Introduction
Pour l’une ou l’autre raison, vous avez décidé de changer les lampes de votre ampli guitare. Encore faut-il pouvoir choisir dans l’offre aussi conséquente que barbare du marché ! Dans cet article, je vais tenter de résumer et de vulgariser ce qu’il faut savoir sur le marché de la lampe. Accrochez vos ceintures, y a de la matière !
Un peu d’histoire
Avant de se généraliser dans l’industrie électronique quotidienne, les lampes étaient fabriquées dans l’optique d’une utilisation pointue comme dans les technologies militaires ou civiles sensibles ; avec des standards de production élevés et des processus de tests très poussés.
Les lampes étaient employées essentiellement pour préamplifier/amplifier des signaux et redresser des tensions électriques, ce qui leur conférait un vaste champs d’applications.
La première utilisation notoire des lampes fut dans les postes radios que ce soit en radio-communication civile ou militaire. Il faudra attendre l’après WWII pour voir une utilisation vraiment militaire des lampes au travers principalement des radars (déjà expérimenté pendant la guerre, généralisé par la suite).
Le civil ne resta pas en reste, puisque les premiers ordinateurs (qui remplissaient des hangar entier), radios, télévision et autres amplis fonctionnaient avec des lampes.
Parmi les grands fabricants historiques, on peut citer notamment Mullard (UK), Marconi (UK), Philips (Hollande), RTC/Radio Technique (France), Visseaux (France), CSF (France), Siemens (RFA), Telefunken (RFA), Osram (RFA), RFT/Radio Funk Technik (RDA), Tungsram (Hongrie), Ei (Serbie/Yougoslavie), Tesla (Tchéquie), les Russes Sovtek et Svetlana ou les Américains GE/General Electric, RCA, Amperex, Sylvania et Tung Sol.
À l’arrivée du transistor, l’utilisation des lampes dans les produits analogiques a commencé à diminuer fortement. En effet, bien que plus cher à produire au tout début, le transistor s’est vite avéré comme étant moins gourmand en énergie, plus résistant et moins encombrant qu’une lampe.
Seul secteur où les lampes restaient omniprésentes : le domaine militaire. Les lampes se remplaçaient plus facilement/rapidement qu’un transistor et offraient une résistance accrue aux températures (grâce au verre, par rapport au plastique des PCB) et autres variations électromagnétiques.
Au fur et à mesure que cette demande diminuait, les différentes unités de production ont commencé à fermer un peu partout dans le monde ; ne sachant plus garantir les standards de qualité de jadis avec des volumes de ventes ainsi réduis. D’autre part, le secteur audiophile en tant que tel représentant désormais une niche comparé au reste du marché, l’intérêt économique des fabricants à garder les productions de lampes ouvertes devenait difficile à justifier. Plus de demandes = plus d’offres.
La situation s’est encore dégradée par la suite ; particulièrement entre 1980 et fin des années 90, avec de gros écarts dans les productions : probablement les pires années de l’industrie de la lampe audio.
Heureusement, avec la reprise de certaines manufactures (ou « privatisation » d’autres usines, d’État jusqu’alors) et l’injection massive de dollars dans les (chaines de production d’) usines rescapées, la production dite actuelle a repris du poil de la bête et propose à nouveau des produits plus que corrects.
Bref, après moult péripéties et une tétrachiée fabricants historiques, on se retrouve au final avec globalement une quantité restreinte d’unités production qu’il est commun de dissocier en fonction de leur provenance : Russie, Chine et Europe de l’Est.
C’était mieux avant ?
En fait, pas vraiment. Les fabricants ont toujours plus ou moins eu la même disparité dans leur production. La différence vient principalement du contrôle qualité très poussé avant la sortie de l’usine (utilisation militaire oblige !) : les bonnes lampes étaient emballées tandis que les mauvaises étaient détruites directement.
Par contre, la qualité des composants était plus haut de gamme ; sans compter qu’il n’y avait aucune contrainte en matière de santé ou écologie. Ce sont ces matériaux et les processus d’époque (gabarits, mélanges, …) qui donnent cette vibe spécifique aux vieux tubes, souvent copiés et encore jamais égalés.
Pour rester compétitifs face à la (parfois énorme) disparité qualitative que l’on peut retrouver sur deux mêmes lampes sorties de la même chaine de production à cinq minutes d’intervalle, les fabricants d’aujourd’hui mettent en vente l’entièreté de leur production ; y compris les lampes défectueuses.
Pour certains d’entre eux, ils procèdent à un test/tri qui permet aux acheteurs (professionnels, pas aux particuliers) de choisir parmi différentes catégories de qualité/fiabilité, avec un prix en conséquence.
Les critères testés et les caractéristiques des catégories qu’engendrent ces tests restent évidemment aussi flous que confidentiels…
Une pratique plus que discutable, mais qui contribue à garantir un taux de déchets minimum aux revendeurs désireux de vendre des lampes de qualité.
Pour faire face à cette disparité de l’offre, en complément des fabricants et de leurs (éventuels) tests d’usines, il existe des distributeurs qui s’occupent exclusivement de tester et trier les lampes qu’ils achètent pour ne proposer que les meilleures ; ou du moins de proposer un système de gradation permettant d’évaluer les performances.
S’ils possèdent tous des cahiers des charges de tests spécifiques revus à la hausse et permettent d’éluder quelque peu l’aspect loterie de l’achat de lampes, ce n’est pas une garantie à 100 % pour autant.
Fabricants & Provenance
La production actuelle se répartit donc sur trois régions principales du globe. En fonction de leur provenance, on peut dégager certaines tendances sur les caractéristiques principales du son qu’elles fournissent. C’est un des éléments qu’il faudra prendre en compte lors du choix de vos lampes ; que ça soit pour conserver l’esprit de l’ampli en vous renseignant sur les références utilisées par votre marque d’ampli préféré, ou pour métisser à votre guise sa configuration (et donc, son comportement).
Notez également que les informations au sujet des usines sont assez nébuleuses… c’est à force de croiser les sources (les plus sérieuses possible) que j’en arrive au résumé suivant en ce qui concerne les lampes utilisées dans les amplis guitares :
- Les CHINOISES
Tendances : son riche et grain très blues avec de la rondeur et de la brillance sur les aigus. Destinées idéalement aux saturations. Productions des années 80-90 à éviter (fragile et globalement de mauvaise qualité)
– Shuguang : Produits souvent rebadgés ou utilisés par les distributeurs (Ruby, Groove Tubes, Marshall, Tube Amp Doctor (TAD), …). Il s’agit d’une filiale de Samsung (usine Changsha). Elle produit également des modèles spécifiques sur cahier des charges à la demande de certains distributeurs (exemples : feu la Groove Tube 12ax7M ou la TAD 7025 S).
– Usine de Liuzhou : Les produits fabriqués sont distribués par PM Components (UK) notamment sous le nom Golden Dragon.
– Usine de Beijing aka « Usine Sino » : aurait apparemment fermé en 2005 et se contenterait d’écouler les stocks. Leurs produits sont également souvent rebadgés. Si quelqu’un a des infos valides, je suis preneur 😉
Attention que Sino est un terme générique pour « chinois » : les lampes actuelles présentées comme Sino viennent la majorité du temps de chez Shuguang.
- Les RUSSES :
Tendances : sonnent plus équilibrée dans le spectre, plus « droit », avec plus de corps et moins de fréquences hautes comparativement aux chinoises. Considérées comme plus solide.
– New Sensor Corporation : le groupe New Sensor détient l’usine Reflector Corp. de Saratov qui fabrique principalement les lampes Sovtek et Electro Harmonix.
New Sensor détient également un bon nombre de noms de marques qu’il exploite pour la plus grande confusion de tous (en tout cas des novices) : on peut désormais retrouver des TungSol Reissue, Mullard Reissue, Genalex Reissue; qui, hormis le nom et une certaine ressemblance, n’ont pas grand-chose à voir avec les modèles originaux que l’on peut encore trouver sur le marché du NOS (New Old Stock) : pas mauvaises en soi, mais clairement différentes en terme de musicalité/longévité et ne peuvent en aucun cas être négociées aux prix des vieux stocks. A leur décharge, ils ne se vantent pas non plus de vendre des copies exactes : ils utilisent juste l’aura des marques (mais quand même…)
Gardez à l’esprit que ce n’est pas parce qu’on fait ressembler une nouvelle lampe à ces ancêtres que c’est une vieille dame pour autant : peu importe l’emballage. Et l’utilisation d’un nom ronflant ne doit pas vous faire oublier qu’une Mullard Reissue sort de la même usine qu’une Sovtek. Même si les standards de production de ces reissues sont assez élevés et jouissent de qualités indéniables : rien ne justifie des tarifs exorbitants type NOS !
New Sensor utilise également le nom « Svetlana » uniquement aux États-Unis (dite « Svetlana logo S » ou « USA », bien que fabriquée en Russie).
– Svetlana (S.E.D. / Winged C / =C=) :
Suite au rachat des droits d’utilisations du nom « Svetlana » aux USA par New Sensor, on fait désormais la différence entre les Svetlana de l’usine de Saint-Pétersbourg, dites « Winged C » (à référence au « C » « ailé » du logo) aux Américaines dites « Logo S » (avec un S sur le logo donc…). En pratique, les Svetlana Logo S/USA ne se vendent qu’aux USA (théoriquement…) tandis que les Svetlana « Winged C » se retrouvent partout dans le monde sous cette appellation; sauf aux USA où ils utilisent l’acronyme S.E.D. (Svetlana Electron Device) pour distribuer leur lampe.
Il s’agit donc bien de 2 marques différentes : pourquoi faire simple…
- Les EUROPÉENNES
Tendances : proches des “russes” au niveau tonal, assez équilibrées et tendance à être plus précises.
– JJ Electronic : Les produits fabriqués sur d’anciennes chaînes de fabrication des usines Tesla en Slovaquie (sans pour autant avoir de rapports avec l’ancienne production « Tesla NOS »). Les JJ, reconnaissables à leur logo rouge caractéristique, sont rarement rebadgées car de qualité reconnue et apprécié d’un grand nombre de musiciens. On les retrouve cependant chez Groove Tube, Harma ou TAD.
– Elektronska Industrija : J’ai pu lire qu’Ei avait stoppé ses activités, au moins pendant une période, suite à la destruction (d’une partie ?) de l’usine pendant les conflits qui ont meurtri la Yougoslavie il y a quelques années (1999) ; mais rien n’a été confirmé officiellement. Leur nouveau site web annonce un relooking prochain et j’ai pu lire qu’on faisait une distinction entre les Ei pre- et post- NATO, je suppose donc que le travail a repris d’une manière ou d’une autre.
Distribuées désormais par PM Components (qui distribue aussi S.E.D. , d’où le lien vers Svetlana sur le « site » Ei en construction et la ressemblance de leurs plateformes web), les lampes Ei ne sont néanmoins encore disponibles sur aucune liste de prix et tardent donc à revenir dans les points de ventes habituels (source : Gillou, Audio Tube Tech)
Affaire à suivre.
Distributeurs/rebadgeurs
Comme introduit un peu plus haut, pour palier à la disparité de la qualité des productions actuelles, il existe des distributeurs et/ou rebadgeurs qui s’occupent exclusivement de tester (à quelques exceptions près). C’est cette batterie de tests qui, en tant que valeur ajoutée, justifie un coût généralement supérieur.
En contrepartie, vous avez moins théoriquement moins de chance de tomber sur une lampe défectueuse et vous avez plus d’indications sur les capacités de la lampe (système de grade des différents distributeurs).
Voici quelques labels (et leur provenance) :
– Marshall : Shuguang (blanche), JJ (rouge) et Russes (noire)
– Mesa Boogie : Chinoises, Sovtek et S.E.D.
– Ruby : Shuguang, Electro Harmonix, Tung Sol & JJ
– Harma : JJ, Electro Harmonix, S.E.D., Shuguang & Sovtek
– Banzaï : Trie (?) grosso modo toutes les marques sans les rebadger pour autant.
– TAD (Tube Amp Doctor) : JJ, Mullard RI, Tung Sol RI, Gold Lion, Shuguang + NOS
– Groove Tube : Sovtek, Electro Harmonix, S.E.D., Shuguang & JJ
Ce dernier a été racheté par Fender en 2008, avec pour conséquence notamment la disparition de certains modèles fait sur demande (la 12ax7M citée plus haut par exemple).
NOS / New Old Stock
New old Stock, soit pièces neuves d’époque. Il s’agit donc de lampes construites dans le passé qui n’ont pas encore été utilisées. Plus recherchées, plus rares, mieux cotées et généralement plus chères, ces NOS s’apparentent comme le Graal de la lampe pour les audiophiles avertis aussi bien en tant qu’objet de collection que de consommables pour amplis guitares ou hi-fi haut de gamme.
Si la production contemporaine est délicate à cerner, c’est d’autant plus difficile avec l’offre NOS. Presque toutes les marques historiques ont, à un moment ou à un autre, acheté des tubes à d’autres et apposé leur label dessus.
Par exemple :
Philips a fait fabriquer ses lampes par plusieurs usines appartenant au groupe. Une fois conçue, on leur apposait un label en fonction du pays dans lequel elles allaient être distribuées ou en fonction des désirs des acquéreurs. On peut donc retrouver des Phillips fabriquées en Hollande sous les appellations Dario, Miniwatt, Philips, RT, Mullard, Siemens, Valvo, Pope, Impex, Amperex, …
Vous trouverez donc toutes sortes de tubes sous toutes sortes de labels. Seuls l’analyse éléments internes de fabrication, et surtout la lecture des codes d’usine souvent présents sur les tubes NOS permettront de déterminer leur lieu et date de fabrication sans erreur.
Autant dire qu’il faut en connaître un rayon ! (et que le plus facile est de se laisser conseiller par son technicien (de confiance) ou vendeur (reconnu).)
Je vous conseille ce document pdf très fourni ou encore ce lien très complet qui devraient vous aider un peu sur le sujet des factory code. (merci Denis !)
Attention qu’il existe des « Nearly Old Stock » ou « Almost NOS », qui sont aussi des vieilles lampes, mais déjà utilisées (used en anglais; rodées en quelque sorte) : ce n’est pas forcément mal en soit, mais certains vendeurs font passer ces lampes rodées pour des neuves ; ce qui, aux prix où se négocient certaines NOS, peut faire une grosse différence.
Par ailleurs, la nature humaine étant ce qu’elle est, d’autres vendeurs encore moins scrupuleux sont déjà allés jusqu’à vendre des tubes contemporains en les faisant passer pour des NOS… et la confusion avec les Reissue qu’entretient New Sensor n’arrange rien (Mullard avec « made in Russia » ce n’est pas du NOS 😉 ).
Il est donc vivement conseillé de garder son esprit critique, de se documenter et de confronter les opinions. Demandez conseil à votre technicien et aux différents vendeurs de lampes NOS reconnus. Si vous ne connaissez pas l’acheteur ou la marque, n’hésitez pas non plus à faire quelques recherches sur Google ou à aller sur des forums pour vous conforter (ou pas) dans votre choix.
Quelles lampes vous conviennent le mieux ?
Vous en savez désormais un peu plus sur l’état de l’offre. Le tout reste de préciser ce que vous cherchez.
De manière générale, cela va dépendre de votre ampli et de ce que vous voulez en faire. Sans énoncer aucune règle formelle, voici quelques conseils/réflexion à prendre en considération dans votre choix.
– Type d’ampli
On a pu constater que les amplis dits « vintages » (ou à « circuit simple ») ont tendance à mettre les lampes plus en avant que les amplis modernes où la saturation se fait principalement au niveau du circuit du préamp.
Investir dans un kit complet de lampes NOS haut de gamme n’est peut-être pas nécessaire si vous avez un Mesa Rectifier… Ça améliorera certainement un peu le son ; mais de manière nettement moins flagrante que dans un Fender Deluxe Reverb par exemple.
– Style de jeu
Toutes les nuances, la définition et la projection stéréophonique si particulières des lampes NOS vont s’exprimer en son clair et/ou dans le sweet spot de l’ampli à lampes tel que l’envisagent beaucoup : à la frontière du son clair et de la distorsion, dans l’overdrive léger et aéré.
Pour des sons plus saturés ou bourrés d’effets (d’autant plus si vous utilisez des pédales de distorsion, et n’utilisez donc pas la saturation de l’ampli), des tubes récents devraient vous satisfaire amplement (amis punks et métaleux, je vous parle !).
Si vous n’êtes pas du genre soigneux avec votre matériel et que vous oubliez facilement les précautions habituelles concernant le transport des amplis à lampes après utilisation, ça ne vaut peut-être pas non plus la peine de prendre le risque de casser des lampes à 70€ pièce… à vous de savoir 😉
– Quels buts poursuivez-vous avec ce relampage ?
Réparer une panne, changer des lampes usées ou upgrader / customiser l’ampli ?
L’un n’empêche pas l’autre certes, mais c’est un terrain vaste, complexe, souvent couteux et potentiellement dangereux (si vous faites les manipulations vous-même sans connaissances préalables).
Si c’est pour changer radicalement de type de sonorités (genre faire sonner un Fender façon Marshall), rappelez-vous que les lampes ne font pas tout (le circuit, le HP, …). Il vaut peut-être mieux se diriger vers un autre ampli que de dépenser 500 euros en lampes et main-d’œuvre pour avoir un résultat loin d’être garanti à votre goût.
– Quel budget ? Le nerf de la guerre, le nerf du GAS.
Il ne faut pas se leurrer, c’est assez souvent l’aspect financier qui finit par dicter sa loi. En sachant qu’un relampage « standard » complet (dépend du nombre de lampes de votre ampli) coute aux alentours de 150-200 euros, c’est déjà un sacré budget à rassembler. Pour du NOS, on commence à 200 euros…
En fonction de ces critères de départ, on a 3 solutions :
– Full Standard : Solution la moins onéreuse, idéale si vous consommez beaucoup de lampes (voyages divers, utilisation poussée, … cf points ci-dessus).
Préférez les lampes les plus testées chez les distributeurs ou directement chez les fabricants. Soit vous remplacez les lampes à l’identique, soit vous vous lancez dans un métissage.
– Full NOS : Configuration idéale sur les amplis vintages, voire les petits amplis qui s’utilisent « à l’ancienne », genre les Fender Champ (petits amplis qui ont aussi l’avantage de ne pas embarquer beaucoup de lampes). Soyez sur que vous entendez vraiment la différence avant d’investir 😉
Le débutant va se référer aux standards de notoriété (style Mullard, Brimar, RCA, …) mais risque de faire chauffer la carte bancaire parfois inutilement.
Attention aux différents conseils que vous pourrez lire et vendeurs que vous rencontrerez sur la toile : il y a d’une part les vendeurs de soupe ; repérant le débutant et la bonne affaire pour refourguer ses ampoules rincées au double du prix ; se disant qu’il n’entendra pas la différence. D’autre part, il y a les « pro du conseil » genre « je n’ai pas testé, mais j’ai lu quelque part que … » bref « je n’ai pas d’avis, mais je le donne quand même« .
À nouveau : esprit critique, croisement d’information/sources et seulement après : achat. Il faut se donner les moyens de tester, et être patient.
– Mix NOS/Standard : Le bon compromis allez-vous me dire ! Certes.
Comme pour le « Full Standard métissé » ou le « Full NOS » : l’option mixte nécessite une bonne connaissance de son ampli, de l’utilisation que l’on veut en faire et, dans une autre mesure, une certaine connaissance des lampes.
L’idée est de cibler certains étages critiques de l’amplification comme l’entrée (notée V1), la phase-inverter (pi), la redresseuse ou l’étage de puissance. J’y reviendrai dans un prochain article.
En ce qui me concerne
Utilisés tous deux à fond (ou presque) avec un atténuateur de puissance derrière pour profiter pleinement de la saturation des lampes, Le Marshall 6100 et l’Orange sont tout deux loadés en lampes contemporaines.
Le Marshall nécessitant pas moins de 11 lampes (7 de preamp et 4 de puissance), ayant été souvent en voyage par le passé (risque de casses, soumis aux vibrations, …) et étant désormais chauffé à blanc à chaque utilisation (usure accélérée) : c’est avant tout un choix économique et pratique que d’utiliser des lampes actuelles. Par ailleurs, je l’utilise principalement pour accueillir des effets et autres saturations externes à l’ampli ; de quoi justifier un métissage contemporain à défaut d’une guirlande new-old stock hors de prix 😉
Pour l’Orange, c’est un peu différent : je compte passer dans les prochains mois de l’AD30 (assez vintage) à quelque chose de plus moderne comme le Thunderverb et me suis contenté de le relamper de manière standard la dernière fois ses lampes furent rincées.
J’ai fait pas mal de tests de métissage dessus, mais je vais finalement opter pour une autre référence de la marque, plus adaptée à ce que je recherche (et plus en contraste avec le Marshall) plutôt que de continuer à expérimenter sur l’AD30. Sans quoi, je serais probablement passé par la case mix NOS/Standard.
Ayant abondamment modifié le Fender 65′ Deluxe Reverb dans l’optique de le faire sonner façon Vintage (transformateurs, reverb, speaker, circuit, …), le choix de lampes d’époque s’imposait presque par lui même.
J’utilise principalement l’ampli en son clair et drive modéré et profite donc pleinement du réalisme de reproduction musicale typique des NOS. Un vrai régal en terme d’expression et de sensations de jeu qui, combiné aux autres upgrades réalisées, rend les versions stock ridicules en comparaison.
Il s’agit par ailleurs du seul ampli que j’utilise sans atténuateur ; et donc à volume plus modéré. Les lampes sont par conséquent moins sollicitées et leur remplacement devrait être moins fréquent.
Last but not least : le Dwarfcraft Love Buzz est, pour rappel, un ampli boutique au caractère (et look) bien à lui. Tombé amoureux de ses sonorités dès les premières notes, je me vois mal modifier sa configuration initiale et remplacerai les lampes à l’identique lorsque cela sera nécessaire.
Je tiens à conserver l’esprit du Love Buzz (et son comportement) tel qu’il a été imaginé par les concepteurs, lampes comprises. Ces dernières sont des JJ/Tesla de production contemporaine ; le choix d’un grand nombre de fabricants boutique, dont je suis également ravi.
Notez que lui aussi est utilisé avec un atténuateur de puissance la majorité du temps et est par conséquent mis à forte contribution : ça tombe plutôt bien 😉
Conclusion
Vous en savez désormais un peu plus sur l’offre et sur la manière d’envisager vos futurs changements de lampes.
Ne vous faites pas avoir, choisissez de manière éclairée en fonction de vos besoins et prenez le temps de vous renseigner correctement sur les références qui vous attirent.
Pour aller plus loin dans le monde étourdissant des lampes, je vous invite à vous plonger dans les ouvrages de Francis Ibre ou à parcourir ces deux threads du forum guitariste.com qui recèlent d’informations diverses grâce aux interventions de certains fanatiques de la loupiotte et autres réparateurs/fabricants professionnels. Bonnes lectures !
Merci à Denis, Seb, Jay et Gillou (Audio Tube Tech) pour les relectures et les diverses précisions et autres corrections que vous avez pu apporter.