Si j’aborde de loin le sujet dans mes explications de branchements et autres dossiers, je m’aperçois que je n’ai encore jamais parlé de mes racks audio en tant que tels. Après un changement de scope à l’été 2014, un petit point de la situation s’imposait.
Rappel
Au commencement, j’utilisais une petite table TC Electronic Desktop 6 pour faire mes acquisitions audio (voix, guitares, basses). Je mis alors en place un système me permettant de jouer à fond (au casque) avec mon ampli à lampes en appartement à l’aide d’un réducteur de puissance THD et d’une simulation de speaker de chez Palmer. Le système évolue fin 2011 où je découvre le Sequis Motherload, une solution 2 en 1 permettant de faire réduction de volume et simulation de speaker que j’incorpore dans le Wall of Sound v3 (passage à 4 amplis).
À cette époque, je travaille chez M2M Pro et je m’initie à l’univers de l’enregistrement pro audio. Je conçois alors à un investissement « massif » pour cet aspect de ma chaine audio (l’acquisition) et passe officiellement de Home Studio à Project Studio (le cran au-dessus, quoi 😉 ).
J’opte pour un channel strip complet (preamp, EQ et compresseur) de chez TFPro, le P110 ; ainsi que pour l’excellent Universal Audio LA-610 MKII (preamp et compresseur). En marge, je m’équipe aussi d’un compresseur stéréo à lampe, le SPL Kultube, chargé de réchauffer les mix finaux en configuration studio, et de booster le clavier en situation live avec le groupe. Une solution de gestion de sorties audio est ajoutée pour plus de confort d’utilisation; le Presonus Central Station.
Pour compléter le rack « live », j’y greffe également la carte son du groupe (MOTU 8pre), munie de 8 pistes, permettant de faire les enregistrements live de nos répètes en plus de capter la batterie en condition enregistrement.
Visuellement, ça avait déjà un peu de la gueule :
Après 1 an d’utilisation, conjuguée à la fin du groupe et à mon expérience grandissante du mixage, j’ai revu mes objectifs pour en arriver à une deuxième version des racks plus adaptée à mes nouveaux projets.
À l’agrandissement du setup d’amplis, ma vaillante petite TC Konnekt Desktop 6 s’est retrouvée trop limitée que pour accueillir les différents chaînages (la MOTU n’étant pas à moi) : j’opte alors pour une nouvelle carte son, la Fireface UC de RME, plus en adéquation avec mes besoins (tout en montant en qualité).
Mission Préamplification
Nous voici donc fin 2013.
La carte son Motu est repartie chez son propriétaire tandis que le Kultube (plus assez utilisé) et le P110 (trop de réglages à mon gout) m’ont quitté.
En découvrant la qualité de certains plugins (comme les Waves Audio), je me rends compte que pas mal d’opérations peuvent être corrigées dans le programme après la prise (EQ, compresseur, effets, …), et que pour un débutant comme moi, c’est même carrément l’idéal de ne pas « abimer » une prise son dès le départ avec des réglages inadéquats dans l’optique du mix final (confirmé par des ingés sons expérimentés !)
À côté de ça, les préamplis intégrés dans la RME sont efficaces, mais n’apportent pas vraiment de couleur à l’enregistrement, contrairement au LA-610 dont l’apport est indéniable.
J’en viens naturellement à la conclusion qu’à l’aube de 2014 (parce qu’il ne faut jamais dire jamais avec la technologie des plugins en constante amélioration), les investissements hardware les plus « utiles » restent les préamplis (et les micros) : ce qu’on n’obtient pas à la prise, on le retrouve difficilement plus tard à coup de plugins dans le mix. On peut bricoler, mais ça ne sonne jamais aussi bien (pour le moment).
Je décide donc de réinvestir l’argent des ventes 2012 en préamplis. L’expérience pro audio aidant, je me tourne directement vers les modèles qui ont fait le son du rock, à savoir les preamps des consoles API et NEVE (y’en a d’autres, mais on va dire que ce sont les 2 grandes références pour simplifier).
Pour rappel : une chaine audio (dans son ensemble) se doit d’être la plus homogène possible du point de vue qualitatif. Au vu de la tournure qu’a pris mon syndrome d’addiction au matériel ces dernières années, je n’allais pas « donner du caviar aux cochons » et devait rester cohérent dans ma quête du son.
Plutôt que des tranches individuelles, j’opte pour le format 500 series, créé par API, qui permet de métisser plusieurs éléments dans un minimum d’espace. N’ayant pas besoin d’une lunchbox complète (6 modules), j’ai pour ma part choisi un powerstrip 1 unité (3 modules).
Après 1000 lectures et d’inévitables tests (merci le MusikMesse !), j’ai opté pour le (légendaire) 1073LB de chez NEVE et le Shadow Hills Mono Gama. Ce dernier est assez proche du son rendu par le preamp API (512c), avec plusieurs options au niveau du transformateur (nickel, discrete, steel) qui lui confèrent une plus grande polyvalence et tout autant de qualité.
Pour compléter le Powerstrip, j’ai ajouté un module Radial EXTC, qui me permet (en plus du reamping) de faire une sorte de boucle d’effets post préamp dans mes branchements. Je peux ainsi rajouter des effets de mon pedalboard sur des voix, par exemple. C’est intéressant, mais je n’ai pas encore assez expérimenté avec.
Captation & écoutes
J’ai conservé mes micros dynamiques Shure SM57 et SM58 de l’époque live, auquel j’ai greffé un micro (statique, à transistor FET) à large capsule AKG C414 XLS pour l’utilisation studio pure; acheté avec mon guitariste.
Outre une définition à couper le souple et son importante plage dynamique, le C414 intègre 9 patterns de directivité de captation (omnidirectionnelle, cardioïde, en 8 et autres intermédiaires), ainsi qu’un filtre coupe-bas et un atténuateur commutable (notamment). Cela en fait un micro très polyvalent, d’une grande qualité.
Bien que les micros aient servi dans l’enregistrement de la dernière démo de City Echoes au local, c’est la captation à « volume d’appartement » qui m’intéressait au quotidien ; n’ayant pas le loisir de faire hurler mes amplis quand bon me semble.
Après avoir délibérément attendu que la technologie sortie en 2008 fasse ses erreurs de jeunesse (bien qu’il n’y en ait pas eu tant que ça finalement), j’ai acquis un Torpedo Live de la société française Two Notes.
Il s’agit donc de la dernière pièce de mon rack : une loadbox numérique (pouvant encaisser des amplis jusqu’à 100 watts) proposant 8 simulations d’amplis (plusieurs types de lampes de puissance et mode de fonctionnement sont disponibles : 6L6/6V6/EL34/EL84, Single-ended/Push-Pull, pentode/triode, …) , d’enceintes (jusqu’à 32 différentes chargées ensemble dans la machine) et de micros (8 modèles différents dynamiques, à ruban ou à condensateur, parmi les plus réputés pour la prise de guitares). Le tout, avec une une EQ complète (désactivable au besoin) et une connexion USB qui permet de l’utiliser avec le logiciel WoS de la marque (tiens tiens… les grands esprits se rencontrent 😀 ).
Ce logiciel permet un contrôle total des presets, allant même jusqu’à émuler la prise de son dans une pièce, avec tout ce que ça sous-entend comme placement de micros et autres artifices. Cela s’avère extrêmement pratique pour affiner ses réglages et coller au mieux au rendu de vos enceintes : faites une prise son (standard, avec micro et cab) correcte et puis comparez avec le rendu du Torpedo Live à l’enregistrement. Il est fort à parier que vous arriverez à un rendu quasi similaire (sinon plus adapté à votre mix général !).
Je conserve néanmoins les vieux systèmes (THD+Palmer et Sequis Motherload), me permettant ainsi de jouer à plusieurs, au casque. La dernière tranche rescapée, le Central Station, servant de hub pour les casques et autre système de monitoring.
Pour ma part, je mixe désormais sur des enceintes ADAM A7X. Après écoutes en magasin, il semblait le plus équilibré des baffles testés dans cette gamme de prix. Les Yamaha envoyaient par exemple beaucoup plus de basses. L’idée ici était d’être le plus neutre possible pour mixer le plus proprement possible.
Si les ADAM s’expriment pleinement à volume conséquent, le rendu à bas volume est aussi très bon ! J’apprécie particulièrement ses aigus tout doux et la balance générale.
Conclusion
Les expérimentations vont bon train : diminuer le signal d’entrée du Torpédo et jouer sur les saturations des préamps, tester des couples amplis/preamp différents, trouver le meilleur micro pour le rendu attendu … Des trucs d’ingé son quoi ! À mon petit niveau 😉
J’aimerais compléter l’arsenal avec un micro à ruban dans le futur ; mais à priori, je suis paré de ce côté-là pour un bout de temps ! Vite fait, bien fait 🙂