Intéressons nous à deux modèles phares de la gamme Zvex : la Box of Rock et la Fuzz Factory.
Fondé par Zachary Vexter, ZVex est certainement la marque d’effets initialement « boutiques » la plus grand public. Si la distorsion Box of Rock s’est imposé d’elle même comme best-seller, la Fuzz Factory aura pu bénéficier de la renommée de Matt Bellamy (Muse) pour appuyer sa diffusion planétaire. Les deux pédales possèdent quelques caractéristiques communes, à savoir les mêmes solides boitiers, une alimentation 9v (ou pile) ainsi qu’une conception entièrement analogique et un true bypass.
Box of Rock : the JTM45-in-a-box
Comme l’annonce l’amusante notice accompagnant la pédale, la Box of Rock est la combinaison d’un boost et d’une distorsion Marshallesque. Le but de Zachary Vexter était de reproduire le son de son ampli fétiche poussé dans ses derniers retranchements, à savoir le Marshall JTM 45.
Bref rappel : créé en 1963 par Jim et Terry Marshall sur base du Fender Bassman Tweed, le JTM 45 est une copie européenne de l’ampli américain (avec comme différence notamment l’usage de lampes KT66 à la place de 6L6). Cette copie évolura par après en JTM 50 Plexi, équipé en EL34 et d’un nouveau circuit changeant radicalement le caractère de l’ampli. Le JTM 45 est donc plus proche des sonorités Fender que du son Marshall traditionnel.
Le boitier est muni de 4 contrôles : 2 volumes (l’un pour le boost et l’autre pour la disto), un Tone (tonalité) et un Drive (taux de distorsion). 2 stompswitchs permettent d’activer soit le boost, soit le circuit baptisé « distortron » par l’auteur de la pédale.
On retrouve la chaleur d’un overdrive naturel d’un ampli à lampe chauffé à blanc. Harmonies et beaux médiums sont au rendez-vous. La tonalité joue activement son rôle et, grâce au contrôle très progressif du gain, permet beaucoup de nuance dans le son. Les sonorités chaudes (bis) et crémeuses sont idéales pour le blues rock, rock vintage mais nécessiteront l’apport d’une ou l’autre pédale (comme une OD808) pour « reserrer » le grain et sonner plus modernes. La pédale est également très sensible aux variations de volume de la guitare : on contrôle d’autant plus précisément son taux de distorsion.
Vu le relativement faible niveau de sortie de l’unité distorsion, on comprend pourquoi Zack a paré sa pédale d’un boost par défaut. Lorsqu’il est activé, ce dernier colore très agréablement le son (j’ai pu lire le qualificatif « transparent » à son sujet sur le web… Non. Je vous garantis que cela n’a rien à voir avec le boost du Nova System !) : un peu de grave-medium et médiums qui donnent une présence supplémentaire. Je l’apprécie particulièrement pour améliorer mes cleans !
Couplé au distortron, le boost sert efficacemment à placer des plans leads dans le mix. Il gonfle le son sans modifier le grain : c’est agréable de rester dans la même plage sonore. Attention cependant de ne pas le mettre trop fort, le son n’est plus exploitable dans certains settings trop distordus.
Box of What ?
L’appellation Box of Rock laisse quelque peu perplexe quand on a eu l’occasion d’entendre l’aspect vintage des sonorités proposées ici. Passé ce détail marketing, cette pédale 2 en 1 est une vraie réussite. Polyvalente, dynamique et chaleureuse, elle magnifiera le son de votre ampli lampes à tous les coups. Elle s’insère parfaitement dans une chaîne d’effets et se marie également très bien avec d’autre(s) saturation(s) pour obtenir un grain plus moderne.
Fuzz Factory – Bien plus qu’un Fuzz
Très joliment décorée à la main et solidement protégée par une couche de vernis, la Fuzz Factory se présente sous la forme d’une petite boite verte aux inscriptions psychédéliques multicolores. Un stompswitch d’activation et 5 contrôles permettent de partir à l’exploration du fuzz :
– Volume :
contrôle le niveau de sortie. Intéressant de noter que l’étagement du volume peut paraître déroutante du fait que la majorité des réglages fuzz sonnent fort à 9h-10h. Que faire du reste de la course du potard ? Je pense à quelques utilisations comme dans le cas où le Comp est ouvert à fond et que l’on désire exploiter ces sonorités « buzz » à plus fort volume. Certes certains y trouveront à redire, mais peu importe pour ma part à combien est fixé la course du volume, du moment que je sais le mettre assez fort pour mon utilisation et que je suis conscient du fait que la Fuzz Factory ne fait QUE des fuzz. En effet, le drive et le volume au minimum vous donnent déjà un taux de saturation énorme : dès lors, pourquoi allouer une large plage de la course du potentiomètre dédié aux volumes bas alors qu’un tiers suffit ?
– Gate :
agit comme un noise gate en coupant progressivement toutes une série de buzz, larsen et autres bruits générés par les presets les plus extrêmes. Très utile pour épurer quelque peu le signal et ne garder que les « parasites » de la tonalité (globale) désirée.
– Comp :
pour compresseur. Ajoute progressivement les attaques caractéristiques d’un compresseur au son fuzz initial plutôt ample et gras (lorsque le potard comp est fermé). Cette fonction prend tout son sens lorsque le potard Stab est en début de course et que le son est totalement barré et permet également de rajouter d’avantage de dynamique à pas mal d’autres settings.
D’autre part, on obtient des « buzz » lorsque le Comp est à fond. Si cela peut paraître peu utile à la pédale, cela prend une autre dimension dans le cadre d’un pedalboard ou la Fuzz Factory est en début de chaîne. Dans ce cas, les buzz texturent à merveille d’autres sonorités encore plus barges comme celle de ma Sepukku SubOctave Synthesizer.
– Drive :
augmente le taux de distorsion. A noter (encore une fois) que même au minimum le taux de saturation est conséquent.
– Stab :
contrôle la stabilité du signal fuzz. Lorsqu’il est à fond, le Stab rend un fuzz caractéristique
Ces contrôles servent à piloter le circuit à l’intérieur de la bête, composé notamment 2 transistors germanium « new old stock » des années 60 qui lui donne ce grain « craquant » particulier. Les résultats sont très variables : l’appellation Fuzz Factory (littéralement usine à fuzz) n’est pas usurpée ! Des sons plus standards (avec le stab à fond généralement) à des beep, buzz et autres délires fuzz-maniaques : tout est envisageable. On a un gros drive et beaucoup d’harmoniques générées. Pour peu, on laisserait sonner une corde et on ne chipoterait qu’avec la pédale !
Les potards interagissent énormément entre eux, il est donc nécessaire d’expérimenter un peu avant de trouver la bonne couleur tonale. A ce sujet, on pourrait regretter l’absence d’un potentiomètre de tonalité car dans bien des settings, la Fuzz Factory s’avère être assez aigüe (voir carrément criarde). Certes la tonalité se régle avec l’ensemble des potards (en fonction de ce qu’on « coupe » ou « compresse » etc…) mais une bonne EQ intégrée aurait simplifié les choses. Cependant, ce côté criard est parfois très appréciable lorsque j’utilise la FF avec d’autres pédales.
Difficile de décrire un ou l’autre type de son, tout ce que je peux garantir c’est un grain époustouflant ainsi qu’une créativité débridée par les possibilités ! Une belle réussite qui ouvre (très) grand les portes de l’expérimentation.
Quelques exemples dans ces vidéos (notez que même Zack dit « J’essaye depuis un bout de temps de trouver une bonne description pour cette pédale mais je n’y parviens pas… alors donc on va chipoter » – IT DOES WACKY STUFFS) :
Pour terminer, voici quelques exemples de presets que j’affectionne particulièrement (setting horaire dans l’ordre : Gate – Comp – Drive – Stab) :
OD/Fuzz : 7h – 7h – 7h – 5h (tout fermé sauf le stab à fond – idéal pour commencer)
Crackle : 1h – 8h – 3h – 3h
Smashing : 2h – 9h – 5h – 10h
Radio Fuzz : 7h – 10h – 12h + stab entre 11 et 3h selon tonalité désirée
Muse-like : 2h30 – 3h15 – 5h – 5h
Muse-like 2 : 7h – 7h – 5h – 5h
Stoogy : 3h – 7h – 3h – 5h
Bon amusement !