S’il y a bien un sujet sur lequel je ne pensais plus jamais écrire, c’est bien celui des amplis numériques. Forcé de constater que la technologie a beaucoup avancé, j’ai finalement (re)donné une chance au digital. Si bien, que j’ai adopté le système et suis officiellement passé « du côté obscur ».
Situation initiale
Après une phase d’apprentissage sur des amplis à modélisations (faut bien débuter 😉 ), mon oreille s’est développée autour des caractéristiques typiques du son lampe et des amplis qui j’ai pu acquérir / faire fabriquer tout au long de ma quête du son.
Orange, Marshall, Fender, Toneking, Fx amps, Morgan, Dwarfcraft, Dr.Z, Supro, Vox, ... Mes crises de GAS et mes envies d’expérimentation m’ont amené avoir possédé une vingtaine d’amplis à lampes, dont 5 sont encore dans le home studio. J’ai des lampes NOS en stock jusqu’à la fin de ma vie, un testeur de lampes, un ampli custom, … bref : je suis bien installé dans cette technologie analogique.
Si j’avais testé sans grand enthousiasme les solutions AXE FX en son temps, j’étais vite revenu à mes précieuses petites lampes. D’autant plus que mes amplis couvrent pas mal de sonorités ; je me sentais paré de ce côté-là.
Et là, c’est le drame.
Element perturbateur
Fin du mois de septembre, je tombe sur une vidéo « Can Kemper Save Chappers ? » de la (très cool) chaine Youtube du magasin anglais Andertons.
En deux mots le Kemper c’est un ampli numérique qui prend l’empreinte sonore d’une source (votre ampli préféré, vos pédales, vos enceintes …) et qui la reproduit numériquement.
Les 2 sympathiques gaillards organisent un test A/B à l’aveugle entre des amplis à lampes et leurs signatures numériques :
Stupéfaction : les dernières mises à jour du Kemper ont rendu le feeling de jeu quasi parfait. Impossible de discerner l’original de la copie avec certitude.
Ils remettent le couvert dans une 2ème vidéo. Le résultat est tout aussi bluffant :
Péripéties
Acquisition – mea-culpa
La, c’en est trop. Il faut que je sache. Et vite ! 😀
Je fais péter un Kemper Profiler sur Thomann (l’ampli n’étant plus dispo chez Andertons), en gardant la possibilité d’un remboursement si le test n’est pas concluant.
A ce sujet, c’est toujours un peu délicat d’emmerder les magasins physiques avec une commande spécifique qu’on risque de leur remballer. C’est plus cool de tester chez soi quelques jours que de tester (pas toujours dans de bonnes conditions) en magasin. Y a des fois où la politique de retours fait que… Thomann &co, c’est quand même pratique.
Pour le reste, l’achat en magasin physique reste vivement recommandé ! Support your local dealer ! (dixit le mec qui vient d’acheter sur un store, et même pas celui qui a fait la vidéo qui l’a convaincu… je suis peu crédible sur ce coup-là, je vous l’accorde… C’était une urgence 😀 ) Faute avouée, à moitié pardonnée ?
Epic battle
Ca y est, je branche le grille-pain (faut avouer, c’est moche 😀 ), je sors l’ABY Box et connecte le tout. Je lance l’update du Kemper d’un côté et fais chauffer les lampes de l’autre. Ça va saigner !
Je cherche quelques profils existants similaires à mes amplis et adapte le speaker sur le Torpedo côté amplis à lampes, je règle pour arriver à des sons équivalents (déjà à ce stade, je suis épaté) et pis je passe d’un à l’autre à l’aveugle.
Bordel de merde. Bordel de putain de merde. Ça le fait. Grave.
Je tente profilage vite fait. Plus moyen de retrouver l’original à loupiotes. Le feeling, la réponse et le rendu sont identiques : La bataille épique est un match nul parfait.
Je parcours les divers profils disponibles et me rend compte de l’étendue des possibilités ! Cette usine à gaz est dantesque ! Je branche ensuite le Kemper sur le cab 1×12 et désactive la simulation de speaker des profils : tout est là ; on s’y croirait !
Bon, ben… je vais le garder, ce grille-pain ! #faible
Conclusion à ce stade
Tu repenses à toutes ces heures de lectures, tests, achats et reventes d’amplis… et tu ne peux pas t’empêcher de te sentir un peu con. Le voyage en valait la peine, mais s’il suffisait d’attendre. C’est pas très sexy, mais ça fait super bien le boulot et c’est pratique ! En un mot : bluffant.
J’aurai toujours plaisir à jouer sur mes amplis à lampes, mais je peux songer à me séparer de ceux que j’utilise le moins.
Les amplis à lampes restent indispensables puisque le Kemper ne fait que répliquer leur comportement. C’est LA base. Le Kemper n’est en réalité pas une menace, c’est son meilleur ami !
Car, si ça me parait impensable de ne pas posséder « the real thing », il faut avouer que cette évolution majeure en matière d’amplification répond à pas mal de problématiques auxquelles j’ai été confronté ces dernières années :
La gestion du volume :
Grâce à la connectique embarquée, je peux brancher facilement le Kemper dans la carte son et sortir au casque avec des sons très convaincants. Auparavant, j’ai du passer par un couple atténuateur + simulateur de speaker (Hot Plate, Palmer PDI, Torpedo Cab & Live, Sequis Motherload, …) pour profiter pleinement du son lampe à faible volume et/ou au casque. Ça fait pas mal de câbles ; et surtout beaucoup d’argent !
La gestion de l’espace / L’aspect collection :
A l’aide de l’interface PC/Mac, vous gérez les différents profils que vous voulez mettre sur votre Kemper. La base de données est partagée et vous pouvez avoir accès aux profils d’autres utilisateurs. Vous pouvez également acheter des profils réalisés dans des conditions optimales chez quelques spécialistes (ampli rare, dans table de mix hors prix, avec micro haut de gamme, …).
J’y ai vu une super occasion de reconstituer mon « parc d’amplis » ; comme si je n’avais jamais du les vendre (pour financer les nouveaux, ndlr). Comme dit plus haut, je peux songer sereinement à me séparer de ceux que j’utilise le moins. Je garderai leurs profils pour longtemps, je gagnerai de la place et récupérerai un peu d’argent.
L’aspect confort & sécurité :
Quel confort que d’élaborer son preset, avoir tout sous la main et sonner pareil en toute circonstances. Les loopers étaient déjà une petite révolution en soi, mais les possibilités du mode Perform (orienté live) laissent rêveur.
Je n’ai pas encore exploité ce mode suffisamment que pour avoir un retour pertinent (je ne joue plus live/répètes, car je n’ai plus le temps), mais je vous en toucherai un mot prochainement.
Tout musicien qui a déjà fait des concerts connait les diverses problématiques liés à la multiplication du matériel en live (transport conséquent (poids), allonges et multiprises, allongement du signal et multiplication du nombre de câbles = ennuis potentiels, capacité du sonorisateur local, …). Avec l’aide du pédalier Kemper, je pourrais presque me passer de pédales externes (une fois profilées et intégrées dans les presets).
Imaginez : on pourra bientôt acheter les sons spécifiques (effets compris) pour avoir le son de ses artistes préférés. A quoi bon empiler les pédales désormais ? Elles restent indispensables si vous créez VOTRE son et que vous faites des presets précis (qui sont supposés sonner d’une telle façon, sans être trop modifiée/adaptables).
L’aspect Dream Amp :
Un clean Fender pur, un clean Voxy un peu sale, un crunch Marshall, et une grosse disto Mesa. Quel guitariste de rock n’a pas rêvé de la combinaison ultime des géants de l’amplification ? Ici, tout est possible.
Faire l’empreinte de ses amplis et embarquer le Kemper sur la route en laissant les originaux au chaud (et en sécurité) devient vite une évidence.
Même si t’es débutant, sous réserve d’avoir la thune : Go Kemper (d’occasion si t’as de la chance), trouve ton son préféré et puis achète l’ampli original. Tu garderas toujours ton Kemper et tu adoreras faire gueuler les lampes en répètes ! Promis 😀 (au pire, ça se revend très bien 😉 )
Je détaillerai les profiles que j’utilise dans un prochain article. Stay Tuned 🙂