Comment décrire cette acquisition autrement qu’un coup de foudre ?
Il a dû se passer 15 minutes entre le moment où j’ai découvert cette occasion et la notification de confirmation de payement de Paypal. Un bon gros coup de GAS, en règle.
De quoi ça s’agit ?
La Fender Jaguar JGS Jaguar Special est, comme son nom le laisse supposer, un modèle spécial créé par Fender Japon. C’est cette combinaison de couleurs et de finition d’accastillage peu commune qui m’aura immédiatement fait chavirer. Ajoutez à ça la matching headstock du plus bel effet et les « ravages » du temps : je passe commande.
Pour rappel, il existe 3 (4 ?) productions Fender : USA, Mexique et Japon (et Asie ?).
Si les 2 premiers sont distribués de manière mondiale, les modèles japonais, souvent légèrement différents, sont réservés au marché du soleil levant et se retrouvent dans nos contrées grâce à de l’export non officiel.
Ces guitares jouissent pour la plupart d’une excellente note concernant la lutherie générale, avec un bémol au niveau du montage électronique et des micros.
N’ayant jamais testé de productions japonaises Fenderiennes auparavant, c’était l’occasion de me faire une idée.
La belle, en robe Gun Metalic Blue, embarque 2 humbucker Dragster, avec le câblage habituel d’une Jaguar ; c’est-à-dire la possibilité de couper l’un ou l’autre micro, d’activer un low-cut (les 3 switch du bas) ou de passer par un deuxième système de câblage (avec les boutons de la partie haute du pickguard).
Le corps est en aulne et le manche en érable, muni d’une touche en palissandre. Année de production : 1999, d’après le serial number.
À la réception
La Jaguar se dévoile à moi : elle est encore plus jolie en vrai que sur photos ! Le chrome, attaqué par le temps, lui donne un cachet indéniable.
Une fois en main, je suis agréablement surpris par la qualité de la lutherie : elle est légère, très agréable à jouer et directement inspirante.
Le bridge T.O.M (Tune-O-Matic) accueille bien ma main droite et la main gauche aime le profil ovale du manche (un peu plus gros qu’un manche Stratocaster).
L’attaque des cordes est très basse, mais ne frise pas, l’accès aux aigus (22 frettes) est des plus aisés : bref le feeling passe super bien !
Ensuite, c’est le drame : je la branche dans un ampli et… bardaf, c’est l’embardée ! Peu importe les switchs activés ou le système employé : aucun relief, peu de définition, des cleans juste moyens et des saturations bien trop baveuses ; à des années lumières de ce que l’on peut obtenir avec des micros dignes de ce nom.
Sur cette unique expérience, je rejoins donc l’avis général sur la production japonaise de Fender : superbe lutherie, du niveau des haut de gamme mexicain et autres modèles USA (hors Custom Shop peut-être). Et électronique à revoir complètement.
Cela dit, depuis le temps (et au risque de me répéter 😉 ), ça se saurait si Fender savait faire de bons humbuckers !
Same player, play again
Le temps passe et je ne sais que faire de cette guitare : mon rig est déjà bien fourni côté pelles (d’autant plus que j’avais d’autres acquisitions en vue à l’époque) et, si je la garde, je dois investir, car je ne peux décemment pas la laisser dans cet état (électronique) là.
Et c’est à force de la jouer uplugged que la décision est finalement tombée d’elle-même : impensable de me passer du mojo de la Japonaise dans mon harem de guitares, Lexi allait désormais prendre place à côté de ses copines, après une « petite » upgrade !
Spice it up !
Je suis un habitué des upgrades un peu tordues et le sort que je réservais à Lexi fut un nouveau challenge pour mon excellent luthier Mathieu Boulet.
Toujours dans l’optique de combiner mes micros préférés (sans faire de doublons avec les autres guitares), j’ai opté pour des références que j’ai approuvées depuis longtemps, à savoir:
– Lollar Jazzmaster neck : déjà mis en combinaison avec un Wide Range dans une Jazzmaster, j’adore ce micro à cette position !
– Lipsbucker : ma petite combinaison de 2 seymour duncan « lipstick for strat », de manière à former un humbucker splittable. « mon micro » 🙂
L’idée était -évidemment- de garder en activité les différents switchs et contrôles disponibles sur la Jaguar, il fallait donc leur trouver une utilité.
Les potentiomètres principaux restent dans leur fonction de volume et tonalité globale.
Sur la partie haute :
– 1 sélecteur de micro 3 positions
– 1 volume par micro
Cela me permet d’ajuster le volume de chaque micro lorsque je passe d’un à l’autre (le neck va, par exemple, beaucoup plus fort que le Lipsbucker splitté)
.
Notez qu’en position centrale (avec les 2 micros), le volume des micros est géré par le master et non plus par les 2 volumes distincts.
Sur la partie du bas :
1. Switch à l’extérieur : split le bridge en single coil
2. Switch du milieu :
Si le sélecteur est sur le bridge : sélectionne l’un ou l’autre micros Lipstick.
Si le sélecteur est au milieu : inverse la phase en le bridge et le neck.
3. Switch intérieur : active le Ton-O-Drive
Hein ? Tone-O-Drive !
Il s’agit d’un circuit mis au point par Mathieu : lorsqu’il est activé, le potentiomètre de tonalité globale se transforme en contrôle de saturation, car le signal est dérivé dans un condensateur qui sature le son de manière assez fuzzy.
Les premiers tests de ce système ont été assez concluants sur une base de son assez clair. L’apport du Tone-O-Drive est moins évident lorsqu’on l’utilise avec des pédales ou un ampli déjà fort distordu, si ce n’est des aigus un peu moins présents (car plus sales, fuzzy) qu’en mode « tonalité normale ».
Ce n’est pas une fuzz intégrée pour autant, comme sur la guitare de Math Bellamy 😉
Ce sera utile sur un ampli mono canal, ou dans des configurations minimalistes, plutôt pour des drives légers. Je dois encore approfondir mes expérimentations avec ce système (intégré sur d’autres guitares depuis 😉 )
Conclusion
Hormis ce « gadget » de Tone-O-Drive (qui n’en reste pas moins très plaisant à utiliser), toutes les fonctions de la Jaguar ont un réel impact sur le son, de quoi lui proférer une belle polyvalence et une certaine facilité d’utilisation.
Le couple de micros rend (enfin) justice à la belle lutherie japonaise. Le lipsbucker et le Jazzmaster Lollar s’accordent très bien ensemble : ce n’était pas vraiment une surprise, mais on va dire que c’est une énième confirmation de tout le bien que je pense de ces deux pickups.
Au final, voilà un coup de GAS qui aura su s’imposer dans mon harem sans trop de difficulté : bon rapport qualité-prix de base, même si je me suis fait plaisir avec les upgrades 😉
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