Quelques mois durant, j’ai été l’heureux détenteur d’un de ces sympathiques Toneking Falcon. Si des choix stratégiques et financiers m’ont contraint de m’en séparer, je voulais vous toucher un mot à propos de ce charmant combo guitare.
De quoi ça s’agit ?
Le Falcon est un petit combo monocanal (48 x 40x 25 cm) de 13.5 kg qui embarque un speaker Eminence Ragin Cajun 10″. Deux 6V6GT et trois 12AX7 propulsent le Falcon pour puissance annoncée de 12W.
Les contrôles ont été réduits à leur plus simple expression : Volume, Tone et switch de Voicing à 3 positions :
– Rhythm : dans l’esprit Fender blackface,
– Tweed : dans l’esprit Supro/National,
– Lead : dans l’esprit rock 70’s un peu Marshall, mais pas trop.
Il embarque également un atténuateur intégré à 6 niveaux d’atténuation. C’est le modèle Ironman de Toneking, également disponible en unité externe. Cela fait un peu office de Master Volume général pour l’ampli.
Niveau finition, mon attirance naturelle pour le vert ne m’a pas laissé le choix : ce sera en turquoise (mais il existe aussi en crème et en brun)
3 en 1
Le 1er voicing Rhythm, sous ses airs de canal Fenderien, se comporte un peu différemment des originaux dont il s’inspire. Un peu moins cristallins qu’un Twin mais sans pouvoir être considérés comme crades à part entière, les cleans sont vivants et aériens. En poussant le volume, on atteint de jouissifs crunchs très dynamiques et incisifs : un vrai régal ! Il est plus facile à faire saturer que feu mon Deluxe Reverb – merci l’atténuateur, parce que ça dégage du volume !
Comme son compère à vocation clean, le voicing Tweed jouit d’une dynamique des grands soirs qui lui confère une énorme palette de nuances. C’est rauque, c’est gras, c’est plein de médium (peut-être même un peu trop) : c’est bluesy baby ! Même si ce n’est pas le meilleur tweed/supro que j’ai pu tester, il fait très bien ce qu’on lui demande !
Le Voicing Lead, comme son nom le laisse supposer, est celui qui envoie le plus. Un peu plus compressé et plus propre que le canal Tweed, il me rappelle un peu le son Marshall. Il manque peut-être d’un peu de progressivité dans la course du potard, car on est vite pas mal de gain.
Soyons francs : ça fait bien le boulot, dépanne à l’occasion ; mais ce n’est pas l’attraction principale de l’ampli.
En parcourant les voicings d’un à l’autre, on ressent assez nettement que le Falcon a été développé autour du Tweed, en tweakant le circuit pour arriver aux autres modes : cure d’amaigrissement drastique en gain et médium pour le Voicing Rhythm et complément de gain et petit régime de médium pour le Lead.
Bref, on peut faire pas mal de choses avec cette petite bête :
Atténuation
Un des points forts du Falcon, c’est l’atténuateur Iron Man intégré.
La première chose à savoir sur le comportement du Falcon, c’est que tourner le Volume vers la droite ne fait qu’augmenter le gain. Le rendement maximum (l’augmentation de db) est atteint une fois le 1er quart de la course du potard passé. Au de la, il faut se tourner vers l’atténuateur pour jouer sur le volume général, qui fait donc office de Master Volume en quelque sorte.
Pour les petites atténuations, pas de problème : ça fait bien le job et ça vous permet d’adapter votre volume en répète ou en concert selon les conditions. Le speaker est encore suffisamment sollicité et le feeling est toujours là.
Sans surprise, le niveau d’atténuation maximal mange complètement le son en mode Clean et Tweed (ça passe encore en lead). On est à un niveau de sonore de télévision en appartement environ. Le speaker ne reçoit plus rien, et la : ça devient sans grand intérêt. Autant s’en référer aux pédales d’effets pour avoir les meilleures saturations possible à bas niveau.
Notez également que les différents voicing ne vont pas au même volume, avec pour incidence de devoir changer de mode d’atténuation en fonction du preset utilisé.
Personnellement, j’aurais préféré un potard d’atténuation libre, en pouvant doser à sa guise la réduction de volume. Je me suis déjà retrouvé en répétitions avec mon réglage sweet spot trop ou pas assez fort pour sortir du mix au niveau auquel nous jouions. J’aurais dû me positionner entre le 2 et 3 d’atténuation… du coup, on s’est tous monté d’un cran et on a tous gagné des acouphènes en fin de répète ! Pas génial donc, mais pas dramatique en soi.
Sur scène, l’idée est de s’adapter au plateau, quitte à jouer plus bas. À condition d’être repiqué dans la sono, ça ne pose pas de problèmes. Difficile de tenir un clean vraiment clean face à un batteur qui cogne un peu, 12w et 10″ obligent 😉
Conclusion
Pour les amoureux du look vintage, difficile de ne pas tomber sous le charme ce magnifique combo aux airs de vieux postes de TV ou radio. Le Falcon est un ampli unique en son genre à mi-chemin entre en Tweed et un Supro, avec des airs de Fender, qui respecte autant votre signal que la dynamique de votre jeu. Un plaisir à jouer, plein de caractère malgré les filiations qui lui sont attribués.
La finition fait partie des meilleures que j’ai pu voir et le rapport poids/puissance/possibilités est tout simplement génial.
Je n’ai pas de regret par rapport au fait de ne pas pouvoir passer d’un voicing à l’autre, car les différences de volume entre l’un et l’autre n’auraient pas rendu l’utilisation exploitable. Il existe d’autres références, notamment chez Toneking, qui permettent ce genre de choses dans les mêmes sonorités.
Le Falcon est dans la lignée de l’excellent Swart Space Tone (que j’ai possédé il y a quelques mois) ainsi que dans la veine du futur ampli que nous développons avec Hard Stuff Box, Le Brame, pour ne pas le citer. (Il a par ailleurs servi de comparaison dans nos sessions de mise au point, tout comme le Swart.)
Si les deux cités font probablement mieux l’aspect Tweed / Lead, le Falcon n’en a pas moins fière allure par sa polyvalence accrue.
Une référence (et une marque) à considérer pour vos achats futurs, assurément !