Je n’ai pas mis longtemps à me décider lorsque je suis tombé sur le financement participatif de la Plasma des Lettons de Gamechanger Audio. En effet, ce n’est pas tous les jours qu’on invente un nouveau moyen de distordre le son ! Ici, ce ne sont ni des lampes ni des transistors, mais bien un tube au xénon qui se charge de transformer votre source.
C’est donc à la fois l’envie de soutenir les innovations, mon amour pour les fuzz et surtout le prix très attractif de la pédale pour les early birds, soit 140€ en précommande au lieu de 300€.
Quelques mois plus tard, je réceptionnais cette intrigante machine à bruits fabriquée en Lettonie.
Caractéristiques
– True bypass foot-switch,
– Tube Xenon (longévité d’environ 10.000 heures)
– Réglages: BLEND (mix), VOLTAGE (gain), VOLUME, LOW FREQ (basses), HI FREQ (aigus)
– Fréquences : de 20Hz à 22kHz
– Connectique: IN, OUT, DC input
– Input / Output Impedance: 1MΩ / 100Ω
– Max Input / Output Level: 7Vpp (+10dBu)
– Alimentation : 300mA, 9VDC
– Led blanche d’activation
– 840 grammes
Innovante & Visuelle
La Plasma transforme le signal électrique de votre guitare en signal à impulsions, avant de le faire passer dans un transformateur pouvant faire varier son intensité jusqu’à 3500 Volts via le potentiomètre Voltage.
Ces impulsions survoltées passent alors dans le tube xénon : une partie est transformée en lumière et l’autre poursuit son chemin après l’altération du signal. Les impulsions sont alors reconverties en signal audio traditionnel pour aller jusqu’à votre ampli. C’est donc le gaz xénon qui est au centre de l’effet distordu ; et ça, c’est nouveau !
L’objet en lui-même est visuellement très réussi. L’imposant et robuste boitier expose fièrement son tube au xénon qui s’illumine en fonction de votre jeu et des réglages d’intensité. C’est carrément hypnotique !
Gamechanger Audio a d’ailleurs principalement joué là-dessus pendant la campagne de crowdfunding. Admirez plutôt :
Là, tu te dis : Cool, une Dead Weather in a box 😀
Plein de bonnes idées
Une des caractéristiques de cette conception novatrice à base de xénon est son action naturelle de noise-gate : dès qu’on lâche les cordes, l’intensité du signal n’est plus assez puissante et s’arrête assez vite (en 100% wet). C’est du coup assez fun à jouer, mais c’est dommage qu’on ne puisse pas régler le seuil de déclenchement plus précisément. Ce n’est pas sans rappeler la Fuzz Factory ou la Geiger Counter.
Un autre bon point, c’est le potentiomètre Blend (qui pourrait être utile sur bien des fuzz) qui permet de faire le mix entre le signal original et le signal distordu par la Plasma. Vous pouvez obtenir uniquement le signal produit par le xénon en mettant le Blend à fond (ce qu’on appelle le 100% wet). C’est pratique pour retrouver de la définition dans ses riffs lorsqu’il y a trop de distorsion.
Dernier point, l’égalisation très réactive à 2 bandes possède également un switch à l’arrière « Clean EQ« , qui autorise (ou non) les contrôles Low et Hi à interférer sur le signal original en plus du traitement de base sur le circuit Plasma. Cela permet d’obtenir des sons bien différents. Y a plus qu’à Blender 😉
Novateur, pas révolutionnaire
La Plasma propose des sonorités fuzz gated agressives, pas dans la nuance, malgré le blend qui permet de ramener de la clarté et de la définition. Son petit plus, c’est le crépitement spécifique qu’elle fait lorsque le signal s’arrête. Il faut que je continue les expérimentations et que je tente de la placer dans des compositions !
C’est fun, très joli, mais très typé et il faut prendre le temps de l’apprivoiser et dompter son tempérament survolté. C’est une pédale vraiment idéale pour du noise, du drone ou de l’indus. Mais vous n’en intégrerez probablement pas naturellement dans vos compositions standard : vous allez plutôt créer autour d’elle.
Si le concept de la disto au xénon est techniquement très novateur, les sonorités ne le sont que moyennement. Ou du moins, pas suffisamment à mon goût. Ça crépite un peu plus, mais c’est assez proche de ce que je pouvais avoir avec d’autres pédales.
Dans ce style de fuzz complètement barré, il existe d’autres références tout aussi inspirantes (et peut-être plus polyvalentes) qui me viennent en tête : chez Death by Audio, comme la Soundwave break-down, ou la Red Witch Fuzz God II, la Dwarfcraft Great Destroyer, et les Zvex Fuzz Factory et WMD Geiger Counter.
La Plasma est une bonne pédale, mais certainement pas une pédale tout terrain. On adore ou on déteste ! Une chose est sure, c’est qu’on ne peut pas rester indifférent face à ce magnifique boitier qui s’illumine à chaque note jouée. Je n’ai plus de pédale dans ce style, ca tombe bien 😉
J’ai quand même un sacré problème sur le prix… Au tarif Early Bird de 140€, ca va : j’en ai pour mon argent. Désormais à 300 balles, c’est quand même fort cher pour ce que ca permet de faire au final, même si c’est justifié pour ce que c’est – l’innovation a un prix.
Mon conseil : encore plus dans ce cas que d’habitude, testez avant d’acheter !