à le presser.
D’autre part, un petit bouton (ou une molette sur le déclencheur, que sais-je) pour lancer un enregistrement vidéo n’aurait pas été du luxe.
L’appareil étant assez plat, et j’ai trouvé bon d’augmenter légèrement son épaisseur avec un half-case en cuir de chez Megagear pour le protéger et améliorer son grip général. Il me tient ainsi vraiment très bien dans la main.
En ce qui me concerne, je le trouve encore plus sexy comme ça 😍
Simulation de films
Si la hype autour du x100v est si forte, c’est en grande partie grâce à ses simulations de films argentiques. Ces dernières vont s’appliquer sur vos photos .jpeg à la manière de filtres et ainsi donner une ambiance à vos clichés.
Fuji étant fabricant de pellicules argentiques, c’est assez logiquement que le x00v vous donne le choix entre 11 simulations des classiques de la marque : Provia, Velvia, Astia, Classic Chrome, Classic Negative, Eterna, Acros, Monochrome et Sépia (et quelques variations de certaines d’entre elles).
Damien Bernal s’est essayé à l’exercice périlleux de la description des différences entre les films, il vous l’explique mieux que moi dans cette vidéo :
Chaque simulation peut alors être modifiée à votre guise pour correspondre exactement vos goûts ! Plus ou moins de grain, de netteté, de saturation, la balance de couleurs, les teintes … la liste des paramètres de réglages est tellement large que certains utilisateurs proposent ce qu’on appelle des recettes pour matcher les rendus de films d’autres marques comme Kodak par exemple.
Vous allez pouvoir enregistrer jusqu’à 7 recipes (en anglais dans le texte) que vous pouvez rappeler facilement de diverses manières. C’est tellement cool, qu’on en voudrait pouvoir en sauvegarder encore plus ! 😜
On se retrouve au final avec 15 simulations de base et 7 presets à customiser selon vos goûts. Vous devriez trouver votre bonheur en toutes situations ! Et si vous hésitez dans les choix possibles, vous pouvez utiliser la fonction de bracketing « BKT Film Simulation » qui vous permet de sortir jusqu’à 3 jpeg d’une même photo, ou plus simplement, sortir la photo en RAW et repasser les différentes simulations dans Lightroom (en y connectant l’appareil, vous avez accès aux simulations directement dans le logiciel).
Composition créative et facile
Un des gros avantages de la technologie mirrorless, c’est que vous pouvez voir directement le résultat de la photo AVANT de déclencher (dans le viseur électronique ou sur l’écran arrière).
Si cela aide déjà bien pour les réglages du triangle d’exposition, c’est évidemment un gros atout pour l’utilisation des simulations de film. On peut composer directement avec le rendu final… et pour quelqu’un qui débarque d’un 350D comme moi, c’est vraiment bluffant ! Du coup, vous l’aurez compris, je suis plutôt de la team viseur électronique pour profiter de cette facilité, même si j’aime le fait de pouvoir alterner avec le viseur optique (cf plus haut).
La focale fixe incite également à revoir certaines habitudes de compositions. Cette relative contrainte nous pousse à plus de créativité et rend l’expérience encore plus enrichissante. Cet appareil nous veut du bien ! J’apprécie également sa distance minimale de mise au point de 10 cm qui permet de remplir le cadre pour de la proxy-photographie occasionnelle.
Bien que le x100v soit une focale fixe, Fuji propose plusieurs astuces pour changer votre composition. Vous avez d’une part un zoom numérique de bonne facture qui va croper dans l’image pour avoir une composition plus serrée. Ça fonctionne pas mal, sachant qu’on a de la marge avec les 26 mégapixels du capteur !
Par ailleurs Fuji propose également des convertisseurs qui viennent se visser sur l’objectif : le TCL-X100 II et le WCL-X100 II pour amener la focale respectivement à un équivalent 50 mm et 28 mm.
La qualité d’image est vraiment excellente, on comprend pourquoi Fuji est réputé pour ses jpeg ! Côté piqué, c’est plutôt bon dès f2 et reste assez homogène sur toute l’ouverture. Ce n’est pas l’objectif le plus sharp au monde, mais je ne lui en demande pas spécialement plus (J’ai même tendance à mettre des filtres de diffusion pour adoucir un peu). D’après ce que j’ai pu lire, c’est en tout cas un bond en avant par rapport au modèle précédent (x100F) au piqué réputé un peu mou.
L’autofocus me semble fort bon, sans être excellent non plus. Ce n’est pas spécialement un problème de vitesse (pas de soucis avec des voitures de courses par ex), mais plutôt sur le tracking des sujets imprévisibles où il galère un peu (genre ma fille, un challenge à photographier pour l’instant !). Notez que je ne maitrise probablement pas encore l’autofocus à 100% non plus 😉
Rien à redire sur la montée en ISO, franchement très correcte jusqu’à 6400 ISO pour les jpeg. L’appareil permet de monter bien plus haut, mais ma limite est à 12800 ISO (je suis plutôt en RAW dans ces cas-là, pour rattraper au maximum à la retouche).
Encore un mot sur le flash et les filtres ND qui rendent de bons services lorsqu’on fait appel à eux.
Des points faibles ?
Hormis les quelques petits points déjà cités au niveau de l’ergonomie du bouton Q et de l’autofocus encore perfectible, les seuls points faibles sont la durée de la batterie et la relative surchauffe en utilisation intensive. Il vous faut impérativement 2 à 3 batteries pour une journée complète (soirée comprise) d’utilisation intensive.
Les menus, sans être aussi capilotractés que chez Sony, mériteraient d’être un peu simplifiés et réorganisés. Ce n’est pas rédhibitoire pour autant, car les fonctions sont nommées de manière explicite.
L’absence de stabilisation dans le boitier et le fait que l’écran ne puisse pas être retourné sont à mon sens plus des pistes d’évolutions futures que des points faibles. Bien sûr, il aurait été presque parfait en intégrant tout cela, mais probablement à un autre tarif – déjà élevé (entre 1300 et 1500€).
À ce sujet, Fuji s’est quand même fendu d’un bon petit foutage de gueule des familles avec l’annonce d’un boitier tropicalisé, mais d’un objectif qui ne l’est pas sans l’ajout d’un accessoire optionnel à 150€. Et là, le concessionnaire me dit « ah bon, vous vouliez des pneus avec votre nouvelle voiture ? » Une pingrerie assez incompréhensible qui a pour conséquence d’augmenter les dimensions de l’objectif en plus du tarif, puisqu’on doit d’abord visser une bague d’adaptation étanche avant de mettre le filtre de protection. Cela dit, c’est l’occasion de lui mettre un petit pare-soleil… Mais je trouve ça « fort de café ».
Verdict
C’est surement l’excitation qui parle, mais je pense que tout photographe qui se respecte devrait poser les mains sur un FujiFilm. C’est vraiment une expérience à part de ce qui se fait chez Canon, Nikon ou Sony.
De son côté, le x100v a beaucoup d’atouts pour plaire ! Son côté compact, silencieux et lumineux en fait une arme redoutable en street photography, mais aussi en documentaire, paysage et portraits.
Ses qualités optiques et ses possibilités de traitement des images en font un excellent complément dans un setup pro/semi pro. Au quotidien, il vous sortira avec bonheur de votre routine smartphone, avec une qualité professionnelle qui ne nécessite (que peu ou) pas de retouches !
C’est un appareil qui vous appelle, qui vous donne du plaisir lorsque vous l’utilisez et qui vous interpelle dans votre approche de la photo (en ce qui me concerne du moins). Je ne pouvais pas rêver mieux pour me remettre le pied à l’étrier.
La lune de miel n’a pas fini de durer 🥰 Merci Guillaume pour la bonne idée !