Le 6100 30th anniversary a longtemps été la tête d’ampli à lampe la plus complète construite par Marshall. Si la récente série JVM propose d’avantage de possibilités et détrône le 6100 sur le terrain des effets embarqués, le grain des JVM est plus moderne et en fait un ampli relativement différent, laissant au modèle commémoratif les honneurs qui lui sont dus. Ce Marshall de 1992 a été (et sera toujours) mon premier ampli à lampes.
Depuis le choc que cela a été de découvrir l’ampleur de ces sonorités dynamiques et chaleureuses, j’ai eu l’occasion de familiariser mon oreille et ma culture musicale aux diverses sonorités rock et suis désormais en mesure de vous proposer une review de la tête.
Le 30th anniversary se présente sous la taille standard des têtes Marshall à la différence que son tolex noir est remplacé par du bleu. Sur la face avant : une entrée jack avec compensateur de signal (LOW – initialement destiné aux humbuckers – et HIGH – pour des singles coils -), deux interrupteurs ON/OFF + standby ainsi une section « Master Volume » composée du master général, d’un potard de présence et du volume de la boucle d’effet se retrouvent à côté des différents contrôles des 3 canaux clean, crunch et lead que je vais détailler par après.
A l’arrière, on retrouve en vrac : sélecteur d’impédance (4, 8, 16 au choix !), double sortie speakers, switch de réduction de puissance (je vais y revenir), embrase MIDI, boucle d’effet IN/OUT, sortie OUT avec émulation de speaker et compensateur éventuel de signal (pas aussi bien qu’avec un micro et un vrai cab cependant…), prise pour le footswitch, alim et une fonction de damping permettant d’agir sur la manière dont l’ampli agit sur le speaker. Au sujet de cette dernière fonction, 3 positions sont disponibles :
– High : plus précis et défini, idéal pour les cleans
– Low : plus lourd, idéal pour crunch et disto
– Auto : switch entre les deux en fonction du canal utilisé ! (pour une utilisation normale)
Le concept du 6100 réside en 3 canaux qui drivent séparément l’étage de puissance pour rendre au maximum la chaleur naturelle de la saturation des lampes. L’étage de puissance est constitué de 4 lampes EL34 (sur ma version car il en existe en 6L6) que l’on peut choisir de faire fonctionner selon deux modes high (4 lampes) ou low (2 lampes) pour diviser la puissance initiale de 100 watts en deux. Cette puissance peut être encore utilisée soit en mode pentode (son normal), soit en triode (son plus doux). A puissance égale de 50 watts, les combinaisons HIGH+Triode et LOW+Pentode ne sonneront donc pas pareil ! (Notez que LOW+Triode vous propose d’utiliser l’ampli en 25w)
Le préampli est quant à lui constitué de 7 ECC83 (12AX7) qui ont été remplacées par des Electro Harmonix standards par l’ancien propriétaire.
Le canal CLEAN :
Certainement le son clair Marshall le plus versatile que j’ai pu essayer, on passe de sonorités moelleuses dans les médiums à des sons clairs claquants presque Fenderien. Quand on sait que le JTM 45 dont il s’inspire est une copie du modèle Bassman de la marque américaine, cela peut se comprendre. Pour accentuer ce côté brillant, les concepteurs ont intégré également un boost « bright » agissant sur le mordant du son. Un deuxième boost de médium « Mid Shift » vous permet quant à lui de changer radicalement le caractère tonal du canal pour rentrer dans des sonorités plus classiques aux cleans Marshall (mais en restant toujours plus définis). Une égalisation trois bandes et un Volume dédié au canal vous permettent d’affiner les réglages selon vos besoins.
Ce son clair se trouve être très accueillant pour ma série de pédales : le rendu est très propre et laisse bien exprimer les particularités de chaque petite boîte.
Une grande réussite ce canal clean « JTM 45 » !
Le canal CRUNCH :
Domaine de prédilection des Marshall, les meilleurs crunchs de la marque anglaise ont été compilé dans ce canal aux multiples facettes. Ce canal crunch fonctionne selon 3 modes spécifiques :
– Mode A : crunch « low gain » reprenant la saturation naturelle façon JTM 45
– Mode B : le son Plexi par excellence, dans l’esprit du Super Lead de 1959
– Mode C : crunch ‘high gain » d’un JCM 900
Trois périodes distinctes et toujours cette domination du son Marshall sur la planète Crunch Rock ! Le gain et l’égalisation 3 bandes (+ volume indépendant, comme sur chaque canal) permettent de passer de sonorités grasses et crémeuse bluesy à des riffs dévastateurs de métal en passant par des rythmiques hard rock : vous l’aurez compris, on peut tout faire avec cet ampli ! C’est le Mode B qui me plait le plus avec une définition superbe et une dynamique incroyable… sans compter ce grain tout a fait craquant ! Miam.
Le canal LEAD :
Ce canal s’apparente à un JCM900 boosté avec quelques fonctions intéressantes et une grosse réserve de gain. Attention cependant, une fois que celui est fixé au delà de 2h (setting horaire), il est de bon ton d’utiliser l’égalisation et les options de contours pour redéfinir un peu le son qui a tendance à devenir brouillon (ce qui reste justifié vu la quantité de gain disponible mine de rien…). Le bouton contour a pour effet de transformer le potards des médiums en un contrôle de contour permettant de booster uniquement une certaine plage des mediums selon vos goûts.
Ce channel envoie vraiment… parfois un peu trop, au point qu’on finit par lui préférer une fonction de « boost » pour le génial canal crunch. Proposant une disto typée Marshall moderne, le canal lead bien que de fort bonne facture est un peu en retrait par rapport aux deux excellents autres.
Voici une démo :
Et un petit comparatif avec le mythique JCM 800 :
Comparaison avec le JVM (le son est pas très bon et il me semble que le mec a un peu merdé sur les EQ des deux amplis, y a moyen de faire sonner le 6100 de la sorte; même si dans le cas présent, je le préfère au JVM) :
Conclusion
Le nombre de possibilités qu’offre la 6100 30th anniversary vous demandera un peu de temps avant d’être domptés. Une lecture du manuel n’est pas superflue pour gagner du temps. Ultra polyvalent, cet ampli « best of » de Marshall est tout bonnement une tuerie ! Enfin un bon clean sur un Marshall avec en prime une légion de crunchs dynamiques et chaleureux (et une mention spéciale pour le mode b « plexi » !). Le canal lead vous envoie encore plus loin avec beaucoup de pêche et une grosse réserve de gain.
Deux regrets cependant :
– le poids de la bête hyper conséquent ne la rend pas très transportable,
– les crunchs sont tellement biens que j’aurais qualifié « d’ultime » le fait de pouvoir switcher entre les modes à partir du footswitch.
Outre ces deux détails, cet ampli est une franche réussite. De loin le Marshall le plus intéressant que j’ai pu tester (pas que les JVM ne sont pas biens, c’est différent en terme de sonorité et un peu trop compliqué pour moi).