Trônant au sommet de ma GAS List depuis des années, la Gretsch Silver Falcon tant convoitée est apparue au fil du temps comme une véritable utopie.
Pourquoi ? Parce que je me refuse à débourser 3000 euros pour une guitare, aussi belle soit-elle. À ce tarif, je ne vois qu’une guitare de luthier sur mesure pour me faire craquer, et quand bien même, je n’ai jamais dépassé la barre des 2000 euros et compte bien m’y tenir.
Ma seule solution : trouver une Silver Falcon d’occasion à bon prix… Une chose quasi impossible vu le peu de modèles croisés jusqu’ici sur le marché de l’occasion !
La Silver Falcon est une déclinaison de la célèbre White Falcon, la plus luxueuse Gretsch du catalogue. Si le modèle original est mélange le blanc pour le corps et un accastillage doré, il existe la Black Flacon (corps noir/accastillage doré) et la Silver Falcon, noire et argentée. Cette dernière est peut-être la moins prisée (la moins bling bling des 3 😉 ), et à ce titre, se trouve plus difficilement ou en tout cas, jamais en dessous de 2000 euros 😉
Premiers pas sur Gretsch
Malgré quelques brefs tests ci et là d’Electromatic upgradées et Japonaises (série pro) Setzer et Atkins, je ne pouvais pas vraiment revendiquer une connaissance pratique des modèles Gretsch.
Il n’y a qu’en la ramenant chez moi, en la testant sur mon matériel et en la comparant avec mes repères habituels que je me rends vraiment compte de l’intérêt que j’ai pour une guitare.
Avec le temps, mes différents autres projets sont arrivés à leurs conclusions respectives et il ne me restait plus que l’expérience Gretsch à tenter dans ma GAS list.
C’est en voyant les récentes mises à jour des Electromatic que j’ai eu l’idée du Projet Birdie, étant supposé me mettre le pied à l’étrier par rapport à Gretsch tout en me faisant patienter dans la quête de la Silver Falcon d’occasion.
J’ai donc fait l’acquisition d’une G5420T, la dernière upgrade de la série Electromatic de la marque. Cette mise à jour avait d’intéressant le binding blanc des ouïes, améliorant la finition d’ensemble de la guitare par rapport à la G5120.
Je n’avais en revanche plus les inlays demi-lune, remplacés des « Hump-Block », plus massifs sur la touche. Il fallait choisir, j’ai opté pour la nouveauté et son binding 😉
La prise en main s’est faite sans difficulté. Le manche est fin, agréable, même s’il est très en contraste avec ce que j’utilise d’habitude (manches Jazzmaster large et relativement épais sur Molly, Tori et Emma, et slim taper (plat, mais large) sur Lena).
L’épaisseur de la caisse et de la jonction avec le manche n’aident pas forcément l’accès aux cases les plus aiguës (jusqu’à la 18e case maximum en ce qui me concerne), mais je n’envisageais pas d’aller shredder de ce côté là du manche de toute façon !
En tout cas, elle est légère, bien équilibrée sur l’épaule et donne l’impression d’avoir la banane qui pousse sur la tête 😀 Rock’n’roll ! Elle résonne bien à vide et son le setup de base n’est pas mal, mais pourrait être plus précis (quelques frisottis notamment).
Une fois branchée, les Black Filtertron, autre nouveauté sur l’upgrade G5420T, ont certes du caractère et un certain potentiel, mais sont loin de la définition et de la dynamique des TV Jones que j’ai pu installer dans Holly et ma regrettée (je l’avais dit bordel ! 😀 ) Telecaster Deluxe « TeleStrated ».
À ce stade, mention bien pour le rapport qualité-prix, surtout de la lutherie même si c’est clairement upgradée qu’elle délivre toutes ses qualités.
Pas franchement la guitare du siècle si on la garde tel quel, néanmoins, la mise à jour (par ex. vers des micros TvJones, la mod « habituelle ») est d’une aide indéniable pour réduire le trou qui la sépare soniquement des aux séries pros Japonaises.
Me voilà en tout cas rassuré : j’aime le feeling, j’aime l’esprit du son, et je pense que ca va être encore mieux avec des micros digne de ce nom ! Le bigsby me ravit toujours autant, et après un bon réglage, le manche sera parfait pour mes gimmicks bluesy.
Birdie is No Falcon
Me voilà donc chez mon luthier, avec le cahier des charges pour la confection de mon patch anti-SilverFalcon.
L’idée n’est pas d’en faire une copie (au cas où j’en choperais une, je ne voudrais pas forcément me séparer de Birdie), mais plutôt un patchwork de look et d’options de différents modèles Gretsch, combinés à mes petites modifs habituelles, pour en faire un genre de Best of, à ma sauce.
Au menu, pour se rapprocher esthétiquement de la Silver Falcon :
– Pickguard couleur gris perlé noir, comme sur la finition du cache Truss Rod de la SF, mais sans faucon.
– Cache Truss Rod gris perlé noir, en conservant la forme initiale (pas comme sur la SF donc, qui imite la forme des ailes)
– Découpe de la partie supérieure de la tête de manche pour ajouter des ailes, façon Falcon cette fois.
– Toujours sur la tête, pour éviter les confusions trop évidentes, je n’ai pas opté pour une plaque SF-style mais pour l’incrustation du nom de la guitare en nacre en lieu et place de l’inscription Electromatic.
– Pour finir, un binding autour de la nouvelle forme de la tête incrustée et des mécaniques Grover genre Imperial.
J’ai laissé le Bisgby de base, je trouvais que le noir peint dessus ne rendait pas mal en guise de rappel de couleur 🙂
Pour l’électronique, après pas mal d’hésitations sur le type de circuit et micros à adapter (la Silver Falcon possédant notamment 2 switchs 3 positions au niveau supérieur (tonalité et sélection micro)) j’ai finalement opté pour la configuration suivante :
– Couple LollarTron, pour changer des « classiques » (mais néanmoins très bon) TvJones, je ne suis jamais déçu par le Lollar même si je me suis fait plaisir avec ce set de micros, qui revient fort cher à l’import malheureusement 🙁
– Circuit Tone-O-Drive : ça devient une habitude maintenant, après Lexi et Tiffany, le très sympathique circuit de saturation interne va aussi prendre place dans la Gretsch.
– Sélecteur partie supérieure : choix des micros neck/les deux/bridge
– Potentiomètre de la corne avant : taux de distorsion du Tone-O-Drive.
– Partie inférieure : un volume et tonalité général + un sélecteur 3 positions pour les modes de la guitare : Mode tonalité, Mode drive et Mode tonalité + Drive.
Tone-O-Drive
Ce dernier sélecteur est une 3ème évolution du système initial Tone-O-Drive dans la mesure où, le TOD transformait le potard de tonalité en taux de drive (d’où son nom).
Sur la TeleStrat 2013, le Tone-O-Drive était déjà modifié en proposant 1 potentiomètre dédié au taux de saturation du mode drive. L’avantage d’avoir un potard libre par rapport à la Jaguar qui n’en disposait que de 2 (les autres switchs dispo possédant d’autres fonctions).
Sur Birdie, le sélecteur 3 positions permet de passer du mode tonalité au mode Drive (comme sur les switch on/off activaient le TOD sur les 2 autres guitares), mais aussi -et surtout- de combiner les 2 systèmes, permettant de saturer, tout en conservant plus d’aigu et de brillance, ou à l’inverse, de rendre l’ensemble plus muddy si besoin.
Une belle évolution dont les premiers tests ont été très, très (très !) convaincants !
Growling baby !
Les premiers tests ont en effet été des plus bluffants ! Si le TOD/Drive est si jouissif, c’est parce que les LollarTron sont tout simplement MONSTREUX en dessous !
J’ai émis quelques doutes en voyant la facture finale après douane&co, mais quelle claque à l’arrivée ! On en a pour ses pesos investis !
Comme l’annonce Lollar sur son site, l’idée n’est pas de faire une reproduction fidèle des FilterTron haut de gamme (il a bien compris que ce créneau est occupé par TvJones), mais quelques choses dans la veine, à leur sauce. Tiens ? Comme l’esprit du projet ! 😉
C’est effectivement différent du SuperTron qui me reste à la maison en guise de comparaison dans une semi-hollow body (la Gibson Midtown), et forcément très différent du rendu que j’avais dans la Telecaster (solidbody).
Je décrirais les Lollar comme étant un peu plus chaud que les répliques de chez TvJones (Classic + bridge notamment), avec une grosse patate de sortie et un super équilibre entre les 2 micros, aussi bien dans le grain que dans la tonalité. De grosses basses bien riches, un aigu brillant et détaillé et des hauts médiums plus présents qu’à l’accoutumée sur ce type de micro. Franchement, un régal ! Faites vous une idée avec les samples officiels !
Bravo Lollar, good job Mathieu, je suis bien content de l’upgrade ! Les modifs apportées semblent calmer mes ardeurs et atténuer ma déception quant à la Silver Falcon initialement désirée 😉 Mission accomplie 😀
Conclusion
Quoi qu’il en soit, la G5420T est une bonne petite guitare moyen de gamme qui s’avère être une excellente base d’upgrade pour aller titiller les meilleures productions, à acheter idéalement d’occasion dans cette optique (comme toutes guitares destinées à être boostées/modifiées 😉 ). Elle vaut les investissements placés en elle !
Rendez-vous en septembre/octobre pour le fin mot de l’histoire !