Après 6 mois de manipulations intensives et quelques updates, il est temps pour moi de vous toucher un mot sur l’excellente Universal Audio OX Top Box, une très belle machine qui vous permet d’exploiter votre ampli à lampes à bas volume et/ou de vous enregistrer silencieusement avec des simulations d’enceintes de qualité.
C’est la première entrée hardware de la marque américaine à destination des guitaristes : l’effervescence était palpable dans la communauté pro audio autour de ce produit supposé faciliter les prises guitares électriques. Il s’agit là d’un sérieux concurrent pour la gamme Torpedo de Two Notes, dont la version Live et CAB m’ont équipé pendant plusieurs années.
Loadbox de qualité
Vous n’êtes pas sans savoir qu’il est essentiel de connecter un baffle d’impédance correspondante à votre ampli à lampes afin d’en absorber la charge, sous peine de griller (au mieux) le transformateur de sortie.
L’Ox est avant tout une loadbox, soit un dispositif qui absorbe la charge envoyée par l’ampli et qui permet ainsi de jouer sans baffle, ainsi qu’une atténuateur qui permet de réduire volume du signal envoyé vers le cab connecté. Vous pouvez ainsi pousser votre ampli à lampes dans son sweet-spot et faire chauffer les lampes à blanc tout en maitrisant le volume de sortie.
Ce système est une bénédiction pour les amplis sans Master Volume, pour les guitaristes d’appartement, mais aussi dans un contexte de groupe (répète ou live) où la gestion des volumes permet des répétitions et concerts nettement plus agréables.
Pour ce faire, vous connectez la sortie baffle de l’ampli à sur l’entrée « From Amplifier » à l’arrière de la Top Box et vous sélectionnez l’impédance 4, 8 ou 16 ohms en fonction de votre ampli. Vous pouvez ensuite choisir de sortir via un baffle connecté de l’Ox vers le cab (avec 6 réglages d’atténuation), de sortir au casque (entrée jack 6.5 mm et volume en façade), ou dans votre carte son en stéréo via 2 jacks TRS (avec contrôle du volume de sortie sur le panel avant) ou en connexion SPDIF.
Pour conserver un maximum de chaleur, je conseille vivement le câblage via jack contrairement au SPDIF qui a un rendu beaucoup plus clinique.
La loadbox est super réactive, les sensations de jeu sont excellentes. Sur le réglage d’atténuation en façade, le niveau 0 signifie que votre baffle est muté et qu’aucun son n’en sortira. Les niveaux 1 et 2 sont exploitables, mais à ce niveau de volume, autant sortir au casque avec les émulations d’enceintes : le rendu sera meilleur.
J’oscille le plus souvent entre les réglages 3 et 4 (selon l’enceinte connectée) qui maintiennent toutes les qualités du son sans excès de décibels. N’oubliez pas que vos speakers sont conçus pour avoir un certain rendement, une gamelle 100w sous-alimentée ne réagira donc plus aussi bien qu’un petit 25w poussé.
Enregistrement simplifié
La deuxième section est dédiée à la simulation d’enceintes et de la prise micro de celles-ci. On peut compter sur l’expertise d’UAD dans le domaine, puisque la marque propose déjà des simulations d’amplis unanimement louées sous forme de plugins.
6 presets sont programmables et rappelables en façade via le potentiomètre RIG dédié. Pour configurer vos simulations d’enceintes préférées, vous devez connecter l’OX à un iPad, un Mac ou depuis peu, un PC (depuis l’avant-dernière update, donc pas si longtemps – ce qui a eu le don de faire rager beaucoup de gens, à raison) et accéder à l’application.
On se retrouve avec beau choix d’enceintes qui s’élargit au fur et à mesure des updates softwares. J’étais entrain de terminer cet article lorsque la dernière version v1.2 est sortie avec son lot de nouveautés, dont une série très attendue de cab plus moderne embarquant des Celestion V30. J’ai postposé la publication le temps de tester tout ça, pour vous donner un avis le plus à jour possible 😉
La sélection de speakers compte 22 simulations avec beaucoup de classiques reconnaissables. Des 10, 12, 15 pouces des différents géants américains et anglais de l’industrie pour des sonorités vintage et moderne. Vous avez l’option de choisir un modèle 50w ou 100w (la plupart du temps, je préfère en 50, c’est plus pêchu) et agir sur l’état d’usure du baffle avec le potard speaker drive (une option que j’utilise avec parcimonie jusqu’ici, car pas spécialement convaincu).
Pour capter tout ça, vous avez le choix entre 6 micros parmi les plus utilisés dans les studios au monde pour les prises guitares. Vous pouvez en utiliser jusqu’à 3 simultanément : 2 micros proches de la grille et 1 micro room. Pour chaque micro, vous pouvez gérer le volume, paning gauche/droite, activer un filtre high-pass, mettre le micro hors de l’axe et appliquer une EQ.
Pour terminer, une section Master vous permet d’appliquer une couche globale d’effets sur l’ensemble des micros mis en place. Vous pouvez activer jusqu’à 4 effets : EQ, compresseur, Delay et reverb, tous issus des plugins UAD de renommée mondiale. Certains préfèrent gérer ça post-enregistrement dans le DAW, perso j’aime bien garder l’EQ et le compresseur de l’OX (qui font partie intégrante du rendu que je veux) pour avoir un minimum de retouches dans le programme (et ne pas surcharger l’ordi).
Différents presets sont disponibles pour aller plus vite, mais je vous avoue ne pas spécialement y avoir trouvé d’intérêt au vu de l’extrême facilité à créer ses presets favoris. Cela peut néanmoins rassurer les utilisateurs plus débutants ou les moins sûrs d’eux.
L’option Room est vraiment sympa quand on joue tout seul, surtout au casque. Elle ajoute ce petit plus qui compense l’absence de résonance naturelle dans la pièce, pour une sensation de spatialisation plus réaliste (on a moins l’impression de jouer l’oreille contre le baffle).
Par contre, à moins que le preset ne soit configuré spécialement autour du son de ce micro à des fins créatives, je préfère généralement me contenter d’une dose minimale de Room à l’enregistrement et ajouter une petite reverb dans le cadre du placement des instruments dans le mix général.
Bien mieux qu’un Torpedo, aussi simple que le Sequis
A l’installation du Music Lab, j’ai rebranché les amplis après presque une année à jouer exclusivement sur le Kemper. J’ai redécouvert le plaisir lampes et le feeling d’un baffle bien poussé – nettement plus fun et jouissif que les simulations d’enceintes du Kemper au casque !
D’un autre côté, les retrouvailles avec le Torpedo Live ont été moins réjouissantes. Remis d’usine, je ne suis jamais arrivé à retrouver un résultat satisfaisant, malgré la pléthore d’options. En enregistrement et au jeu au casque, ca sonne crin-crin de base et je suis nettement moins enclin à repartir à la chasse au IR et tweaker pendant des heures pour trouver quelque chose à mon gout. Avec l’accumulation de matos, on en devient presque fainéant !
En attendant de trouver mieux, je me suis « contenté » de mon vaillant Sequis Motherload Elemental qui, sans être du calibre de la Top Box, est quand même ma loadbox avec simulation d’enceintes non digitale préférée grâce à son réglage progressif de volume (les loadbox, comme l’OX, ont la plupart du temps des crans d’atténuation qui ne correspondent pas toujours avec le volume de sortie qu’on voudrait obtenir idéalement. On veut souvent être juste « entre deux » crans) et son émulation d’enceintes plus que correcte, bien que sommaire.
Quand j’ai acquis l’OX, le temps de passer les enceintes en revue, plus 15 minutes de réglages des micros et des différentes options et j’avais des sons personnalisés très convaincants nettement plus réalistes. L’OX est super plug and play, et ca joue en sa faveur ! Ca me rappelle le Sequis avec ses 2 réglages mic/cab, mais avec nettement plus de possibilités et tout autant de facilité ! Et ça, ce n’était pas gagné !
La Top Box est un peu plus chère qu’un Torpedo Live, mais on joue vraiment dans une autre catégorie ! J’en étais pourtant satisfait dans le temps, mais ici c’est vraiment plus naturel… et tellement plus facile.
Il n’y a pas match, cet OX est vraiment une Top Box. Exit le Torpedo, c’est le Sequis qui restera aux côtés de l’Universal Audio.
Comme une prise micro, à peu de choses près
Si on compare le rendu de l’OX à une prise micro traditionnelle sur un cab, le résultat est très proche de la réalité. Si on n’a pas la pièce idéale pour faire des enregistrements dignes d’une session studio, ce qui est la majorité d’entre nous, la Top Box résout pas mal de problèmes !
Je n’ai qu’un SM57 et un V30 (pas le même cab, mais le même speaker) pour comparer avec l’un des micros et cab de la sélection d’Universal Audio : les résultats sont assez similaires, à condition de corriger quelques fréquences à l’égalisation et de donner du peps avec un compresseur sur le Master. Sans quoi, ca peut sonner un parfois encore un peu trop lissé et un peu moins in-your-face.
Typiquement, j’ajoute un brin de low-mid vers 180-200 hz, un peu de haut médium en plus entre 1.8 et 2.2 kHz en plus d’un high et low pass. J’active généralement un petit compresseur sur le Master (1176 ou LA2A) pour avoir plus d’impact et de percussion (il y a des presets de base sur les effets si vous ne savez pas trop par où commencer)
Après quoi, je ne sais franchement plus faire la différence d’une piste à l’autre.
Pour les autres micros, je ne me prononce pas, mais je suis amené à croire qu’on n’est pas loin non plus. Le mieux, c’est de faire confiance à son oreille 😉 En tout cas, il ne faut pas négliger l’apport de la section d’effets sur le Master : elle est extrêmement efficace et comble à elle seule les petites lacunes qui séparent encore les simulations de la réalité !
Pourquoi pas en utilisation live
L’OX ne nécessite aucun équipement informatique : tout est stocké dans la machine. Vous pouvez l’embarquer facilement en répétitions ou en concerts.
Si vous n’êtes pas certain (de la qualité) des conditions de sonorisation dans la salle où vous vous produisez, l’OX Top Box vous permet d’être sûr de ce qui va être envoyé à votre public en façade. Vous ne dépendez plus trop de l’ingé son sur ce point (ce qui est parfois une bonne chose quand ce dernier prend des libertés créatives) et vous lui facilitez même la vie en contrôlant le volume sur scène et en lui épargnant le positionnement d’un micro. A vous de voir si vous si embarquez un cab en plus où si vous vous contentez des retours et éventuel système in-ear.
Si vous voulez utiliser les effets de la section Master dans une configuration plus live, la prise footswitch permet depuis la dernière upgrade d’assigner un pédalier (jusqu’à 3 positions) à différents effets. Notez qu’il n’y a aucun intérêt à vouloir passer d’un cab à l’autre via un switch, car l’OX prend une seconde de chargement entre chaque presets : ce ne sera pas utilisable dans une même chanson par exemple.
Cependant, si je devais reprendre une activité live, j’aurais tendance à lui préférer le Kemper amplifié, le Sequis avec un ampli ou, à défaut, juste le FX Amps Classic Plex et son master volume hyper progressif qui fait des merveilles (mais besoin d’une prise micro traditionnelle).
D’expérience, la facilité de transport et de mise en place prime sur les quelques pourcents de bonification gagnés avec l’OX Top Box. Une fois bien réglé, le Kemper est redoutable dans cette optique avec sa connectique complète et ses nombreuses possibilités. La Sequis Motherload est quant à elle une loadbox passive (ne nécessitant pas d’alimentation) qui coute 4 à 5x moins cher que la Top Box. C’est donc du câblage en moins et des risques plus limités en cas de vol 😉
Après je ne dis pas, sur une belle scène et/ou pour une prestation importante, pourquoi ne pas sortir l’artillerie lourde ? Ca a du sens 😉
Ox Wish List
Universal Audio travaille dur pour combler les lacunes initiales de la Top Box. Les utilisateurs PC étaient en droit de réclamer une compatibilité avec leurs systèmes d’exploitation dès sa sortie, tandis qu’une sélection d’enceintes plus modernes semblait être une évidence.
La liste d’envies diminue au fur et à mesure des mises à jour de l’OX : la prise footswitch a enfin une fonction, les Vintage 30 sont arrivés, les utilisateurs PC ont enfin accès à l’application, … On a eu ce qu’on voulait !
Je verrais bien une utilisation plus poussée des connexions USB ; par exemple permettre de gérer l’app sans passer par le wifi de la machine, permettre de se mettre à jour de manière un peu plus fluide ou pourquoi pas de proposer de l’enregistrement audio direct la prise USB.
On espère évidemment toujours plus d’enceintes, avec aussi des modèles pour basse, et pourquoi pas quelques micros en sus 😛 J’adorerais pouvoir choisir 2 enceintes différentes !
Conclusion
J’aime autant l’OX Top Box pour ses sonorités que sa simplicité. Elle constitue une splendide combinaison d’outils à destination des guitaristes, bedroom producer et studio professionnel.
La loadbox est excellente, l’atténuation du speaker est parmi ce qui se fait de mieux sur le marché (avec le Tone King Iron Man, ou mon Sequis, que j’aime beaucoup). Les simulations de speaker et de prise micros sont très naturelles ; elles sont suffisamment personnalisables que pour arriver précisément à un rendu désiré, tout en conservant une facilité de programmation essentielle à mes yeux.
J’apprécie pouvoir tester des combinaisons ampli-speaker que je n’aurais probablement jamais testé. Ex. mon Plexi dans des cabs typé Fender, du Blackface dans un 4×12, … C’est intéressant, même si les combinaisons prévues par les fabricants d’amplis sont souvent les plus efficaces.
Les nouvelles enceintes simulant les Celestion Vintage30 sont vraiment excellentes et viennent combler un vrai manque qui pouvait en faire hésiter certains.
On va pas se mentir, dans la liste de nos envies de matos, les loadbox ne constituent pas un achat prioritaire et la plupart du temps, ca fait même carrément chier de lâcher autant de blé dans ce genre de périphérique (surtout quand y avait pas de V30 ni de connexion PC).
Je me rappelle des presque 600 euros déboursés à l’époque pour le couple THD Hotplate + Palmer PDI09, un crève coeur initial qui s’était finalement avéré être un coup de coeur à posteriori au vu du plaisir à jouer avec mes amplis à lampes à volume modéré.
Malgré le tarif élevé de l’OX Top Box, celle-ci est à envisager sérieusement. Elle vous garantit des enregistrements professionnels sans prises de tête qui vont améliorer votre workflow de création.
En plus, elle est jolie 😉