Moi qui cherchais du concret pour vous convaincre de l‘intérêt d’encoder vos observations naturalistes au quotidien, en voici un magnifique exemple, servi sur un plateau par le groupe Facebook de la régionale Natagora Pays Chantoire.
Une découverte exotique et exceptionnelle
C’est au mois de juillet, au détour d’une promenade sur les rives de la Vesdre que Simon Valentini découvre une série de plantes exotiques inattendues dans nos contrées. Intrigué par ces végétaux qui lui sont inconnus, cet étudiant en biologie a le réflexe d’encoder ses découvertes sur Observations.be, la principale plateforme naturaliste du pays.
Immédiatement alerté par les données fraîchement encodées, Simon est contacté très rapidement par Filip Verloove, chercheur au Jardin Botanique de Meise, qui lui indique le caractère exceptionnel de ses trouvailles !
L’incroyable aventure se poursuit pour le jeune liégeois : en retournant sur place deux semaines plus tard, le hasard pousse Simon à croiser la route de Sipke Gonggrijp, botaniste néerlandais, attiré par les récentes données récoltées sur Observations.be.
Après quelques échanges, Sipke aide Simon a identifier quelques-unes de ses trouvailles, dont l’Ibicella lutea, une plante carnivore spéciale où les insectes se collent aux feuilles et aux fleurs, avant d’être digérés.

Ils décident alors d’explorer les rives ensemble les jours suivants, débusquant des raretés venant aussi bien d’Australie, d’Afrique du Sud, que d’Amérique du Sud – bref, de partout où pouvait venir la matière première qui était transformée dans la région il y a quelques décennies.
La vie dans le chaos
De terribles inondations ont ravagé la vallée de la Vesdre en juillet 2021 : une catastrophe que nous ne sommes pas prêt d’oublier dans la région et dont de nombreux stigmates sont toujours bien visibles plus d’un an après. 39 morts, plus de 100 000 sinistrés graves, c’est un drame pour notre petite communauté.
Les berges ont été sécurisées et reconstruites en grande partie. Dans l’opération de remblaiement, certaines graines enfouies depuis des décennies ont été remises à la surface… et ont fini par germer après parfois plus de 100 ans à dormir dans le sol !
Depuis lors, et après des journées entières de recherche et d’identification, ce sont plus de 130 espèces de plantes exotiques qui ont été identifiées !
Héritage de l’industrie lainière
Depuis le XVII siècle (et particulièrement depuis le début de la mécanisation industrielle au XIX), la laine est importée en masse dans la région verviétoise depuis les quatre coins du monde.
Elle y était lavée dans l’eau de la Vesdre avant d’être tissée. Cette laine contenait de nombreuses impuretés, dont des graines qui se sont disséminées au fil de l’eau pendant des décennies.
Ces plantes, si elles ont pu se développer et être répertoriées à l’époque, ont fini par disparaitre avec la fin de l’industrie lainière verviétoise depuis des dizaines d’années. C’est donc un petit miracle qui s’est produit ici !
D’après Sipke Gonggrijp, à ce stade des observations, « il est possible qu’une trentaine d’espèces n’aient jamais été répertoriées auparavant en Europe et en probablement jamais à l’extérieur du continent d’où elles proviennent. »
C’est tout bonnement incroyable ! Voici le post original sur Facebook :




















Des espèces invasives ?
Interrogé sur cette potentielle problématique, Simon me confie qu’aucune espèce recensée n’est sur la liste des plantes invasives de Belgique. Ces plantes étant des espèces connues, même si vivant ailleurs, il y a peu de chance qu’elles deviennent soudainement invasives sous nos latitudes.
Il précise « d’autres n’avaient jamais été trouvées ici auparavant, il est donc difficile de savoir comment elles vont évoluer dans le temps. Par exemple, la Datura stramonium est une exotique assez commune dans toute l’Europe, mais elle devient un peu envahissante dans le sud où le climat est plus doux. A ce stade, elle ne semble pas poser trop de problème chez nous. »
S’il vous venait l’envie d’explorer la vallée de la Vesdre à la recherche de ces plantes pour récolter des graines, je vous invite à la plus grande prudence. L’idéal serait de ne pas le faire, mais on sait que je ne vous en empêcherai pas … alors si vous tentez le coup, faites les pousser dans un environnement bien contrôlé, afin d’éviter qu’elles ne posent des problèmes à la biodiversité locale, surtout dans le contexte de réchauffement climatique actuel !
Vos observations comptent !
Vous en doutiez encore ?
Rentabilisez vos balades et sorties nature : créez un compte sur Observations.be et installez ObsIdentify et iObs sur vos téléphones… et c’est parti, peut-être pour la « gloire », comme Simon !
Encore bravo à lui.
(et ne récoltez pas de graines !)