Sitori Sonics est la marque d’un petit fabricant d’Alabama répondant au nom d’Emanual Ellinas. Dixit son site, ce dernier a mis sa passion pour l’électronique au service de la quête du Graal sonore en matière d’effet et je suis forcé de constater que c’est plutôt réussi ! Si Sonic Youth et Mogwai ont fait confiance au résident de Trussville pour (une partie) de leurs effets, c’est que ça doit en valoir la peine ! Initialement intéressé par une fuzz massive et expérimentale, j’ai eu l’occasion de tester la gamme pour me faire une idée globale. Suite à ces évaluations, j’ai finalement rapporté deux Sitori : le Drive et la Harem Fuzz.
De quoi ca s’agit
Les deux pédales possèdent le même robuste boitier diecast que beaucoup d’autres pédales du marché (EHX genre Little Big Muff, Cream Can, etc…). La conception interne des deux Sitori est soignée et les matériaux utilisés sont de très bonne qualité : les potentiomètres ont une course précise et bien calibrée, les leds sont (ultra) lumineux et les stompswitchs offrent une résistance agréable à la pression (ni trop dure (on ne se pète pas la plante du pied nu), ni trop légère (on ne risque pas de l’activer par erreur en switchant rapidement d’effet)). La connectique (IN/OUT jack + alim 9v type Boss) est placée de chaque côté du boitier, avec l’alimentation sur le flanc droit; ce qui évite de perdre de la place au dessus des pédales (comme c’est le cas quand l’alim est sur la tranche supérieure) en profitant de l’espace nécessaire aux connexions jack.
Au niveau de la finition, on ressent bien le côté artisanal. Si certains modèles de la gamme sont munis d’une impression comme garniture (comme sur le Drive ou la Brownies & Cream), d’autres sont décorés à la main (comme la Harem Fuzz). L’imprimé du Drive rend plutôt bien même si une couche de protection d’un vernis spécial aurait été appréciable pour faire perdurer l’illustration dans le temps. Pour la Harem Fuzz décorée main, c’est une autre histoire ! J’ai heureusement eu le choix entre deux finitions, car le modèle « Xmas edition » bleu électrique t-pexé de points blancs en guise de flocons que j’ai testé était tout simplement affreux. J’ai finalement eu le choix d’opter pour une finition plus tribale. Le boitier est uniformément recouvert d’une couleur rouille brillante assez sympa… accompagnée de quelques gribouillis au feutre indélébile doré (un reste des décorations de Noël surement).
Après tout, ce qui compte, c’est ce qui a dedans !
Cependant, au rayon « on s’en fout mais faut quand même le dire », ni boite, ni notice ou note : que dalle. Ça m’est personnellement bien égal de ne pas avoir de boite, mais cet état d’esprit explique peut-être en partie les décorations parfois douteuses de certains modèles. Notez cependant que ces fameuses finitions ont l’air de fluctuer selon l’humeur : les photos du site indiquent de nouvelles déclinaisons hautes en couleur des modèles.
Drive it Low
Le Sitori Drive est une pédale de saturation dite « low gain », que l’on peut utiliser à la fois comme clean/dirty boost ou comme overdrive à part entière. Concrètement, la plage d’action va d’une légère brillance à un drive plus poussé mais toujours aéré et avec beaucoup de transparence dans la dissipation du sustain. La saturation s’opère d’une manière très inédite et avec beaucoup de qualité. Les sonorités sont chaudes, assez dynamiques et globalement un peu mordantes. On s’en rend vraiment compte en association avec d’autres saturations en aval qui prennent un coup dans les aigus de manière parfois déconcertante. Ce côté acide peut être atténué avec le tone pour donner juste ce qu’il faut de drive en plus pour faire décoller mes autres pédales. La tonalité est efficace et assez réactive, mais à tendance à manger un peu de volume. À ce titre, j’aurais aimé disposer d’une plus grande réserve afin de magnifier mes cleans façons Barbershop.
Vous pouvez vous faire une toute petite idée dans cette vidéo à partir de 2:18.
Comparativement à cette Barbershop OD de Fairfield Circuitry officiant dans le même registre overdrive « low gain », la Sitori affiche un caractère complètement différent. Les deux grains ne se ressemblent pas et leur manière d’agir sur les autres pédales est assez différente : la Sitori agit plus à la manière d’une OD808 (sans s’en approcher pour autant) en apportant des modifications à la texture du grain de la saturation comparativement à la Fairfield qui ajoute son empreinte sonore d’une manière plus affirmée et plus brillante (le fait d’avoir plus de volume permet d’être plus présent aussi…). Une image : si le grain Fairfield est « net et brillant », le grain Sitori est alors plus « chaleureux et bulles de champagne ».
Harem Fuzz
La Harem Fuzz est probablement la meilleure découverte dans la gamme Sitori ! Il s’agit d’une fuzz massive dans l’esprit Big Muff avec un grain particulier résolument moderne. Pour piloter cet amas de gain, on retrouve les trois potentiomètres traditionnels aux saturations : volume, tonalité (tone) et gain (fuzz). La dynamique est énorme, la pédale brûle le signal d’une manière très organique et chaleureuse (bien plus qu’une Big Muff). À l’instar de la Sitori Drive, la tonalité de la Harem est très efficace et donne une bonne polyvalence aux sonorités fuzz.
Les harmonies générées sont d’une grande qualité et le contrôle du gain permet de dompter soigneusement leur dosage. Même à faible taux de gain, le sustain est conséquent et nuancés de divers crépitements très croustillants ! Passé un setting d’1:00, vous n’en entendrez jamais la fin!
Dernier point à mettre en avant : la définition des notes, malgré l’importante quantité de gain. La pédale est relativement propre (pour un fuzz j’entends) et permet un jeu rapide et défini en toutes circonstances sans risque de bouille d’harmoniques inaudible.
Quelques samples sont disponibles à cette adresse.
Lors de mon essai, j’ai immédiatement fait le lien avec la Death by Audio Fuzz War et, dans une moindre mesure, au côté « Musket » de la Twosome de Blackout effectors. S’il m’est impensable de me séparer de ma Twosome, j’ai en revanche dû comparer soigneusement la Sitori et la Fuzz War pour voir si cette dernière n’allait pas être évincée de mon board principal. Bien que très proches, les harmonies générées par l’amas de gain des deux pédales n’ont pas le même rendu. Par ailleurs, elles agissent différemment sur les autres pédales; notamment après la pédale synthé de seppuku (une de mes utilisations préférées de la Fuzz War). Très proches donc, mais pas suffisamment identique que pour se remplacer. À n’en choisir qu’une, je pencherai en revanche pour la Harem Fuzz qui est un peu plus polyvalente (et moins encombrante).
Conclusion
Mes acquisitions m’apportent une pleine satisfaction ! Le Drive est très original, chaleureux, aéré et nuancé. Un très bon overdrive léger pour attaquer votre préamp ! Mention spéciale pour la Harem Fuzz : massivement fuzz, musicale, extrême, mais maitrisable. Un must du genre, à en faire oublier complètement sa déco douteuse !
Et à prix raisonnable qui plus est (l’une et l’autre).