Après un bon nombre de tergiversations, le choix de la reverb destiné à compléter mon LIGHTBoard s’est porté sur la Wet Reverb produite par la société américaine Neunaber Technology. Cette dernière est à l’origine de la puce Belton qui équipe un bon nombre de reverb boutique du marché, telle que la (défunte) Spring Chicken de Malekko dont j’étais déjà particulièrement content. La puce numérique a été entièrement reprogrammée afin d’augmenter ses capacités et de proposer ainsi probablement une des meilleures reverbs que j’ai pu tester.
De quoi ça s’agit ?
La Wet Reverb se présente sous la forme d’un petit boitier en aluminium brossé recouvert d’un sticker de « décoration » digne d’un template de Windows 95. Si la pédale est assez légère en main, elle semble néanmoins solide et intègre des composants de qualité : le stompswitch, les embrases jack ainsi que les potentiomètres donnent une sensation de robustesse qui est de nature à rassurer l’utilisateur malgré le poids plume de la petite américaine. Alimentation standard 9v type Boss ou pile 9v au choix, le constructeur annonce par ailleurs une consommation minime pour ce type d’effet (14h de durée de vie). Une fois enclenché, un LED bleu s’illumine sans pour trop lumineux (contrairement à un bon nombre de constructeurs « boutiques » qui s’acharnent à nous décoller la rétine avec des LED surpuissants.). La Wet Reverb est équipée d’une True Bypass et une entrée à haute impédance afin de préserver le caractère de l’instrument sans modification de tonalité. La pédale est très silencieuse et aucune perte de volume n’est à déplorer.
Deux potentiomètres à la course très douce permettent d’ajuster votre reverb pour naviguer dans des sonorités allant de « room » à « hall » avec toujours cet aspect « spring » :
– MIX : permet d’ajuster le taux de reverb injecté au signal initial (dry)
– DEPTH : agit sur l’intensité, la profondeur de la reverb tout en modifiant légèrement le voicing de celle-ci. Les sonorités sont plus claquantes dans le premier tiers (assez « spring ») de la course pour finir de manière plus moelleuse pour les nappes sonores du dernier quart.
Polyvalence, transparence et abondance
La première chose qui marque, c’est la grande interaction entre les deux potards qui donne une énorme polyvalence à la pédale. On passe allègrement de petites reverbs « slapback » typées surf à de grosses nappes aériennes et chaleureuses avec toute la série de nuances intermédiaires que vous imaginez. Ni vraiment « spring », ni complètement « hall », le résultat hybride est à chaque fois ultra musical et très inspirant.
Les cleans prennent de l’altitude à souhait de même manière que les harmoniques générées par des overdrives s’envolent littéralement. C’est ample, transparent et très propre (même dans les settings extrêmes).
Voici deux vidéos pour expliciter les capacités de la Wet Reverb :
Belton Reverbs vs Wet
Comme énoncé dans l’introduction, Neunaber Technology est le concepteur de la puce Belton qui est utilisée par quelques constructeurs boutiques afin d’émuler une reverb de type « spring ». La Wet Reverb étant en quelque sorte une « Belton boostée », un petit comparatif me semblait intéressant avec les différents modèles que j’ai pu tester.
D’emblée, inutile de préciser que, bien que je n’ai rien contre EHX et BOSS (même si je « tape » souvent dessus – je m’en rends compte), toutes les Belton-based ainsi que la Wet sont largement au-dessus des différentes déclinaisons de Holy Grail (et même Cathedral pour ma part, hormis la Reverse Reverb intéressante…) et autre RV-5. Dans l’offre boutique, j’ai eu l’occasion d’en tester quelques-unes comme l’Earthquaker Ghost Echo (belton inside), ainsi que la « remplaçante » de la Spring Chicken (belton inside), la Chicklet de Malekko (pas de belton).
La Ghost Echo est celle qui ressemble le plus à la Wet Reverb au niveau du rendu. Bien qu’elle propose d’autres réglages tels qu’un fine tune « dwell » et un léger delay avant la reverb « attack »; ces derniers ne sont pas assez prononcés à mon goût que pour être vraiment qualifiés de significatifs. Au final, il n’y a que le potentiomètre « depth » qui fait varier vraiment l’effet; façon Spring Chicken et son unique potard « chuck ». Cette dernière possède quant à elle un voicing nettement plus « spring » et bright que la Ghost et la Wet. Personnellement c’est l’égalisation que j’ai préfèré; toutes reverb confondues.
Là où la Wet Reverb prend le dessus, c’est au niveau des possibilités qu’elle offre avec (seulement) 2 potentiomètres : le mix et le depth suffisent à créer de belles nappes et permettent pas mal de sons très différents (mix presque nul mais depth a fond ou l’inverse sont des rendus impossibles à obtenir avec les autres belton based). Cependant, notez que la Wet Reverb et son algorithme amélioré ne vont pas « plus loin » dans la reverb que la Spring Chicken ou la Ghost avec le depth à fond : le rendu maximum est assez similaire dans l’étendue de la résonnance.
Encore en petit mot sur la nouvelle Chicklet de Malekko qui est à mon sens légèrement en retrait par rapport aux 3 autres précitées niveau rendu même si sa fonction dwell est une franche réussite qui devrait ravir les fan de shoegaz et de reverb profondes et originales.
Pour coller parfaitement à mes goûts, la reverb idéale devrait être composée de la puce et des contrôles de la Wet Reverb, voicée façon Spring Chicken (un rien plus bright), avec le « dwell » de la Chicklet et pourquoi pas la fonction « attack » de la Ghost Echo, mais avec un rendu plus marqué.
Quoi qu’il en soit, la Wet vaut clairement ses 150€ (200$), la Ghost vaut aussi ses 155€ (même prix que la Spring Chicken à l’époque) et la petite chicklet à 120€ est un bon compromis boutique aux pédales standards genre EHX.
Conclusion
Neunaber Technology réussit son pari en donnant une nouvelle dimension à sa puce fétiche. Les sonorités sont de grande qualité et les possibilités sont énormes tout en conservant une facilité d’utilisation déconcertante. Peu bruyante, sans perte de volume et respectueuse de l’instrument : que demandez de plus si ce n’est un vrai design ? 😉
L’essayer, c’est l’adopter ! Un must have !