Ayant initialement peu d’intérêt pour ce type d’effet, cela quelques mois à peine que je m’intéresse aux Ring Modulators. Cet effet, parmi les plus expérimentaux du marché, est plus souvent plébiscité pour son utilisation avec des synthétiseurs et autres boites à rythmes. Conquis par la qualité de conception de ma Barbershop OD, j’ai été à nouveau séduit par Fairfield Circuitry et son Randy’s Revenge !
De quoi ça s’agit ?
Comme c’est le cas pour la Barbershop OD et comme en témoigne la photo ci-dessus, Fairfield Circuitry a soigné le packaging de sa pédale : protection soignée et écologique, flopée de médiators, carte de visite et manuel imprimé clair et concis. La pédale en impose d’emblée. Le boitier métallique « simplement » gravé du nom de la marque et des indications d’usage est du plus bel effet. La Randy’s Revenge respire la solidité et sa conception interne apparait comme étant des plus soignées.
La connectique (IN/OUT + alim 9v standard) se trouve sur la tranche supérieure de la pédale, ce qui facilite son intégration dans sa position initiale (horizontale/paysage) sur un board par rapport à la Barbershop OD que je me suis résolu à positionner verticalement. Pour piloter l’effet, 4 potentiomètres et 2 switchs permettent d’obtenir une large palette de sons.
– FREQUENCY : fixe la fréquence de l’oscillateur.
– LPF : règle la fréquence du Low Pass Filter affectant le signal modulé.
– MIX : contrôle la balance entre le signal clean (dry) et le signal modulé (wet).
– VOLUME : règle le volume de la pédale avec une bonne réserve de gain disponible !
– HI/LO : switch permettant d’appliquer un filtre high ou low pass (en fonction de la plage de fréquence que l’ont veut privilégier) sur le Voltage Controlled Oscillator (VCO).
– WAVE : switch pour 2 types d’ondes : carrée et sinusoïdale.
Place à la palette sonore. Comme vous allez le constater sur la vidéo suivante, le Randy’s Revenge permet énormément de possibilités :
Aussi inspirant que musical
La large palette sonore du Randy’s Revenge est assez accessible malgré le nombre apparent de possibilités : les contrôles se prennent rapidement en main et on a vite fait d’arriver au rendu désiré. Des effets de doublages style chorus, des sons de droïdes, des sweeps lents et autre genre de vibrato/tremolo très musical, difficile de mettre un nom précis sur ce qu’on entend. Tout ce qu’on sait/ressent, c’est que c’est inspirant, expérimental et que ça sonne bien !
L’élément clé est à mon sens le switch WAVE qui permet de changer radicalement le son en fonction de la forme carrée (assez bright) ou sinusoïde (plus douce) choisie. Les deux modes sont d’égale importance : pas de soucis à avoir, tout est bon dans ce Randy’s Revenge ! Le bouton Freq permet d’accorder l’effet de l’oscillateur pour matcher à la tonalité de la chanson jouée : il y a pas ailleurs moyen de jouer sur l’effet « detune » pour arriver à des rendus assez expérimentaux. Très utile pour en overdubs.
L’autre point important, c’est l’interactivité des différents potentiomètres entre eux (particulièrement le LPF). Il s’agit de prendre son temps pour comprendre les subtilités des dosages et tester les multiples combinaisons possibles pour profiter pleinement de la petite boite québécoise.
J’apprécie par-dessus tout son utilisation en combinaison avec mes pédales « synthé » (suboctave synthesizer, pulsemonger, mothership) qui a pour effet de moduler très musicalement le rendu final. Ce n’est pas par hasard si Pigtronix a intégré un ring mod dans sa mothership en plus de la section synthé : le couple a fait ses preuves ! Le Randy’s Revenge permet également des effets plus classique vibrato/tremolo qui peuvent être déclinés avec beaucoup de nuances et (toujours) de musicalité.
Il est possible de sortir des sons très originaux typés film de sciences fiction série B : toujours fun bien que moyennement exploitable 😉
The Community of the Ring(mod)
Au moment d’envisager les ring modulator, je me suis tourné directement vers la référence que constitue le Moogfooger MF 102. Utilisée par des groupes comme Sonic Youth, Linkin Park, Beck, Lenny Kravitz ou encore The Cure, l’énorme pédale m’a laissé une très bonne impression lors de mon test chez Moog Audio au Canada. Cependant, les dimensions de la pédale m’avaient quelque peu refroidi dans l’optique d’une insertion sur mon floor déjà bien fourni. Lorsque je suis tombé sur le Randy’s Revenge, j’ai retrouvé la même musicalité et (surtout) le même enthousiasme à l’essai, mais dans un format nettement plus pratique.
Je n’ai pas pu comparer l’une et l’autre en même temps et ne saurais donc pas vous dresser un comparatif précis; sachez néanmoins que les possibilités sont grosso modo identiques : la Fairfield Circuitry et la Moogfooger proposent le même genre d’option et de possibilités. Le rendu est excellent dans les deux cas.
L’une n’étant pas la copie de l’autre (et vice versa), les quelques nuances dans la manière de moduler le signal sont tout simplement les empreintes sonores propres à chacun des deux fabricants. C’est aussi bon tout en étant un peu différent. Le Moog est un peu moins cher, mais la Fairfield est nettement plus pratique : après, c’est subjectif. L’oreille reste le seul Maître.
En revanche, ce n’est pas vraiment comparable à la Frequency Analyzer d’EHX, on est dans un autre monde de qualité et de possibilités (et une autre gamme de prix aussi). Je trouve l’EHX plus fun que musicale… mais pas trop mal pour un ‘petit ring mod’. J’ai trouvé par ailleurs le RR bien plus convaincant que le COPILOTFX The Android (sans personnalité comparativement).
Conclusion
Guillaume Fairfield signe un nouveau chef-d’oeuvre avec ce ring modulator Randy’s Revenge, aussi musical qu’inspirant. Beaucoup de possibilités et d’expérimentation : on en a pour son argent !
A ce propos, en s’alignant sur le prix du Moogfooger, il pourrait bien devenir la nouvelle référence en matière de ring mod ! Ceci dit, je préfère payer un peu plus et sponsoriser le Research and Development de Fairfield pour avoir une troisième pédale aussi intéressante que ce Randy’s Revenge et que l’overdrive Barbershop.