C’est en 2007, alors que la conception de mon rig guitare n’en était qu’aux prémices, que je suis tombé sous le charme de cette Gibson Les Paul Studio datant de 1995. Flairant la bonne affaire à la lecture de l’annonce, j’ai été conquis par le look de la guitare au premier coup d’oeil. Vernis craquelé, marques d’usures, divers coups laissant le bois apparant et couleur de l’accastillage dégradée : la Demoiselle ne cache pas ses rides et c’est tout pour me plaire !
L’état général justifiant le prix cassé, me voila rassuré quant à la provenance de la guitare (la méfiance des trop bonnes occasions… le risque de se retrouver avec une copie n’est pas négligeable.)
Le test de la guitare s’est avéré être une vrai révélation. Outre ses qualités indéniables, c’est la sensation de jeux et le feeling que j’ai ressenti à ce moment précis qui m’ont fait prendre conscience que certaines guitares avaient bel et bien une âme. (théorie subjective qui fera un jour peut-être l’objet d’un post sur ce blog 😉)
Dernière anecdote lors de l’achat :
J’ai détesté le son lors du test ! Branché sur un Marshall JCM900 mal reglé, dans un local foireux, sur un box assez moyen (1960 quand tu nous tiens…), la belle n’a pas « chanté » devant moi ! Pas bien grave : j’allais jouer sur un autre ampli (plus à mon goût) et en gardant à l’esprit une upgrade éventuelle des micros.
Les bois utilisés sont de l’érable pour la table et de l’acajou pour le corps et le manche. Ce dernier est arrondi (à la manière de la Les Paul de ’59) et est constitué d’une seule et même pièce de bois, collée au corps. La touche est en palissandre, les inlays en nacre et on peut dénombrer 22 frettes medium-jumbo.
L’accastillage est de type « gold ». J’aurais préféré un « silver », mais l’état d’usure de la finition est tel qu’on y sera bientot ! Le chevalet est un classique Tune-O-Matic tandis que le cordier est un Stop Bar. Les mécaniques sont quant à elle de types Kluson en tulipe.
Niveau électronique embarquée dans la configuration d’origine, on retrouve le traditionnel couple Gibson : humbucker alnico 490R et 498T. (R pour Rythm (manche) et T pour Treble (chevalet)). Tous les deux pilotés par 1 volume et 1 tonalité par micros et un sélecteur 3 positions.
Hormis quelques petits changements d’ordre esthétique, j’étais tout à fait satisfait de la Studio et je comptais la garder telle que je l’avais acquise. Cependant, à l’arrivée de ma Gibson es339 équipée de micros Classic 57, j’ai commencé à délaisser peu à peu la Les Paul. En effet, les classic 57 officient dans le même registre de sonorités que les 490R/498T, mais avec plus de qualités. En comparaison, je trouvais la Studio fade et sans caractère (alors que je l’aimais bien avant… c’est vous dire que j’adore l’es339 !). J’ai décidé d’opter pour des micros P90, changant ainsi radicalement de type de sonorités.
Les P90 sont des micros guitares (pickup) à simples bobinages créés par Gibson en 1946 en réponse aux simples bobinages (aka single coil) de chez Fender. Ils n’ont cependant pas équipé longtemps les guitares de la marque américaine car en 1957; la création du PAF (utilisant le système humbucker) les a évincé des configurations de série.
Le P90 est souvent confondu avec des micros à doubles bobinages en raison de sa taille. Au niveau de sa forme, il en existe 3 types :
– Soapbar (plus gros qu’un humbucker, ressemble à une savonette),
– Dogear (savonette avec attaches extérieure type « oreille de chien »),
– Humbucker-sized (de la taille d’un humbucker classique).
Au niveau du son, on se situe entre un simple et un double. Plus cristallin qu’un humbucker en son clair et plus gras en saturé qu’un simple, le tout avec un bruit de fond réduit par rapport à des simples.
Après avoir renoncé aux P94 Gibson pour cause de disponibilité à l’époque, j’ai finalement opté pour kit de P90 Bare Knuckle Mississippi Queen.
Concernant Bare Knuckle, cette société anglaise construit ses micros entièrement à la main avec des composants traditionnels et autentiques, le tout au Royaume Uni (aucune délocalisation, même dans les pièces sous-traitées (disent-ils)).
» Everything we make at Bare Knuckle is made by hand, in house, with the criteria being to create the best sounding pickups possible from the finest materials. »
Ca résume bien 🙂
La guitare répond bien aux attaques, avec le côté tranchant du simple, mais avec une saturation grasse genre humbucker. Le micro bridge (réglé assez près des cordes) me fait penser à ma Strat 50s (en mode JUMP avec le bridge et le neck) tout en ayant indéniablement plus de corps. Le neck, nettement moins « bright » que le bridge, élargit considérablement le champs d’action de la guitare. La position intermédiaire se révélant être tout aussi intéressante (et exploitable) que les 2 deux positions.
Quoi qu’il en soit, on est a des lieues des sonorités des 490R/498T… mais je ne regrette vraiment rien : non seulement cela complète parfaitement les sonorités manquante dans mon rig, mais ca me redonne l’envie de jouer avec cette belle guitare.
Parmi les différentes petites modifications esthétiques/pratiques que j’ai fait :
– remplacement d’un potentiomètre (plié)
– remplacement des « caches » des potards (initialement noir, j’ai mis des gold/blanc)
– remplacement de la plaque Rythm/Treble (blanche au lieu de noire)
– suppression du pickguard (pas besoin)
– inclinaison du sélecteur (horizontal au lieu de vertical)
– suppression du ‘knob’ du sélecteur
Les deux derniers points sont prévus pour éviter de toucher le sélecteur de micros lorsque je gratte frénétiquement : de cette manière, le sélecteur est plus petit et dans un sens qui empêche tout changement indésiré de micros. (C’est donc normal s’il « manque » le « capuchon »).