J’ai le plaisir de vous présenter le 1er exemplaire de la Denzo Custom Countervail, une guitare d’inspiration Jazzmaster sortie de la tête et des mains de mon luthier David D’Ascenzo.
Lancé il y a un peu plus d’un an, son projet de « guitare de série » correspondait quasi en tout point à ceux du projet custom que je comptais lui confier : fabriquer la petite soeur offset de la Stratocaster Toxic Green dont le look et le poids m’avaient séduit à l’atelier des mois auparavant ; une guitare de type Jazzmaster, verte light-relic, ultra légère, avec une tête reverse, un micro Jazz au neck et un P90 au bridge, en sus d’un système de tremolo.
Ayant pris la bonne habitude de faire confiance à Denzo depuis des années maintenant, je signais les yeux fermés pour cette nouvelle création.
Mystic Wood’s got your Back
Souffrant de maux de dos chroniques, je voulais une guitare permettant d’économiser mes lombaires sur des temps de jeu prolongés. L’élément clé dans cette optique est le corps en Mystic Wood comme David aime l’appeler ; une sorte de frêne des marais australiens extrêmement léger qui assure un excellent compromis poids/résonance pour les guitares aux micros low-mid gain.
Le manche est quant à lui en érable. Initialement prévu avec une touche en érable flammée, c’est finalement du palissandre qui surplombe la touche pour éviter d’être trop bright et d’ajouter du claquant là où ce n’est pas nécessaire (les micros Heartbreaker n’ont pas besoin d’aide dans ce domaine, je vais y revenir plus bas).
Dans l’esprit light-relic de la finition globale de la guitare, l’arrière du manche n’est pas verni : il est enduit de cire d’abeille. C’est mon premier manche de guitare fini de la sorte et je dois dire qu’au-delà du touché très agréable, il y a un sentiment très organique à être en contact avec le bois presque brut.
Comme vous pouvez l’imaginer, sa teinte évoluera avec le temps et mes sticky fingers 😉
Le radius 9.5 tombe parfaitement en main et les 22 frettes médium jumbo font sortir les harmoniques de manière déconcertante. L’absence de vernis sur le manche et la présence la cire d’abeille assurent une fluidité des grands soirs : ça glisse tout seul !
La tête de manche est à tomber à la… reverse ! Outre le fait que j’adore ça de base, cette tête à l’envers s’accorde parfaitement avec les lignes du corps. La silhouette est très équilibrée.
Effet bénéfique inattendu de ce choix esthétique : les cordes de Mi et de La sont plus longues qu’à l’accoutumée du fait que les mécaniques soient plus loin sur la tête. Elles nécessitent donc un peu plus de tension pour être accordées, avec pour conséquence que le feeling d’un jeu de cordes 10-46 tend vers celui procuré par du 10-52.
On garde donc la souplesse du 10-46 sur les 4 cordes du bas pour des bends easy peasy, avec un brin de tension supplémentaire très appréciable pour les rythmiques types powerchord et autres barrés en drop D.
D’une stabilité désarmante !
Même s’ils plombent un peu la facture finale, le Mastery Tremolo et Bridge sont vraiment extra ! Question tremolo, je suis plutôt de l’école Bigsby à la base, mais je ne regrette pas du tout d’avoir fait confiance à Denzo sur ce point. La tige tombe bien sous la main, le contrôle du désaccordage est très progressif et l’ensemble respire la solidité !
Je suis particulièrement frappé par la stabilité de la guitare. David m’a placé des cordes neuves lors de la livraison et croyez-le ou non, l’accordage ne bouge quasi pas – malgré le triturage intensif/excessif du tremolo que je lui ai réservé pour jauger ses capacités.
D’accord, c’est une guitare de luthier et on n’en attend pas moins à ce niveau… mais une gratte qu’on martyrise de la sorte et qui ne nous en veut pas, je n’en ai jamais eu jusqu’ici !
Elle est bien née cette petite !
Toxic Beauty
J’ai opté pour une des finitions maison de Denzo, le « Toxic Green« : un seafoam vieilli dont les reflets lui confèrent différentes nuances de vert selon l’éclairage. J’avais été conquis par une Stratocaster dans cette finition quelques mois plus tôt et même si je savais à quoi m’attendre : le résultat dépasse mes espérances.
Le relicage reste discret, c’est seulement en s’approchant qu’on lui découvre des marques d’usures et de vieillissement assez naturel d’une guitare qui aurait fait des années de routes. Ça lui donne un côté « player » qui n’est pas pour me déplaire.
En ce qui me concerne, les premiers coups/pets/griffes que je fais dans une guitare sont une épreuve psychologique toujours rude… L’avantage avec ce léger relicage, c’est que je suis nettement moins stressé ! Ça n’a l’air de rien, mais je suis plus en retenue avec ma LP standard à table flammée en comparaison.
Je joue l’esprit léger – comme la guitare !
Poids plume qui envoie du lourd
Les micros sont fabriqués par la société belge Heartbreaker avec qui Denzo collabore souvent. Leurs micros équipent quelques-unes de mes pelles et je dois dire que je ne suis jamais déçu ! Mieux que ça, j’en suis ravi ! Pour situer, on joue dans la cour de Lollar et Bare Knuckle.
Ici, le set se compose d’un micro Jazzmaster en position manche et d’un P180 au bridge. Il s’agit d’un proto qu’ils développent ensemble où 2 P90 sont mis côte à côte pour ne former qu’un seul micro splittable via push-pull (sur le Tone).
Le micro neck est, je pèse mes mots, FA-BU-LEUX. Tout ce que j’aime, vraiment dans la lignée du Lollar que j’ai dans mon autre Jazzmaster. De l’attaque à souhait, un spectre large super équilibré, une définition et une dynamique des grands soirs, il prend les fuzz à merveille, offre un clean « 3D » splendide … C’est une grande réussite.
Le bridge n’est pas en reste !
Tout seul, le P180 propose un gain modéré, un peu plus compressé que le neck avec, par conséquent, un peu moins d’attaque. On garde une belle définition en arpèges, les notes se détachent bien les unes des autres. On retrouve plus d’attaque dès qu’on splitte le micro en P90, avec un peu moins de gain et de basse, mais de manière très intéressante (cf la première vidéo ci-dessous vers 2 minutes). Un peu Strat-ish sans avoir l’air d’y toucher 😉
Les micros se complètent à merveille aussi bien en position P180 ou P90. Le bridge amenant cette saturation des aigus sans être nasillarde et le neck une attaque franche et du corps. On dirait un set développé pour être utilisé en combinaison, alors qu’il n’en est rien. C’est un heureux hasard !
Ce setup en fait une guitare très polyvalente : on peut aller du surf au bon gros rock qui tache, en passant par de la pop, des rythmiques funky ou riffs post rock. Une bonne Jazzmaster, et plus si affinités ! On n’ira pas spécialement tailler de la bûche façon métal avec, mais elle drive carrément bien sur la route du gain (Kamoulox?) et peut encaisser de bonnes saturations avant perdre en précision.
De la balle.
YOLO, Go Denzo !
Cela fait un bon mois que j’ai pris possession de cette Countervail et la lune de miel est loin d’être finie. J’adore cette pelle ; elle est sans conteste une des meilleures guitares que j’ai possédées.
Elle est d’abord très agréable à jouer : l’équilibre est parfait et le poids plume est juste merveilleux. L’objectif de légèreté a été atteint haut la main. Elle est plus légère que mon ES339 malgré le poids du Tremolo Mastery. C’est vraiment le pied !
Elle sonne super bien à vide (critère très important pour moi qui ne joue pas toujours branché) et sonne d’enfer une fois branchée ! La combinaison de micros signés Heartbreaker n’est pas loin d’être parfaite : ils se distinguent dans tous les domaines, se combinent avec brio et offrent une grande polyvalence doublé d’un vrai plaisir de jeu.
L’incroyable stabilité de l’accordage constitue assurément la petite surprise qui fait le grand plus de cette guitare. Autant de raisons d’en faire ma guitare principale au quotidien !
La Countervail est une guitare bien née, des mains expertes d’un luthier passionné qui transmet une partie de son âme dans chacune de ses réalisations. Quand c’est fait avec le coeur, c’est encore meilleur – j’en suis l’heureux témoin 😉
Certes, c’est un gros sou à dépenser, peut-être plus que vous ne l’envisagiez, mais une fois que vous l’avez, c’est juste impossible de s’en séparer.
Parce qu’on ne vit qu’une fois, Denzo c’est bon pour toi ! 😉